[INTERVIEW] Rencontre avec Awir Leon, artiste accompli, à l’aube de la sortie de « Love You, Drink Water », troisième album en solo

Certains artistes nous marquent des années en arrière, et reviennent d'un jour à l'autre sur le devant de la scène. C'est à ce moment là qu'on se rend compte que ces Artistes avec un grand A, continuent d'évoluer, en empruntant une direction encore plus jolie que précédemment.
Awir Leon en est l'exemple parfait.
Découvert sur une scène dite lambda dans le 95 il y a maintenant plus de cinq ans, se fut une joie immense de voir qu'un nouvel album était prévu pour cette année. Après avoir sorti les clips de Coming Home et de Stars, puis il y a 24 heures celui de A Million Other Days, il était grand temps pour Musicaléomentvotre d'aller à sa rencontrer. Si au premier abord cette interview peut paraitre classique, je me suis rendu compte qu'elle ressemblait surtout à une conversation à cœur ouvert, comme on en a peu faite.
Alors que la sortie de son troisième album, Love You, Drink Water approche à grands pas, rencontre avec un des artistes qui ne quittera pas de si tôt nos écouteurs.

C’est l’heure de l’interview.

MUSICALÉOMENTVOTRE : Salut François, comment est-ce que tu vas ?
AWIR LEON : Ça va très bien ! Je suis content que l’album sorte enfin, content d’avoir les concerts qui vont avec la sortie. Ça fait du bien de tout enclencher.

: C’est un très bel album, c’est super comme retour !
A.L : Merci !

: Pour continuer dans les questions un peu « basiques », est-ce que tu peux te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?
A.L : Bien sûr. Je m’appelle Awir Leon, je suis musicien, beatmaker, producteur, performeur et danseur. Je suis français mais installé à Amsterdam et je sors mon troisième album le 24 mars.

: J’aimerais qu’on fasse un petit retour sur d’où tu viens. Pourquoi Awir Leon ?
A.L : Léon c’est mon deuxième prénom, celui de mon grand-père, et que j’ai pris à l’origine quand j’ai lancé mon projet en solo. À la base j’étais dans un groupe, Unno, que tu connais ! Après avoir lancé mon projet solo sous le nom de Léon, j’ai eu un pote gallois plusieurs années plus tard qui, quand il parlait avec ses parents au téléphone, m’a fait aimer le langage welsh, je trouvais ça fascinant. Je lui ai donc demandé des mots en welsh, dont Awir qui veut dire « ciel et air ». Je ne l’ai pas vraiment pris pour la signification, mais surtout parce que j’adorais le mot.

: C’est beau ! Tu disais au début que tu étais à la fois musicien et danseur, art par lequel je t’ai découvert il y a quelques années maintenant…
A.L : Ah ouais ? Avec quoi ?

: C’était lors d’un spectacle à Saint Gratien (95) où tu faisais la musique d’un spectacle de danse, en live.
A.L : C’était Sunny ! Trop bien !

: C’était génial ! Et j’en profite pour en apprendre plus sur toi, et sur le lien que tu as avec l’art de manière générale ?
A.L : C’est beaucoup lié à ma mère qui a créé une école de danse dans le Nord, quartier où j’ai grandis. Elle n’a jamais été danseuse mais a toujours été passionnée et a voulu enseigner la danse et la rendre accessible dans le quartier. Il y avait des cours de qualité et ça a vite grossi ! À partir d’un moment, la municipalité l’a aidé et une école de musique a été créée au-dessus de l’école de danse. Donc avec mes frères et sœurs on a grandi là-dedans : ma mère donnait des cours jusqu’à 23h00, on squattait ! On avait de la chance car on avait accès à tous les instruments, et c’était le quotidien… au lieu de squatter dans le quartier *rires*.
C’est mon lien de base. J’ai une famille polonaise et on est tous un peu comme ça. J’ai l’impression qu’il y a un gros lien avec l’art. En tout cas, lors de nos fêtes de famille il n’y avait jamais de CDs, c’était toujours mon grand-père, ses cousins, qui sortaient des instruments et jouaient en live pendant douze heures d’affilée.

: Gros concert !
A.L : Carrément ! La musique était tout le temps présente. À la base j’étais surtout passionné de musique, je ne dansais pas quand j’étais enfant même si j’étais exposé à la danse. Je n’ai pas assumé avant mes 16 ans de danser au milieu du quartier, c’est toujours compliqué pour les gars… Mais ça s’est débloqué.

: C’était un peu la suite logique d’en faire toute ta vie, finalement.
A.L : Carrément ! Et c’est marrant car on est tous passés par là avec mes frères et sœurs, mais je suis un peu le seul à être resté dans ce milieu-là.

: Tu parlais de Unno, qui était un trio. Je vous ai vu en concert, je ne me rappelle plus où ni quand c’était, mais j’ai été marquée par une reprise de Sunny, que j’écoute encore beaucoup aujourd’hui… est-ce que tu peux nous parler de cette époque ?
A.L : Ce trio a commencé par un duo avec Joachim. À cette époque je faisais que des instrus pour des rappeurs, avec quelques chansons timidement, et Joachim était plutôt beatmaker ; j’ai commencé à rapper sur ses instrus qui étaient et sont toujours mortelles. Au fur et à mesure, on a appris à se connaître et on s’est rendu compte qu’on avait tous les deux beaucoup d’influences au-delà du rap et ça s’est vite étendu à d’autres genres : de l’électro, de la soul, de la bossa nova… tout ce qu’on avait en commun. Deux ans après on a rencontré Abraham, qui est aussi un beatmaker, chanteur, compositeur. Il nous a rejoint et ça a encore plus augmenté le nombre d’influences et nos envies. C’était un joyeux bordel *rires*.

: Et pour parler des influences justement, quelles sont les tiennes ?
A.L :  Il y en a beaucoup… ! Il y a un album que je cite tout le temps car il est dans ma vie depuis très longtemps : Mama’s Gun d’Erykah Badu. Ou encore Voodoo de d’Angelo… c’est un peu les albums qui tiennent. Après, en étant ado j’ai beaucoup été influencé par Mos Def, encore Erykah Badu, J Dilla. Et de là je suis parti vers des beatmakers comme Flying Lotus qui ne faisaient pas que des sons pour des rappeurs mais qui sont devenus des entités en elles-mêmes, ce qui m’a ouvert vers des choses plus électroniques comme James Blake ! Ces dernières années, les grosses influencent que je peux citer vont de Franck Ocean à Radiohead, en passant par Jimmy Hendrix différemment…

: Tout un package !
A.L : Ouais ! Et là, je ne vais pas te mentir, ça doit faire deux ans qu’à la maison je n’écoute que de l’afro-beat *rires*.

: Ce qui permet une ouverture vers quelque-chose de nouveau…
A.L : C’est sûr que ça va commencer à déteindre sur moi *rires*. Et puis, je ne vois pas vraiment l’intérêt de se limiter dans quoi que ce soit. Même jeune, je ne me suis jamais revendiqué d’un genre, même quand je n’écoutais que du rap. Ça reste ma base culturellement mais ce que je fais aujourd’hui est loin de ça. Ça l’est dans l’esprit mais pas forcément dans la forme.

: Disons que quand tu as la possibilité de tout faire, autant en profiter et se lâcher.
A.L : C’est clair.

: Pour revenir encore plus dans le passé, tu composais à l’époque de la musique pour des compagnies de danse, dont Emmanuel Gat. Comment tu arrivais à lier ta musique, avec Unno et en solo, et en même temps continuer d’accompagner la compagnie ?
A.L : Là je compose toujours pour des pièces de danse, notamment avec Amala Dianor, et ça prend du temps mais j’adore ! Il y a une certaine liberté, des choses que tu peux faire dans une bande son que tu ne peux pas forcément faire dans la musique pop, notamment avec des textures. Il y a vraiment ce plaisir-là de répondre à ce que je vois et à la demande du chorégraphe, de donner ma lecture de la pièce en plus de ce qui a été écrit. Pour moi, c’est vraiment différent et c’est un peu l’endroit où j’expérimente le plus. Les projets se nourrissent, mais c’est vrai que ça prend du temps.

: J’imagine bien. Enfin, parlons maintenant de ce troisième album, qui sort donc le 24 mars. J’ai ouïe dire que tu avais écrit et composé certains titres lors d’une certaine tournée, pendant laquelle tu étais en première partie des concerts de Woodkid. Je voulais savoir comment s’était passé cette tournée, et surtout ce que tu as ressentis lorsque tu jouais tes titres devant un public qui te connaissait… ou pas du tout.
A.L : Oh là ! La tournée de Woodkid était absolument mortelle ! On est entrés en contact en 2017 après mon premier album Giants. Il est tombé sur l’album, il m’a contacté et on a fait du son ensemble plusieurs fois. Et puis à un moment il m’a proposé cette tournée, qui a été décalée avec le Covid mais qui a fini par se faire. Pour moi, c’était une tournée en étant dans son groupe mais aussi en tant que première partie, j’ai surkiffé. Jouer dans le groupe c’était génial, et pouvoir montrer ma musique avant, dans des salles énormes auxquelles je n’ai pas encore accès, c’était fantastique. Beaucoup de gens ont découvert le projet grâce à cette tournée, j’ai rencontré beaucoup de monde et ai pu expérimenter le fait de jouer dans des grandes salles. Ça te fait regarder la musique différemment, avoir une nouvelle approche de la composition ; c’était vraiment constructif.

