[INTERVIEW] Profeys, Sofar Sounds, et l’importance de la musique

 

Sofar


Rassemblement de personnes inconnues dans un endroit atypique.
Une soirée, trois concerts. Des artistes connus, ou complètement inconnus. Des découvertes, des rencontres, des coups de cœur. Du bon temps passé avec des gens qu’on ne reverra plus. Ces gens qui sont venus ici seulement pour écouter de la musique.
Raviver la flamme du live, se couper du monde durant quelques heures. C’est ce que Rafe a décidé de faire à Londres en 2009, en créant Sofar Sounds.
En 2018, Sofar Sounds est une communauté de milliers d’artistes, hôtes, fans, voyageurs et plus encore, organisant des centaines d’événements secrets et intimes par mois, dans 425 villes du monde.

Une date, un lieu. Vous êtes convié. Entrez.

Mercredi dernier, j’ai reçu un mail de Sofar Sounds Paris, pour m’inviter à écouter trois artistes le lendemain soir. RDV à 19h30 précises au Loft du Pianiste, Paris 11. inconcevable pour moi de décliner l’invitation. Ni une ni deux, je me rends au lieu de rendez-vous.

En bas de l’immeuble, l’affiche avec la programmation de ce soir. Profeys, Elephant Tone et CHANJE. Trois noms inconnus. 
Au dernier étage sans ascenseur, la porte s’ouvre sur un loft magnifique, déjà rempli de monde. On croise par-ci par-là Alex, qui s’occupe de Sofar Paris. Il annonce que la soirée sera rythmée par du hip-hop et de l’électro-pop. YES.

C’est le début de la soirée et je suis assise en tailleur, prête à écouter attentivement chaque artiste. Tout est différent musicalement parlant. On passe du rap/hip-hop à de l’électro-pop comme prévu, pour revenir ensuite à du rap.
C’est super.

J’ai beaucoup aimé les différents textes du premier artiste de la soirée : Profeys.
Prof, rappeur et compositeur originaire de Seine et Marne. Alors, j’ai décidé de l’interviewer en toute simplicité. Un style cool, une bonne bouille, un flow fluide et prodigieux, Profeys est sans conteste une des figures de la relève à suivre de près.

On parle de lui, de sa carrière, des mots, des réseaux sociaux et de Sofar.

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MUSICALEOMENTVOTRE : Bonjour Profeys. Peux tu nous parler de toi, de ton nom d’artiste et de tes débuts dans le rap game ?
PROFEYS : Bonjour, Profeys.
Je suis prof, rappeur, chanteur et compositeur originaire de Seine et Marne, dans le 77. Je rap depuis 20 ans. J’ai choisis ce nom parce qu’au début je rappais sous le nom de Profecy mais c’était déjà pris, et plus à mon goût. Un jour, le surnom à été écorché et ça a donné Profeys.
J’ai commencé mes premiers raps sur l’instru de Coolio « Gangster Paradise », hahaha, je voulais épater les potes. Raconter des histoires en rimant je trouvais ça amusant et comme je ne savais pas chanter, prendre la parole en rythme ça me plaisait bien.

M : Quels sont les temps forts, tes moments clés concernant ton parcours dans la musique ?
P : J’ai découvert le rap pendant mes années collège/lycée et c’est à ce moment là que j’ai  fais mes premiers essais en MJC. Sur cette même période sont nés ma première maquette et mes premiers groupes.
En 2009, j’ai sortis mon premier EP, « So Crumbelicious » et plus tard en 2012, j’ai créé mon premier groupe, ELEMENTS pour une expérience scénique locale. On a même pu faire la première partie de Gaël Faye ! Entre 2016 et 2017, j’ai sorti deux EP solo, « Ville Délavée » et « Strawberry Hills« , ainsi qu’un album intitulé « Moleskine« .