: Vous aviez fait combien de temps de tournée ensemble ?
A.L : En tout on a fait deux ans. On avait compté, ça tournait autour de 80 dates ! Et puis… tu jouais dans l’acropole d’Athènes *rires*, c’était une salle et un public mortel, qui était vraiment là pour la musique.
Pour répondre à ta question sur les tracks de l’album, en fait il y a eu trois paquets de morceaux dans l’album. Un premier qui a été écrit comme les deux albums précédents, c’est-à-dire moi, seul à la maison, avant de passer en post-production avec mon équipe et mes potes de base. Ma clique quoi ; mais ces morceaux partent vraiment de moi. Il y a eu une seconde phase qui est venue de la tournée de Woodkid, j’ai écris des morceaux pour le live… et le fait que la tournée ait été décalée finalement c’était bien car une fois arrivée, je n’avais plus du tout envie de jouer les sons de l’album précédent, Man Zoo. J’avais envie de nouveau et je continuais d’adapter au fur et à mesure des lives. Du coup, les morceaux qui sont dans l’album sont les morceaux approuvés par le live *rires*. C’est génial car à l’époque, c’est comme ça qu’ils faisaient : d’abord tu jouais les morceaux sur scène, et seulement après, tu les sortais (et ce processus-là a vachement de sens…).
Il y a eu une dernière phase de morceaux qui viennent d’une semaine de studio où j’étais avec la même équipe. On s’est tous calés avec un instrument, comme un groupe traditionnel. On écrivait le morceau et on l’enregistrait en une prise ; c’était une semaine tellement productive qu’il y a la moitié de l’album qui a été écrite pendant cette semaine.

: C’est ouf. Il y a aussi un morceau dans cet album que tu as sorti il y a quelques temps…
A.L : Anthem Grey !

: Exactement ! Pourquoi avoir choisi de mettre ce titre là et pas un autre ?
A.L : Il fait partie de cette génération de morceaux là pour moi. La raison pour laquelle il y a eu tellement de distance entre la sortie de ce titre et le reste, ce n’était pas vraiment artistique, c’était plutôt chiant *rires*. En tout cas, artistiquement pour moi, il appartenait à cet album-là.

: Donc il est dedans ! J’aimerais bien aussi qu’on revienne sur le titre de ton album, Love You, Drink Water, qui peut paraitre anodin… mais pas tant que ça.
A.L : L’histoire est trop mignonne. J’ai fait un post d’ailleurs sur Instagram où j’explique l’histoire, et tout le monde commente « Oh c’est trop mignon » etc…

: Oh c’est mignon, on va acheter *rires* !
A.L : *rires* L’histoire est très simple en fait. Ma nièce Viola avait trois ans à l’époque, je la gardais et quand ses parents sont venus la chercher elle m’a dit « Love you, drink water ». C’était à un moment de ma vie où je n’étais pas au mieux de ma forme ; ça m’a touché par rapport à tout ce qu’il se passait dans ma tête. C’était une sorte d’éclair de simplicité et de clarté auquel je me suis beaucoup accroché après. Il me semble que j’avais terminé d’écrire l’album quand elle m’a dit ça, et c’est devenu une espèce de mantra que je voulais répéter au gars que j’étais pendant que j’écrivais l’album : prend soin de toi, quoi.

: Et par rapport à l’album, tu as déjà sorti deux singles et deux clips : Coming Home et Stars. On ressent tout le temps la notion de mouvement, que ce soit dans la voiture ou en dansant, ce qui fait d’ailleurs ta « marque de fabrique ». Comment tu analyses cette notion ?
A.L : Je pense que même inconsciemment je fais tout le temps des morceaux pour danser, même si ce n’est pas toujours une évidence, que ça nous fait danser d’une autre manière. Il y a tout le temps du mouvement dans mes morceaux, aussi par rapport au fait de voyager, même si c’est juste marcher dans la rue ou prendre le train. En tout cas quand je compose, j’ai besoin que ça me transporte quelque-part et j’ai l’impression que ça a cet effet là sur les gens aussi.

M : Oui je confirme, et c’est très beau. De qui tu t’entoures justement, pour réaliser tes clips ?
A.L : Pour Coming Home, c’est Neels Castillon (qui avait aussi fait le clip de Anthem Grey) ; et pour Stars, c’est Ella Hermé. Et il y a encore deux singles avant la sortie de l’album…

M : Oh ! Ça tease !
A.L : Oui, ça arrive bientôt ! C’est A Million Other Days (ndlr : disponible depuis 24h) et Neelam Stone, avec des clips… plus ou moins *rires*.

: Gardons le mystère ! Et alors, comment se sont passées ces collaborations, toujours pour les clips ?
A.L : Avec Neels on a travaillé sur un projet qui s’appelait Mains, en Islande ; c’est à ce moment qu’on est devenu très potes et c’était une évidence. Et pour Ella, je l’ai découverte grâce à mon manager, j’ai beaucoup aimé son travail. C’est intéressant de bosser sur l’image et d’essayer de trouver quelque-chose de différent à chaque fois.

: Pourquoi alors, sortir ces titres là en premier, pour annoncer l’album ?
A.L : *silence*, c’était l’instinct. Pour Coming Home, ce n’était pas forcément prévu comme ça, et je trouve qu’en plus c’est plutôt un titre de fin d’album, mais la sensation correspondait bien au moment. Et puis c’est toujours compliqué de savoir quel morceau il vaut mieux sortir en premier, il y a tellement de styles différents dans cet album… dans tous mes albums mêmes. J’ai envie de montrer aux gens qu’il va y avoir beaucoup de styles, sans pour autant les perdre non-plus. Beaucoup de personnes m’ont découvert avec Wolf et le titre qui est sorti juste après était Anthem Grey. Je pense que si tu me découvres avec Wolf et que le truc d’après est Anthem Grey, je me mets à la place des gens et soit tu es d’accord avec un artiste qui fait ce qu’il veut, soit non.
Je trouve que c’est cool de briser les barrières purement marketing. Enfin, ce serait peut-être plus facile de me vendre mais bon *rires.

: Oui mais bon, est-ce que tu ferais vraiment ce que tu aimes ? On ne sait pas, alors autant briser les codes.
A.L : Exactement ! Moi, les artistes qui m’ont fait du bien quand je grandissais et encore maintenant, c’est ceux qui ont toujours été honnêtes en faisant ce qu’ils veulent. Et je crois encore à ça !

: Revenons sur ton public, qui continue de te découvrir. Au tout début de notre discussion, tu parlais des quatre dates qui vont accompagner la sortie de ton album. Comment tu te sens ? Pressé ?
A.L : Ouais ! Là je travaille sur le set et ça va être un super bordel, j’ai trop hâte ! *rires* Le 17 mars à La Boule Noire (Paris), le 18 au Volta (Bruxelles), le 20 à Badehaus (Berlin) et le 21 au Lower Third (Londres).
Ce sont mes premières dates en headline, ça va être très cool ! Je me suis toujours demandé ce que ça faisait de jouer devant des gens qui viennent te voir toi, qui connaissent tes morceaux… jusque maintenant je n’ai fait que des premières parties où le seul but est de convaincre.

: Alors que là…
A.L : C’est complètement différent. Je peux m’amuser à faire ce que je fais d’habitude en live, c’est-à-dire des versions différentes. Et là, je peux le faire tout en sachant que la plupart des gens qui seront là connaissent l’originale, donc pourront capter ce qui a changé entre les deux versions, et rien que ça c’est mortel déjà.

: Et c’est un peu comme une mini tournée !
A.L : Grave ! Et j’espère que ça va bien se développer derrière.

: Alors résumons : la sortie de l’album, les quatre concerts… et après ?
A.L : J’espère tourner, donc que l’album sera écouté. Je suis un gars de la scène, c’est ce que j’aime faire !

: Tu préfères la scène au studio ?
A.L : J’adore les deux, mais ma vraie place, c’est la scène. Je pense honnêtement que je suis meilleur sur scène qu’en studio *rires*. J’ai tendance à beaucoup me prendre la tête, et contrairement au studio, cette sensation disparais en concert. J’adore ça.
Et puis il y a aussi le chorégraphe dont je parlais, Amala Dianor. On va monter une pièce de danse et vidéo ensemble, qui sera au Philarmonie à Paris pendant Days Off. C’est trop bien ! Il va reprendre le set que je créer pour mars, et chorégraphier un solo de danse pour moi là-dessus, en faisant une vidéo en live. Donc je jouerai en même temps que je danse *rires*.

: C’est extrêmement bien comme concept !
A.L : Ouais ! Ça faisait longtemps que je voulais faire ça avec lui donc c’est génial.
On travaille aussi sur sa nouvelle pièce à lui, dont la première est en décembre et j’ai super hâte car il veut que je fasse une bande-son club. Je fais beaucoup de musique club mais que je garde un peu pour moi… alors ce sera vraiment la première. Je pense que pour les prochaines années, j’ai vraiment envie de lâcher tout ce que je sais faire. C’est possible qu’il y ait des projets plus expérimentaux, plus club… des choses vont se passer ! *rires*. Je suis très productif sur plein de choses, mais j’en ai gardé un peu trop pour moi. J’ai voulu clarifier un petit peu le message d’Awir parce qu’on disait que j’étais trop bordélique, et je ne suis pas d’accord avec ça… donc je vais aller dans l’autre-sens ! *rires*

: *rires* c’est génial ! En tout cas j’ai hâte de tout découvrir. L’année va être trop bien !
A.L : Grave, moi aussi j’ai hâte !       

AWIR LEON, troisième album Love You, Drink Water, disponible le 24 mars.
En concert à La Boule Noire le 17 mars.

[INTERVIEW] Des réseaux sociaux à la sortie de son premier EP, rencontre avec Zélie à travers « Zélie c’est quoi ? »

Zélie c'est qui, Zélie c'est quoi ?
Zélie, c'est un petit bout de femme bourrée de talent, déjà connue sur les réseaux sociaux grâce au partage de compositions et de reprises. Zélie, c'est un mélange de pop, de musique urbaine et de variété. Zélie, c'est aussi et surtout un premier EP de neuf titres, Zélie c'est quoi ?, qui sort chez Low Wood le 24 février.
Assises à travers les brouhaha d'un bar aux Buttes Chaumont en début de semaine, Zélie a accepté de répondre à quelques-unes de nos questions. On parle de jeunesse, de collaborations presque faites sur des coups de têtes, ou encore de la fame qui arrive à plein nez.

C’est l’heure de l’interview.

Musicaléomentvotre : Pour commencer, santé !
Zélie : Santé à toi aussi !

M : Comment est-ce que tu vas ?
Z : Je vais très bien, de manière générale. Ça démarre tout juste, et à chaque fois qu’un média s’intéresse à moi je suis très contente.

M : Est-ce que tu peux te présenter à ceux qui ne te connaissent pas encore ?
Z : Je m’appelle Zélie, j’ai 21 ans et je suis autrice, compositrice et interprète. Je fais de la pop francophone depuis deux ans ; c’est un univers qui mélange de la pop « classique » avec des pianos-voix et une petite touche urbaine dans certaines façons de poser.

M : Tu dis que ça fait deux ans que tu fais de la musique, mais qu’est-ce qui avant tout t’a donné envie d’en faire ?
Z : Ça fait deux ans que le projet est plus concret dans ma tête et avec l’équipe avec laquelle je travaille… mais ce qui m’a poussé à faire de la musique c’est, comme beaucoup, cette envie d’être une star quand j’étais petite. Je faisais des spectacles à mes parents, ils m’ont offert un micro Star Academy quand j’avais 7 ans et j’ai écrit une chanson qui s’appelle Noël, pour Noël. J’ai toujours aimé l’art, en ayant fait toute une scolarité de danse étude, en ayant toujours aimé chanter, danser, faire du théâtre…
J’ai commencé à composer quand des amis m’ont offert un ukulélé, pour mes 16 ans. C’est hyper simple, j’ai appris des accords sur YouTube pour apprendre à chanter Yeux Disent de Lomepal, pour ensuite chanter mes compos. En terminale j’ai découvert Garage Band et c’est trop bien car, une fois que tu connais quelques accords, tu peux tout faire.

M : Si on revient un peu sur tes influences, tant pop que urbaines, peux-tu citer des artistes ou œuvres qui t’ont inspiré ?
Z : J’ai d’abord découvert la pop à travers Angèle, assez tôt dans sa carrière, à un moment ou ni moi ni mes potes écoutions de la pop française. Elle est arrivée avec des mots assez simples sur des airs entrainants et puis je suis allée la voir quatre fois en concert en me disant « ça donne envie ».
J’ai ensuite découvert beaucoup de femmes qui font de la pop francophone comme Clara Luciani, Adé, c’est super inspirant ! J’écoute aussi et depuis toujours Disiz, Orelsan et Lomepal pour leurs textes et la manière de poser ; et tu vois, celle qui lie les deux c’est un peu Emma Peters, je suis une grosse fan. Et puis, ma plus grosse influence pour tout ce qui est textes « intimistes », c’est Ben Mazué : il n’y a pas un texte ou je ne me dis pas « mon dieu ». L’avoir vu en concert c’était un peu un deuxième déclic, je crois que je me suis vraiment dit que je voulais faire ça pour moi, et pas que pour faire danser les gens. J’ai envie qu’ils se disent que ma musique est monstrueusement proche de ce que je suis.

M : Et d’ailleurs je trouve que ça se ressent vachement dans ton EP, Zélie c’est quoi ? qui sortira le 24 février. Comment tu te sens ?
Z : *rires* Ouah ! Là je commence un peu à m’impatienter. Je pense que quand tu commences à faire de la musique, tu ne te rends pas forcément compte du temps que ça prend ; tu composes tout le temps des nouvelles chansons, et en même temps celles que tu vas sortir sont super importantes pour toi. En vrai, cet EP c’est la moi d’il y a six mois, donc j’en suis hyper contente et fière, il me représente vraiment très bien. Il est fait de hauts et de bas, de tout ce que j’ai pu ressentir cette année.

M : Tu disais justement que là tu étais vraiment accompagnée par toute une équipe. Certains le savent et d’autres non, mais tu es d’abord passée par une période réseaux sociaux où tu t’es notamment faite remarquer avec une super reprise de Au Revoir mon Amour de Dominique A. Est-ce que tu penses qu’à notre époque les réseaux sociaux sont très importants, notamment en tant que jeune artiste ?
Z : Oui carrément ! C’est propre à chacun, il ne faut pas se forcer, mais ça m’a en tout cas énormément servi. Et même avant TikTok, quand la mode était vraiment Instagram ! C’est ce qui m’a permis de me faire connaître ; une fois par semaine je postais un extrait d’une compo, n’importe qui pouvait tomber dessus et les algorithmes sont intelligents… Après, il ne faut pas oublier de se focus sur sa musique, pourquoi on le fait et ce qu’on veut raconter, mais les réseaux sont étonnants. Il y a des gens qui sont bienveillants, qui comprennent ce que tu dis, qui s’identifient et ça permet vraiment de toucher autre-chose que ton premier cercle.

M : Tant que c’est utilisé à bon escient…
Z : Je pense qu’il faut trouver la bonne manière d’être soi-même, ce qui est compliqué mais pas impossible. Moi je tombe sur un milliard de choses différentes, et je me dis que chacun y trouve sa place.

M : Justement, après la sortie de compos et de reprises sur les réseaux, place à l’EP. Tu sortais tout début décembre un nouveau titre, Zélie c’est quoi ?. Est-ce que tu l’as sortie comme si c’était une carte de visite, avant de déballer la vraie Zélie ?
Z : Carrément même si je ne considère pas encore que l’EP réponde à la question, car il parle beaucoup de questionnements. Mais j’ai sorti ce titre un peu en « avant-première » car il est très différent de ce que je faisais jusque-là ; avec Zélie c’est quoi ?, j’assume le côté avec un peu de débit et les kicks dans les couplets. Ça faisait longtemps que je voulais me séparer un peu de la « pop classique », c’est une manière de dire que la suite ne ressemblera pas forcément à ça, et que je ne vais plus ne parler que d’amour. En ce moment je n’ai pas trop envie d’en parler, car tout va très bien pour moi… je ne souffre pas et n’ai plus rien à dire ! *rires*.
Donc, c’était clairement une façon d’introduire le titre de l’EP, de montrer qu’on parlera de moi, de qui je suis au sein d’un projet… suis-je un projet ? Ou une personne ?

M : Tu abordes plusieurs thèmes dans ce disque, notamment l’amour, la jeunesse, les questionnements qu’on a tous à nos âges. Et tu parles aussi de la « fame ». Tu la vois et vis comment, toi ?
Z : Ça m’inquiète pas mal car les gens ne s’identifient pas forcément : tout le monde ne veut pas devenir célèbre. Je me suis demandé comment je pouvais en parler dans les chansons, c’était un peu un défi pour ne pas passer pour l’artiste qui raconte sa vie… mais je crois que ça m’aide vraiment d’en parler, ça me fait garder les pieds sur terre. C’est vrai que ça me stresse un peu, j’ai peur que mon projet prenne énormément de place et que je ne sache plus comment profiter des plaisirs de la vie, de mes proches, de ma famille, de mon amoureux. Quand j’écris, je pose plein de choses et de questionnements, ce qui concrétise ce que je ressens… et je me dis qu’en vrai, ça va.

M : C’est une des choses que j’ai notés. Ton EP c’est à la fois une carte de visite, et à la fois on apprend beaucoup d’e choses d’un coup sur toi. Mais, pas tout non-plus car il faut garder du mystère…
Z : *rires* et encore, il n’y en a pas beaucoup !

M : Tant mieux ! À un moment je me demandais quelles pouvaient être tes influences, mais en réalité je pense que tu es ta propre influence. Tu parles de toi, de ce que tu connais et de ce que tu vis. C’est un peu comme si tu te livrais comme dans un journal intime, mais en musique.
Z : C’est exactement ça ! Quand je dis le mot « journal intime » j’ai l’impression de sonner comme un cliché, mais en vrai est-ce que ce n’est pas le fil conducteur de chaque artiste ? Par exemple, je ne suis pas très forte pour écrire sur les histoires des autres, j’essaye car je ne peux m’inspirer que de moi-même, je n’ai pas tout vécu, mais pour l’instant le plus facile pour moi est d’analyser ce que je ressens et de l’écrire à ma manière. Je ne suis pas Bigflo et Oli qui eux sont très forts pour parler des problèmes de société, etc…

M : Et puis il faut aussi avoir du vécu.
Z : Mais oui, et peut-être qu’à un moment je n’aurai plus rien à écrire sur moi. J’ai hâte d’avoir un enfant aussi, pour pouvoir écrire dessus ! *rires* Je me dis que ça doit donner tellement d’idées… comme pour Ben Mazué !