 

M : Dans ta musique, on remarque différentes influences. Peux-tu nous les citer, et nous parler de tes inspirations ?
P : J’ai vite été inspiré par le Rap US notamment Busta Rhymes, Wu Tang, A Tribe Called Quest, Nas, 2pac… les clips étaient ouf ! Du coup cet univers romancé, authentique et innovant à clairement alimenté ma passion.
J’ai beaucoup écouté de Zouk-Kompas, (Ralph Tamar, La perfecta, Patrick Saint Elois…), de Dancehall-Reggae (Sizzla, Buju Banton, Capelton…), ainsi que tous les grands de la musique française (Brassens, Balavoine…). Cependant, c’est vrai que mes influences sont beaucoup portées sur le Hip Hop US, le RnB et la Soul. 

M : À travers tes textes et toute la musicalité, quels sont les messages que tu veux faire passer à qui t’écoutera ?
P : Le message que j’essaye de faire passer est surtout basé sur le fait qu’on doit vivre les choses à fond, d’amour, de nostalgie. Ma musique est très personnelle, donc j’essaye déjà de comprendre les situations dans lesquelles je vis pour en tirer des leçons, et les partager avec ceux qui m’écoutent. J’essaye de donner un message positif et universel.

M : Quelle place occupe la musique dans ta vie ?
P : La musique est importante pour moi… c’est difficile à expliquer. C’est un moyen d’exister pour soi et auprès des autres, une manière de se connaitre. À mon sens, elle est nécessaire pour avancer dans la vie.

M : En musique, que vois-tu comme point commun entre les Maux et les Mots ?
P : Les maux et les mots, ont quelque-chose en commun clairement.
Les mots soignent les maux et ils aident à les comprendre, voir les surmonter. Personnellement, ça fonctionne en chanson pour moi.

M : Dans tes textes, tu parles de nombreux sujets d’actualité. Jeudi soir, tu as interprété « File à l’Anglaise« , titre qui parle des réseaux sociaux. Selon toi, en quoi ont-ils un impact sur les artistes et sur l’industrie musicale ?
P : Les réseaux sociaux sont un grand tournant dans le monde de la musique.
La proximité avec le public et les artistes, la liberté de communiquer à tout moment n’importe où… ils apportent aussi beaucoup de possibilités pour les petits artistes, comme se constituer une base fan pour s’exprimer tout en respectant une direction artistique.
Pour ma part étant indépendant, je gère mes réseaux comme je le souhaite. Les gens me suivent en direct, il n’y a pas d’intermédiaires et ça donne l’impression d’être une grande famille. Même entre artistes, ça facilite les échanges et les connexions. C’est le côté positif des choses.
Ce qui est un peu plus regrettable, c’est que ce phénomène accentue l’hyper-consommation, ce qui laisse peu de temps pour écouter, regarder réellement l’artiste. C’est parfois même trop virtuel et de moins en moins humain quand il s’agit de se rencontrer en vrai. Mais grâce à différents concepts, comme Sofar par exemple, on revient à l’essentiel.

 

 

M : Pour conclure cette interview, j’aimerais savoir ce que tu as pensé de l’aventure Sofar Sounds et en quoi ce concept permet d’Écouter avec un grand E les artistes qui s’y produisent.
P : L’aventure Sofar à débuté via les réseaux sociaux pour moi. Ils m’ont contacté via Instagram pour me proposer un live, et j’ai tout simplement accepté.
Sofar Sounds est une expérience perturbante en tant que rappeur. Je n’ai pas l’habitude d’avoir ce type de conditions : un public qui ne te connais pas et qui est rivé sur tes paroles… écoute attentivement ton univers en tailleur hahah ! Cette discipline de l’auditeur est incroyable…
Ce concept est tellement respectueux et qualitatif pour les artistes. Les lieux sont intimistes, chaleureux… je pense que le monde de la musique a besoin de ça. L’échange, l’écoute, prendre le temps de ressentir, c’est la clef ! C’est une excellente pratique de rassembler les gens autour de la musique dans ce genre de condition. 

MUSICALEMENT VOTRE. LÉOLA

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