M : Quel bel album…
Z : C’est fou ! Il dit vraiment la vérité dans des chansons qui parlent de la vie de papas passé 30 ans (ndlr : dans Semaine A / Semaine B) et je trouve que c’est super rare.

M : Dans ton EP… il y a deux feats qui marquent un peu ton envie de kicker. Comment se sont passées ces collaborations ?
Z : Le premier feat est avec Martin X sur Sable. C’est un ami avant même de faire de la musique. À la base le morceau ne devait même pas sortir sur les plateformes : on avait un concert en commun, avec une chanson qui sortait en même temps et on a voulu la faire sur scène pour lier nos deux sets. On a terminé le morceau qu’on a trouvé très cool, et au final cette collaboration s’est fait de manière très naturelle, pas du tout basée sur un objectif précis.
Et pour le deuxième feat, c’est avec Genezio que je connais du label (Low Wood). C’est le dernier morceau qu’on a ajouté au projet, il y a… trois semaines ! *rires* J’étais en studio avec Medellin qui est un des principaux beatmakers, j’ai écrit Drogue Douce que Genezio a entendu car on met la musique TRÈS forte à Low Wood. Avec Guillaume (ndlr : un producteur), ils ont trouvé que c’était cool et que ça pourrait être sympa de poser dessus. On ne se connaissait pas très bien mais il était très à l’aise : il a écrit son couplet, posé dessus, on a écouté et je trouvais ça trop cool qu’on ne se connaisse ni d’Adam ni d’Eve, mais qu’il comprenne tout de suite de quoi je parlais, tout en y ajoutant sa patte.

M : Ça a carrément matché en fait !
Z : Ouais ! Let’s go !

M : J’en profite pour parler d’une troisième chanson, Merci qui ouvre ton EP : j’ai ouïe dire que tu l’avais écrite après un certain concert sold-out aux Trois Baudets. Pourquoi l’avoir mise au tout début de l’EP ?
Z : J’ai écrit la chanson parce que je ne faisais que pleurer le lendemain des Trois Baudets. Car oui, le bonheur ça fait mal ! J’étais très émue de voir autant de personnes devant moi chanter mes chansons, venir me voir… Parfois je me rends compte que souvent on s’inspire de nos histoires, qu’on en sort des chansons, des gens viennent vers nous pour nous dire qu’ils sont émus, donc on est aussi émus et on réécrit des chansons… c’est un cercle vicieux qui est DINGUE. Je n’avais jamais vu des gens que je ne connais pas dans le public et je trouvais intéressant de faire une chanson qui parle du fait de faire des chansons.
Et pourquoi la mettre en intro… on l’a aussi rajouté au dernier moment ! C’est la chanson qui m’a servis d’annoncer Zélie c’est quoi ?, et à un moment je chante « Je sors un EP et c’est délirant ». On s’est dit que c’était une manière très honnête et simple d’ouvrir l’EP, on n’a même pas retravaillé la prod ! J’avais envie qu’on l’entende en premier car si le public écoute au moins la première chanson, ils sait un peu à quoi s’attendre pour la suite.

M : Et ça donne très envie de découvrir le reste !
Z : Peut-être que j’ai un peu fait l’ordre par rapport à ça… Imagine ceux qui vont s’arrêter au milieu de l’EP car ils n’ont pas le temps de l’écouter ? C’est pour ça que j’ai mis les meilleures chansons en haut ! *rires*

M : En parlant comme ça de concerts, j’imagine que d’autres choses sont prévues pour la suite ? Qu’est-ce que tu prépares ?
Z : Oui ! On fait une release party le 23 février pour être tous présents à minuit au MobHouse à Saint-Ouen. C’est un hôtel super cool, un peu bobo, un peu hipster. C’est de 20h à 00h et à 21h30 je vais huit chansons en piano voix, pour qu’on voit l’aspect plus intimiste des chansons, qu’on s’attarde vraiment sur mes mots. J’ai trop hâte !

M : Tout pareil ! Je vais arriver sur la fin avec deux dernières questions que j’aime bien poser. La première, qu’est-ce qui t’a marqué récemment, en musique ?
Z : Oh, il y en a trop ! Mais récemment comment ?

M : Ce qui t’a marqué, que ça soit sorti il y a vingt ans ou quelques jours.
Z : Ah bah ! Je réécoute vachement La Terre est Ronde d’Orelsan ! *rires* Et sinon j’ai découvert Yoa récemment, je suis bluffée ; je me dis que ça faisait longtemps que je n’avais pas aimé tous les sons d’un projet. J’ai raté son concert à cause d’un examen de danse classique… tout ça pour arrêter la danse ! J’ai revendu ma place et c’était horrible.
Autrement j’adore Poids Lourd de Disiz car elle est incroyable. C’est un beau micmac de je chante, je kick, je vous fait pleurer et en même temps il y a des drums cool.

M : Il sait tout faire. Ma dernière question se tourne vers l’avenir. Qu’est-ce qu’on pourrait de souhaiter de mieux ?
Z : De me trouver un public un peu plus large grâce à l’EP, que ça ne floppe pas. De pouvoir rencontrer les artistes que j’aime, de continuer de collaborer. Ça ne fait pas si longtemps que je fais de la musique donc je sais que je peux encore explorer. C’est de ça dont j’ai le plus hâte. J’ai envie de faire encore plus spécial, plus original, de découvrir des artistes qui m’inspirent comme des Yoa ou des Johnny Jane, de pouvoir collaborer et d’en apprendre plus sur moi-même.

M : Et voilà. Au début on se disait Zélie c’est quoi ? et au final, c’est ça, Zélie.
Z : Et oui, merci.

Zélie c’est quoi ? le premier EP de Zélie, sera disponible le 24 février.
En concert au MobHouse de Saint Ouen le 23 février.
En concert au Badaboum le 18 mars.

[INTERVIEW] Gabi Hartmann sort son premier album éponyme. Rencontre avec une artiste qui remet le jazz au goût du jour

Alors que nous vivons à une époque où nous n'avons que les mots "pop" et "musique urbaine" à la bouche, certain.es artistes puisent dans diverses influences pour créer une musique qui les démarquent des autres.
Après avoir avoir énormément voyagé et fait une multitude de rencontres qui l'inspireront pour écrire et composer sa musique, Gabi Hartmann nous livre un premier album éponyme.
Elle casse les codes.
Mélangeant pop, variété, jazz, bossanova et musique du monde, Gabi Hartmann nous offre un disque de quatorze titres, nous emmenant alors en voyage durant sa lecture. Rencontre avec une artiste globetrotteuse à la soif de rencontres, qui remet le jazz au goût du jour. 

C’est l’heure de l’interview.

Musicaléomentvotre : Salut Gabi, comment est-ce que tu vas ?
Gabi Hartmann : Ça va ! C’est beaucoup de boulot en ce moment avec la sortie de l’album mais je suis contente qu’il soit sorti. On fait beaucoup de promo mais ça va. On a fait un gros concert mardi (ndlr : 24 janvier) à La Seine Musicale, il y avait 950 personnes, c’était énorme ! Je redescends petit à petit.

M : Je n’ai pas pu assister au concert mais on en reparlera ! Est-ce que tu peux te présenter à ceux qui nous lisent et ne te connaissent pas encore ?
G.H : Oui alors, je suis née à Paris, je chante et j’écris des chansons. Je suis autrice, compositrice, musicienne, chanteuse. Je viens de sortir mon premier album le 13 janvier.

M : On va revenir un petit peu sur ton parcours. A titre personnel, je caractérise ta musique comme étant une sorte de beau mélange entre de la chanson, du jazz, un peu de bossanova et plein d’influences différentes. Je voulais savoir comment est-ce que toi tu t’es dit « j’ai envie de faire de la musique ma vie ».
G.H : C’était une passion depuis toute petite, j’ai toujours vibré énormément avec la musique. C’est un art qui m’a toujours touché sans explications, il n’y a pas un élément déclencheur ; mon père m’a poussé à faire du piano classique, j’aimais chanter. Ça a vraiment commencé au lycée, en enregistrant les premières maquettes, en composant avec des copains du lycée en jouant et en faisant des reprises. Puis je suis allée au conservatoire, j’ai étudié le jazz et la guitare… et j’ai appris la musique dans mes voyages, notamment au Brésil où j’ai vécu.

M : Est-ce que le fait de partir vivre à l’étranger t’a aussi donné l’envie de chanter dans différentes langues ?
G.H : Je chantais déjà en anglais et en français. Je pense que dans le jazz, c’est très commun de chanter dans plusieurs langues, comparé à la chanson, et les artistes jazz que j’écoute le font, d’ailleurs. J’ai voulu casser les codes avec cet album, en faisant des chansons sans m’empêcher de chanter dans plusieurs langues. J’ai voulu casser les codes des genres.

: Tu disais que tu écoutais certains artistes qui mélangeaient les langues. Quels sont ceux qui t’inspirent ?
G.H : Je pense à Rodrigo Amarente qui est brésilien, à Melody Gardot qui m’a beaucoup influencée, Henri Salvador qui chante en créole et en français… il y a beaucoup d’artistes, mais je dirais que ce sont eux principalement qui m’inspirent.

M : J’aime beaucoup aussi ces artistes car j’ai l’impression de voyager avec eux !
G.H : Tout à fait.

M : Et penses-tu qu’il est nécessaire de voyager, notamment pour écrire et être inspirée ?
G.H : Oui, je pense que c’est très important ! Ça me donne de nouvelles inspirations à chaque fois que je voyage, que je fais des nouvelles rencontres. Je vois des choses qui me marquent plus que si tu restes dans tes habitudes.

M : En 2021 tu sortais un premier EP, Always Seem To Get Things Wrong. Est-ce que tu peux nous en parler un peu ?
G.H : Il s’est fait avant le Covid. Certaines chansons ont été enregistrées à Rio, d’autres à New-York. Je l’ai réalisé avec Jesse Harris, c’est assez fou. L’album est en fait une continuité de l’EP, ce dernier était un premier pas car je savais que j’allais faire l’album après. Et je chantais déjà en anglais, français et portugais !

M : Concernant l’EP, comment tu as vécu cette période où tout s’est arrêté ? Tu en as profité pour écrire les chansons qu’on retrouve dans ton album ?
G.H : J’ai beaucoup écris de nouvelles chansons, fait des reprises que j’adore, brésiliennes surtout. J’ai beaucoup réfléchis à ce que je voulais faire pour l’album, de quoi je voulais parler, qui je voulais avoir dans l’album. Il y a eu des périodes très difficiles et d’autres incroyables, c’était deux extrêmes. C’était long, certaines périodes où des gens sont décédés ont été horribles, et puis parfois il y avait des périodes de joie intense.
Avec les musiciens on se retrouvait tout le temps pour faire des jams, c’était beau. On était très proches avec un groupe d’amis donc on se voyait tout le temps, vu qu’on était dans la même situation.

M : Revenons-en à Gabi Hartmann, ton album. Comment as-tuprocédé pour l’écrire, comment tu t’es entourée ?
G.H : Il y a eu Jesse Harris à la réalisation, Félix Remy qui a enregistré et mixé beaucoup de morceaux, donc on a passé pas-mal de temps en studio, notamment pour trouver un son à cet album. Les chansons se sont faites au fil des années, j’ai voulu mettre toutes celles que je préférais dans le disque ! Des récentes que je n’avais jamais joué, et d’autres plus anciennes. Ça s’est donc fait au fil des années et des rencontres. Puis l’album s’est fait principalement entre Paris (au studio Pigalle) avec mes musiciens de Paris et entre New-York avec les musiciens new-yorkais avec qui Jesse travaille tout le temps.

M : Ce qui t’apporte aussi plein d’influences différentes des deux villes.
G.H : C’est ça !

M : On retrouve aussi dans cet album deux duos, l’un avec Julian Lage et Ghandi Adam.
G.H : Julian est un ami de Jesse, avec qui il a travaillé et c’est un grand guitariste de jazz. Et, j’ai rencontré Ghandi à Paris il y a quelques années, qui est un super flutiste.

M : Ce sont vraiment des beaux morceaux ! People Telle Me a d’ailleurs un clip. À travers ces derniers issus de l’album, on retrouve une ambiance très « rétro » ; pourquoi faire ce choix ?
G.H : On retrouve dans le clip de People Tell Me une référence aux années folles, l’époque des artistes surréalistes, l’époque de la naissance du jazz. C’était très important dans la société, dans les soirées et les bals. J’ai cherché dans cet album à faire ressortir un côté « nostalgique » de cette époque, puisque ce sont aussi les disques qui m’influencent le plus, les années 60 et 70 ; je pense notamment à Kita Novelle. C’est aussi une sorte d’hommage à cette époque, tout en le rendant actuel.

M : Tu disais en début d’interview que tu avais pu présenter ton album à La Seine Musicale… je n’y étais pas malheureusement, mais comment ça s’est passé ?
G.H : Ah ! On était six sur scène : guitare, piano, percussion, contrebasse puis les instruments à vent. On a passé trois jours à répéter ensemble, il y avait vraiment une belle énergie entre nous lorsqu’on répétait les morceaux qu’on n’avait jamais joué sur scène, c’était fort.

: Ça devait être impressionnant !
G.H : Ça va ! On a fait un gros festival de jazz pendant l’été et j’ai fait des premières parties à la Salle Pleyel et ça… c’était vraiment quelque-chose.

M : Et tu as donc joué devant 950 personnes… à une époque où le jazz n’est pas forcément le genre qu’on entend le plus ! Comment tu vois toi, artiste qui souhaite remettre le jazz au goût du jour, cet aspect-là de l’industrie musicale ?
G.H : J’ai envie de montrer dans cette industrie qu’on peut faire de la musique et ne pas être exclue d’une « case ». Là moi, je veux faire de la chanson, mais dans celle-ci il y a des influences diverses, dont le jazz et d’autres choses. J’aime pouvoir dire que je fais du jazz ET de la variété ; on peut très bien faire de la chanson, de la pop, tout en ayant les influences qu’on veut. L’appellation « pop » est très récente ! En France, la pop est très fermée à un certain style, il faut chanter de telle ou telle manière… alors qu’il faut simplement s’ouvrir à diverses influences. Mais ça bouge !

M : C’est grâce à des artistes comme toi qui osent briser les codes.
G.H : *rires* Et il en faut de plus en plus !

M : Pour 2023, est-ce que tu as déjà des choses de prévues ?
G.H : Je vais être aux Francofolies de La Rochelle le 14 juillet, je suis super contente. Et il y aura une date à Paris, le 27 novembre à La Cigale.

M : Et, qu’est-ce qu’on pourrait te souhaiter pour la suite ?
G.H : *rires* Euh… j’espère continuer à faire de beaux albums ! J’espère que différentes générations viendront me voir en concert ; la majorité des gens qui viennent sont un peu âgés et moi je veux essayer de casser ça, de jouer dans des salles pour toutes les générations.

M : Je ne doute pas sur le fait que tu vas réussir.
G.H : Merci merci merci !

Gabi Hartmann est disponible sur toutes les plateformes depuis le 13 janvier.
En concert à La Cigale le 27 novembre.

[INTERVIEW] Nili Hadida, moitié du groupe Lilly Wood & The Prick, est de retour avec son EP, « Love Life Death Despair ». Rencontre avec une artiste engagée aux multiples casquettes

Certains la connaissent déjà grâce au groupe Lilly Wood & The Prick, fondé aux côtés de Benjamin Cotto. D'autres l'ont vu plus récemment en première partie des concerts d'Izia. Pour quelques-uns, son nom cache encore une grande part de mystère.  
Alors qu'elle écrit et compose sa musique depuis près d'une quinzaine d'années, qu'elle auto-produit et finance ses projets solos, Nili Hadida est de retour avec son nouvel EP, Love Life Death Despair. C'était l'occasion parfaite pour rencontrer cette artiste engagée et aux multiples casquettes.
Alors que les températures n'étaient pas au rendez-vous ces derniers jours, Nili a accepté de rencontrer Musicaléomentvotre, un thé à la main, pour parler de sa musique et de ses influences, mais aussi du Covid et de la place des femmes dans l'industrie musicale. 

C’est l’heure de l’interview.

Musicaléomentvotre : Salut Nili, comment tu vas ?
Nili Hadida : Ça va bien. Je suis en dry january et j’essaye de rester en forme car il y a beaucoup de concerts en janvier qui arrivent avec Izia. Je suis contente, j’aime bien travailler, alors en ce moment c’est cool.

M : Est-ce que tu peux donc te présenter pour ceux qui ne te connaissent (toujours) pas ?
N.H : Je m’appelle Nili Hadida, j’ai un groupe qui s’appelle Lilly Wood & The Prick depuis presque quinze ans et à côté de ça je fais mes projets, seule : j’auto-produis et finance pour être complètement libre. J’ai deux chiens et j’habite à la campagne.

M : Tu disais que ça faisait une quinzaine d’années que tu étais dans Lilly Wood & The Prick. Je pense que beaucoup de personnes te connaissent grâce au groupe. Est-ce que tu te souviens de vos premiers pas dans la musique ?
N.H : On avait 20 ans et on s’est rencontrés dans un bar [ndlr : avec Benjamin Cotto]. On avait tous les deux envie de faire de la musique alors on s’est échangé nos numéros et très vite on s’est mis à écrire. C’était très fluide, tout s’est fait rapidement, on n’a jamais galéré.
C’est marrant parce que ce que je n’ai pas vécu avec le groupe, je le vis en solo en recommençant depuis le début et je pense que c’est une bonne expérience. Nous, on a vite fait nos propres concerts et finalement je ne fais pas les choses dans le bon ordre, mais je les fait toutes. Avec Lilly Wood, on était en festival cet été, la tournée est finie et entre les albums je fais mes projets solos. Ça ne s’arrête jamais, j’aime bien être occupée.

M : Et justement, comment vous avez vécu ce gros succès immédiat ?
N.H : Ça nous est vraiment tombé dessus. On a eu une Victoire de La Musique en 2010 et c’était ouf ! C’était un premier album, on venait de commencer… et puis tout est allé super vite, on a fait plein de synchros avec des marques très cool, on jouait à guichet fermé. On est allé faire le troisième album au Mali et là-bas on a commencé à recevoir des coups de fil de potes qui nous disaient « Vous avez un remix qui passe à la radio » alors qu’on n’était pas au courant, et le truc a pris tout seul ! Je pense qu’on s’est rendu compte de tout ce qu’il s’est passé récemment. On a fait une pause de cinq ans et une fois qu’on s’est posés, on a fait le bilan de tout… je pense qu’on ne s’habitue jamais à avoir un aussi gros succès.

M : Pourtant en parallèle tu avais déjà tes projets solos. Tu sortais un album éponyme en 2018, que je me surprends à réécouter d’ailleurs. Tu disais que ça te paraissais « bizarre » de faire les choses un peu dans le désordre, de tout réapprendre… à quoi ressemble ton parcours ?
N.H : Pour le premier album je sortais de Lilly Wood et j’avais un peu la folie des grandeurs. J’écoutais beaucoup de soul et je me suis entourée de gens très forts dont j’appréciais le travail : j’ai dépensé une fortune, je suis partie à Miami le mixer avec Jimmy Douglas. L’album n’a pas beaucoup marché, mais je me suis fait plaisir.

M : C’était vraiment le kiffe de pouvoir tout faire un peu seule !
N.H : Oui ! Depuis la fin de Lilly Wood je me dis que j’ai envie d’explorer l’autre pan de ma culture musicale qui est le rock, que j’écoute tous les jours. D’ailleurs l’EP qui va sortir ressemble beaucoup aux toutes premières démos de Lilly Wood ; ça boucle la boucle !
Et puis je me suis dit, « essaye d’être dans une économie un peu plus humble, de voir ce que tu arrives à faire toute seule » : alors j’ai tout enregistré à la campagne avec un ami avec qui j’ai écrit l’EP, Love Life Death Despair. J’aime bien apprendre à travailler de différentes manières, et là c’est ce que je suis en train de faire ! Sur ce disque, je suis CEO de ma boîte et stagiaire en même temps, plus stagiaire en ce moment que CEO d’ailleurs *rires*.

: Et d’ailleurs, si on revient sur tes influences musicales, tu parlais de soul puis de rock, mais quels sont les artistes qui t’influencent et t’inspirent ?
N. H : Pour cet EP là, il y a un clin d’œil à BLUR et à leur chanson Boys and Girls sur mon clip 2022, qui est un hommage dans lequel on est que des femmes à jouer. C’est un peu un pied de nez au clip original et aux paroles. Il y a aussi un groupe de Los Angeles que j’adore qui s’appelle Automatic ou encore Los Bitchos… en fait, mes influences sont tirées du rock Californien, État où j’ai vécu quasiment toute mon adolescence.

M : D’où cette envie aussi de chanter en anglais ?
N. H : Disons que mes langues maternelles sont l’anglais et le français ; puis la musique que j’écoute est vraiment anglo-saxonne et je me sens plus à l’aise en anglais. D’ailleurs je suis assez frustrée car je sais que certaines personnes ne comprennent pas réellement les textes que j’écris. Avec Lilly Wood, quand on était aux Etats-Unis, en Californie ou en Angleterre, c’était super agréable de chanter devant un public qui comprenait ce que tu racontes !

: Tu as sortis deux premiers singles : 2022 et I Killed A Bird Today. C’est un peu la carte de visite de ce nouvel Love Life Death Despair
N. H : Ce que j’aime bien dans cet EP c’est que je suis un peu sortie de « l’adolescence » où tu parles de tes histoires d’amour uniquement… sur ce disque, je parle de pas mal de choses. 2022 est une rétrospective de l’année, de l’enfer que j’ai passé. I Killed A Bird Today raconte vraiment le jour où j’ai écrasé un oiseau en voiture à la campagne, ça m’a traumatisé. Après, oui, Song About X parle d’un garçon mais c’est un peu une allégorie dans laquelle je raconte que toutes mes histoires ressemblent à un grand jardin où les gens sont des fleurs…

M : Mettons les deux pieds dans le plat. 2022 était une année où on sortait encore doucement du Covid…
N.H : J’ai très mal vécu cette période. Quand tu es à la campagne, tu es déjà un peu confiné(e) ; j’habite au milieu des champs et je me sentais vraiment seule. J’avais l’impression que la vie ne redeviendrait jamais comme avant.

M : Mais là tu as pu faire des festivals, revenir sur les devants de la scène… c’est un peu un second souffle, non ?
N. H : Ah carrément ! Je me souviens qu’en commençant la tournée de Lilly Wood il y a 2 ans, il y avait encore des publics masqués… c’était lunaire.

M : Je me souviens avoir fait quelques concerts en étant assise, c’est un peu étrange… et je me dis que peut-être nous, simples spectateurs de la musique, on ne peut même pas bien se rendre compte de ce que vous, artistes, vous ressentez vraiment.
N. H : Tout avait été décalé ! La première semaine, j’avais l’impression que c’était la fin du monde ! La musique était tellement anecdotique par rapport à la catastrophe qu’on était en train de vivre. Je me suis même demandé si un jour il y aurait de nouveau de la place pour tout ce qui touche à la culture. Heureusement oui, mais c’était facile de dramatiser.

M : J’ai aussi vu que tu faisais les premières parties d’Izia ces derniers temps ?
N.H : C’est trop cool ! On est très copines et l’hiver dernier elle venait souvent à la campagne pour se reposer et je lui disais que je cherchais à faire une première partie car ce que je sais le mieux faire c’est être sur scène. Puis elle m’a répondu « Mais vient faire ma première partie ». Ouah.
On a une bonne partie de l’équipe technique en commun. J’ai l’impression que ma vie c’est un peu « Almost Famous », un film que je recommande et c’est dingue ! Être en tournée avec une copine c’est dingue, parce que la tournée c’est rude… il ne faut pas être sédentaire, et aimer l’aventure. Être avec Izia, ça adoucit le truc et c’est une opportunité qu’autrement je n’aurais peut-être eu, car je ne voyais pas quel tourneur aurait voulu signer un projet rock en anglais. Ça m’a filé un énorme coup de pouce, car c’est à travers la scène que le projet existe le mieux.

M : Justement, j’ai vu que tu t’étais entourée de beaucoup de femmes pour cet EP. Ça te tenait vraiment à cœur ?
N.H : C’était super important car ça fait quinze ans que je ne vie qu’avec des mecs, dans un bus et que malgré tout la mixité équilibre plein de choses. Là, la tournée est super ! J’ai un guitariste mais j’ai une régisseuse, une batteuse… ça change beaucoup de choses. Avec Lilly Wood on a fait un morceau qui s’appelle You Want My Money et j’ai réalisé le clip en étant entourée de femmes (cheffe électro, cheffe op…).

M : C’est une bonne vibe.
N.H : De toute façon, il y a moins de femmes dans le milieu. Donc plus tu en fais bosser, plus ça rééquilibre. Pour l’EP je me suis aussi entourée de nouvelles têtes, tu vois. Il y a des gens qui préfèrent travailler avec des gens qui ont déjà un gros CV, alors que moi je trouve que s’entourer de personnes jeunes c’est important. Je trouve ça bien de laisser sa chance à tout le monde.

M : On va donc pouvoir te retrouver sur scène en « girl power ». Tu nous tease la suite ?
N.H : Alors. Love Life Death Despair sort le 3 février mais avant ça je vais sortir un titre en duo avec Mélissa Laveaux qui est une super chanteuse, avec une live session qu’on a fait entre meufs. Je joue à La Boule Noire le 14 juin, je vais sortir un inédit entre tout ça… et voilà ! J’essaye avec mes petits moyens de faire des images sympas et de raconter des histoires cool.

M : Et mise à part tout ça, qu’est-ce qu’on pourrait te souhaiter pour la suite ?
N.H : Continuer à faire de la musique et des concerts. Et puis, peut-être être un peu moins anxieuse dans la vie, aussi.

M : Que demander de plus, au final !
N.H : Ah et bien pas grand-chose ! *rires*

M : Et je vais terminer avec une dernière question. Est-ce qu’en ce moment tu as un coup de cœur musical ?
N.H : De ouf. J’écoute un morceau de King Gizzard & The Lizard Wizard qui s’appelle The Dripping Tape et qui dure 18 minutes. C’est comme s’il y avait trois morceaux dans un seul morceau et la première minute est super lente et triste alors qu’après ça défonce les oreilles. Du coup, j’écoute la première minute en boucle *rires*. J’ai un ami qui m’a fait un track de 20 minutes avec seulement la première minute de ce morceau en boucle. Je suis très psychorigide et très monomaniaque, et donc j’ai des phases où je peux écouter qu’un bout de morceau en particulier, pendant mille ans… c’est mon obsession du moment.

M : Et tu recommandes donc ce morceau à tout le monde !
N.H : Ouais et c’est un groupe incroyable… qui va sortir cinq albums par ans, quoi.

M : Qui arrive à faire ça ?…
N.H : Et bien JUL !

Nili Hadida sera en première partie d’Izia le 20 janvier au Krakatoa (Bordeaux), le 21 janvier au Mem (Rennes).

Son nouvel EP Love Life Death Despair sera disponible le 3 février sur toutes les plateformes, et elle viendra nous le présenter en étant tête d’affiche à La Boule Noire le 14 juin.

[INTERVIEW] J+22 après un concert sold-out à La Cigale, rencontre avec Le Noiseur : l’artiste « relax » à suivre en 2023

Le Figaro disait cet été qu’il faisait partie des « artistes à suivre de très près ». Et pour cause.
Chanteur, auteur et compositeur depuis plus de dix ans, crooner pop aux influences rap, il chante la vie, l’amour, la mort en en faisant de la poésie des temps modernes.

Fin novembre, Le Noiseur réunissait près de mille personnes dans cette salle mythique qu’est La Cigale. Devant tous ces gens qui étaient venu le voir en tant qu’artiste principal de la soirée, Simon de son vrai prénom chantait son album Relax, et les cinq nouvelles chansons qui sortaient une dizaine de jours plus tôt, issues de la réédition de ce dernier disque.

Serein après un concert sold-out, Le Noiseur a accepté de répondre à quelques questions, à seulement cinq minutes de La Cigale. Rencontre avec un Artiste avec un grand A.

Musicaléomentvotre : Ma première question est très classique. Comment tu vas, Le Noiseur ?
Le Noiseur : Écoute, je vais plutôt bien, avec La Cigale qui s’est bien passée, c’était un gros truc donc je suis content. Je suis plutôt serein et content de l’année qui s’est écoulée.

M : Est-ce que tu peux te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?
L.N : Je fais de la musique professionnellement depuis une petite dizaine d’année. Je suis chanteur-auteur-compositeur, et j’ai sorti mon deuxième album, Relax.

M : Une question me taraude : pourquoi Le Noiseur ?
L.N : J’ai voulu prendre un pseudonyme parce que mon nom, Simon Campocasso, c’est un peu compliqué à retenir. Donc quand j’ai voulu prendre un pseudo j’ai pris celui que ma mère me donnait quand j’étais petit : Le Noiseur, celui qui cherche des « noise », qui monte en l’air la tête de tout le monde.

M : Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire de la musique ton métier ?
L.N : C’est difficile à dire. Je fais de la musique depuis que je suis enfant, je faisais de la batterie et j’ai toujours aimé la musique. J’ai découvert le rap à 16 ans au lycée et cette musique me procurait tellement d’émotions que je me suis dit « Moi aussi je veux en faire ». À ce moment-là j’ai commencé à faire des trucs dans mon coin, et l’envie de faire de la musique et de la chanson de m’a jamais quitté. Plus ça va et plus j’aime ça, plus je prends du plaisir donc je continue.

: On peut dire que ta musique allie la pop, à de la chanson et à du rap, mais comment est-ce que toi tu la décrirais ?
L.N : Je dirais que c’est de la chanson française classique, de Gainsbourg ou de Delerme, mais mélangée à des influences rap qui sont quand-même présentes. La caractéristique de ma musique serait d’avoir deux influences, une moderne et une plus ancienne qui coexistent.

M : Tu viens de parler de Gainsbourg, mais quels sont les artistes qui t’ont le plus marqué en rap ?
L.N : Les premiers sont IAM et NTM : j’ai beaucoup écouté École du Micro d’Argent et Paris Sous les Bombes, Oxmo… tout le rap de la fin des années 90.

M : Si on revient sur ton parcours, tu as sortis plusieurs EPs dont le premier en 2014. Je t’ai découvert en 2016 avec Musique de Chambre et en 2021 tu sortais un album, Relax. Est-ce que tu peux nous en parler un peu ?
L.N : Relax c’est un disque qui est arrivé après l’EP Musique de Chambre, un long moment après le premier album. J’ai pris mon temps car je n’avais pas réellement réussis à aller là où je voulais avec ce dernier, donc j’ai pu avoir une grande réflexion sur ce que je voulais vraiment musicalement. Ça a commencé par Musique de Chambre avec une chanson qui a installé le truc, Summer Slow 88, un mélange de mes références des 90’s et de la chanson. Quand je l’ai écrite, j’ai eu le sentiment d’avoir composé quelque-chose qui me tenait à cœur depuis longtemps et ça a ouvert plein de choses dans mon inspiration, mon envie de faire des chansons. On retrouve donc un peu tout ça dans cet album, notamment grâce à ce titre, qui a toujours ces influences croisées à d’autres qui se sont rajoutées.

M : Tu l’as sorti après le COVID. Après avoir vécu un confinement, on peut se dire : comment pourquoi appeler son album Relax ?
L.N : C’est un petit peu ironique, même par rapport à l’époque etc.  Justement ça m’intéressait d’essayer de prôner ce truc de « relax ». J’ai perdu ma mère quand j’écrivais le disque, mais j’avais quand-même cette envie de continuer de vivre, d’avancer.

M : Pour Toujours est d’ailleurs une chanson qui parle de ta mère.
L.N : J’avais envie d’en parler un peu comme un cri, différemment de ma manière d’interpréter les choses jusqu’ici, avec une montée sans refrain. C’est arrivée un peu comme ça, sans prévenir.

M : La réédition de Relax vient de sortir, un an après l’album (le 16 novembre) et avec cinq nouveaux titres. Est-ce que tu peux nous présenter cette continuité ?
L.N : Ce sont des chansons que j’ai écrites cet été et non pas des chansons que j’avais en stock et qui n’étaient pas sur l’album. J’ai voulu les faire pour clore le chapitre Relax, pour préparer la suite musicalement parlant. J’avais envie d’aller un peu vers l’avenir. Sur scène, c’est bien d’avoir de nouvelles chansons aussi, notamment à La Cigale où j’ai pu les jouer, ramener un peu de nouveautés.

M : C’était un peu une suite logique finalement !
L.N : Tout à fait.

M : Est-ce que tu penses de ta musique connaitra un grand chamboulement depuis tout ce que tu as déjà fait là ?
L. N : Je pense que ça va évoluer, notamment grâce à la scène qui donne envie de faire d’autres choses. Sur le premier album je n’avais pas fait trop de concerts donc je n’ai pas réellement pu voir ce que c’était. Le fait de faire La Cigale ça donne envie de faire des chansons qui sont un peu pour la scène aussi, peut-être des choses un peu plus énergiques.

M : D’ailleurs, parlons-en de cette Cigale sold-out ! Qu’est-ce que ça fait de voir tous ces gens qui sont venus exprès pour t’écouter ?
L.N : C’était fou cette soirée. J’ai fait Le Café de la Danse en février et c’était la première fois que je faisais un concert où le public achetait sa place pour me voir moi, donc j’avais cette petite expérience. Mais là c’était assez fou ; il y avait quasiment 1 000 personnes, j’étais hyper surpris par leur accueil, je ne m’attendait pas à ça. J’espérais que ça allait plaire et que j’allais sentir qu’ils étaient contents d’être là, mais c’était au-delà de mes espérances.
Tout s’est à peu près bien passé pendant le concert ! Je parle pas-mal entre les chansons et beaucoup de choses se passent, c’était un peu une première. J’avais le trac mais cet accueil m’a fait tellement plaisir.

Le lendemain j’avais envie d’en refaire une, pour encore plus profiter.

M : J’avoue ne pas avoir pu venir au concert… Vous optez pour quelle formation sur scène ?
L. N : On était quatre : une batteuse, un claviériste et un guitare-basse-clavier. Moi je fais un peu de synthé, mais je chante principalement. À un moment donné il y a aussi eu un quatuor à cordes, et ça c’était beau.

M : Et comment était le public avec les nouvelles chansons ?
L.N : Enthousiaste !  J’ai aussi senti que le quatuor avec beaucoup plu.

M : Tu prépares déjà de nouvelles choses ?
L.N : Là je ne vais pas ressortir quelque-chose dans l’immédiat, mais il va y avoir pas-mal de dates en 2023, je vais beaucoup tourner. Je vais essayer d’écrire quand j’aurais du temps car je n’aime pas avoir des périodes trop longues, on met du temps à retrouver le niveau qu’on avait… Ce n’est pas bénéfique.

M : Justement, tu dirais que tu es plus « team studio » ou « team scène » ?
L. N : J’aime vraiment les deux en fait, alterner. J’aime bien être seul en studio, et en même temps on est content d’aller sur scène et de voir du monde.

M : D’ailleurs, comment est-ce que toi tu procèdes pour enregistrer tes chansons ?
L.N : Il n’y a pas vraiment de règles. C’est toujours un petit miracle quand tu fais une chanson dont tu es content : tu ne sais pas trop comment ça s’est fait. Idéalement j’aimerais bien que le texte vienne en premier, mais parfois c’est une envie musicale qui fait que tu trouves de l’inspiration.

M : On retrouve deux thèmes dans ce disque qui peuvent être un peu considérés comme contradictoires : l’amour et la mort, tout ça sur une musique quand-même solaire. C’est un très beau mélange, mais c’est vrai qu’on ne s’y attend pas toujours.
L.N : Quand tu fais de la musique, ce qui est intéressant c’est que tu as la partition musicale et le texte. C’est toujours bien d’avoir un texte en contrepoint qui vient raconter autre-chose que ce que raconte la musique. Ça créer une troisième chose un peu inattendue et j’aime bien les contrastes.

M : Comme je te disais tout à l’heure, je t’écoute depuis quelques années et j’ai pu constater ton évolution. Mais qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?
L.N : Ah… on peut me souhaiter de faire une belle tournée, de continuer de prendre du plaisir sur scène, de faire des concerts et puis d’explorer de nouvelles voies.

M : Comme faire des feats avec des artistes, par exemple ?
L.N : Ah ouais ! C’est vrai que je n’en ai jamais fait pour l’instant.

M : Tu penses à quelqu’un en particulier ?
L.N : Mon feat idéal serait Sébastien Tellier et Mariah Carey. Un trio.

M : *rires* Je demande à voir !
L.N : Et bien on verra si ça se fait ou pas *rires*.

Encore Plus Relax, la réédition de Relax est disponible partout.
Le Noiseur sera en tournée dans toute la France en 2023. À bon entendeur.

[INTERVIEW] Rencontre avec Leo Leonard : sa vie après The Pirouettes, son retour en solo et l’Amour

À l’occasion de la sortie imminente de son premier projet en solo, Leo Leonard, artiste aux multiples facettes, ancien membre du groupe The Pirouettes et songwriter aguerri, a accepté de rencontrer Musicaléomentvotre.

Alors que Vérités son EP six titres vient de sortir, c’est sous les (presque) derniers rayons de soleil de ce mois d’octobre que nous avons parlé musique, bien évidemment, d’amour et d’humanité, de succès et d’authenticité.

Rencontre avec Leo Leonard et son premier disque en solo : Vérités.

Musicaléomentvotre : Bonjour Leo, comment tu vas ?

Leo Leonard : Bonjour, ça va et toi ?

M : Ça va super, merci. Est-ce que tu peux te présenter à ceux qui ne te connaissent pas encore ?

L.L : Je m’appelle Leo Leonard et j’ai commencé la musique très jeune au sein d’un groupe qui s’appelait Coming Soon, que j’avais avec mon frère et d’autres garçons, on venait d’Annecy. Après plusieurs années et un petit succès, j’ai commencé ce projet qui s’appelle The Pirouettes avec mon ex-copine, Vickie Chérie. Ça a bien marché également, on a fait trois albums, plein de concerts et… me voilà aujourd’hui en 2022, pour la première fois en solo !

M : Et qu’est-ce qui t’a donné envie de revenir cette fois-ci en solo ?

L.L : Je « reviens » en solo finalement, parce que la vérité c’est que j’avais déjà sorti un mini album quand j’étais tout jeune, à 13 ans… mais pour rigoler, c’était le début. Aujourd’hui, ça me semblait être la continuité logique en fait. J’ai l’impression que c’est une étape par laquelle tous les artistes passent à un moment. Il faut se retrouver seul face à soi-même, pour voir de quoi on est capable sans l’aide des autres.

M : Et d’ailleurs, ton premier EP Vérités sort ce vendredi 28 octobre. Comment tu te sens ?

L.L : Enfin ! Je suis assez pressé car mine de rien ça fait un an qu’on est sur ces morceaux et j’ai envie qu’ils sortent… pour pouvoir en faire d’autres et préparer la suite.

M : On y voit bien le côté pop que je connaissais dans The Pirouettes, mais j’ai l’impression que tu te libères un peu plus, que peut-être le fait d’être en solo t’a ouvert de nouvelles portes ?

L.L : Oui car maintenant j’écris pour moi et non plus pour deux têtes, ce qui me permet d’être plus personnel et introspectif dans les thèmes abordés.

M : Dans ce premier disque, tu parles beaucoup d’amour et de tout ce rapport à l’humain, à la célébrité comme dans Ma vie de star. Qu’est-ce qu’on peut retrouver finalement dans cet EP ?

L.L : Quand j’écris, je laisse un peu parler l’inconscient et au final c’est presque la mélodie qui guide le texte. C’est la raison pour laquelle j’ai vraiment fait un assemblage des chansons que j’avais telles qu’elles m’étaient venues. C’est vrai que je parle plus facilement de l’amour car c’est le thème qui me semble être le plus universel. Et puis je suis à l’aise là-dedans ! J’aimerais peut-être aborder des sujets plus sociétaux, faire des chansons écolos… ce serait bien, c’est important, mais ce n’est pas quelque-chose qui me vient naturellement. Pour l’instant je me suis concentré sur quelque-chose que je savais faire, c’est-à-dire le côté introspectif, l’amour et aussi parler forcément de mes rêves de célébrité : tout le monde peut devenir une star et je trouvais ça marrant d’en parler. On est tellement dans ce cas-là à… ne pas être très loin de la célébrité mais pas exactement. Et surtout que la vie de star ça vient, ça va, tu peux connaitre un succès qui redescend. C’est un peu ce que je vis avec mon projet solo maintenant. Je repars à zéro.

M : Est-ce que tu peux également nous parler de tes influences, car il y a beaucoup de pop (mais pas que ça) ?

L.L : On en parlait beaucoup avec The Pirouettes : il y a aussi beaucoup de variété française, des années 80, France Gall, Michel Berger, Christophe, Yves Simon… c’est une base qui m’a donné envie d’écrire en français. J’écoute aussi beaucoup de rap français car il y a un grand nombre de rappeurs qui écrivent bien, ça m’inspire.
J’écoute de la pop, Justin Bieber notamment : c’est mon artiste favori, c’est mon Dieu *rires*. Je trouve ça cool d’avoir finalement quelqu’un en tête et de se dire « comment lui il le ferait ? ». Je n’ai pas le même niveau de chant que lui mais j’essaye !

M : Oui et puis tu le fais à ta manière et avec tout ce que tu sais faire, sans copier quelqu’un.

L.L : Ça c’est clair. Je trouve ça aussi intéressant d’avoir un artiste international… si j’essayais de ressembler à un artiste français oui, je copierais. Mais là, la langue fait que c’est différent. En tout cas, je n’ai pas l’impression de copier qui que ce soit en France, et ça c’est cool parce que parfois j’écoute des choses et je me dis « ça ressemble beaucoup à untel », et je trouve ça dommage.

M : Disons que tu perds un petit peu l’authenticité que toi tu essayes de retransmettre finalement. Je trouve que toi ça marche bien. C’est un EP « authentique ».

L.L : Merci ! Pari réussi.

M : Et tu appréhendes comment ce retour ?

L.L : Justement je veux retrouver toutes ces personnes qui m’ont aimé à un moment en continuant à faire des chansons, je me renouvelle. The Pirouettes ne pouvait pas être éternel, on a fait ce qu’il fallait pour rester dans la tête des gens et maintenant c’est un nouveau challenge.

M : Je reviens un peu sur le disque. Tu disais que la mélodie guidait un peu tes textes, comment est-ce que tu as été accompagné sur ce projet ?

L.L : Ça dépend. Souvent je pars d’une démo que je fais seul avec quelques arrangements basiques pour accompagner mes mélodies de voix et puis je travaille avec un arrangeur. Là il s’agit de Schumi1, qui a chapoté tout l’EP ; c’est une super rencontre, un mec très talentueux et très bon musicien que j’ai rencontré quand on a fait le feat avec Zuukou Mayzie, il avait fait l’instru. J’ai aimé sa vibe et je lui ai proposé directement qu’on travaille ensemble pour mon solo car ça a matché. C’est d’ailleurs la première personne que j’ai envie de remercier car c’est un peu avec lui qu’on a fait l’EP, main dans la main. Après, il y a eu d’autres collaborateurs notamment sur le morceau Vallée Verte avec Alex Van Pelt qui est mon ami de toujours et qui était dans Coming Soon. Il y a aussi Marty Bogo avec qui j’ai fait le titre Vu d’en haut.
C’est un peu comme ce qu’on avait fait avec The Pirouettes jusqu’à présent : seul ça n’aurait pas été un rendu aussi satisfaisant.

M : C’est vrai qu’on dit que tout le monde peut faire de la musique seul de nos jours, mais en réalité ça demande un peu d’accompagnement.

L.L : Ouais, c’est difficile d’avoir du recul sur ce qu’on fait et c’est toujours bien d’avoir la vision de quelqu’un d’autre. En réalité c’est rare les gens dans la musique qui font tout tout seul. Il y a peut-être Kevin Parker (Tame Impala) qui le fait, mais il n’y en a pas tant que ça !

M : Ça fait aussi partie du « côté humain » de la musique, que toi tu mets bien en avant dans ton EP.

L.L : J’essaye de parler à un maximum de gens dans mes textes et j’essaye de me mettre à la place de ce que tout le monde ressent. J’ai conscience qu’on est tous humains et égaux, qu’on a tous des sentiments, et j’essaye de rendre mes textes parlants pour le plus de gens.

M : C’est ça la musique de toute façon !

L.L : C’est tout à fait ça !

M : Et, qui dit sortie d’un projet dit forcément… le live. Est-ce que tu peux nous teaser un petit peu ce qui va se passer ?

L.L : On sera deux sur scène. Moi à la batterie et au chant et mon acolyte Alex avec qui j’ai fait Vallée Verte à la guitare. Ça va franchement être très bien ! J’ai trop hâte de faire mon premier concert, le 10 décembre au Pop Up ! du Label, pour commencer modestement.

M : Et du coup, il est comment ton rapport à la scène ?

L.L : J’adore ça justement ! C’est aussi pour ça que j’ai envie de faire des lives très vite car c’est le moment où tu vas à la rencontre de ton public, et tu récoltes les fruits de ton travail. Tu te rends compte que des gens se sont approprié tes morceaux, qu’ils les connaissent. En tout cas, la connexion qu’on avait avec le public de The Pirouettes était géniale. Avec Vickie, le live c’était la raison pour laquelle on faisait tout ça.
J’ai hâte de reprendre avec Leo Leonard mais je me mets un peu en difficulté dans la mesure où je ne vais pas juste prendre le micro et jouer avec un groupe. Cette fois j’ai vraiment envie de participer à l’élaboration de la musique sur scène en gardant la batterie qui est mon instrument principal et chanter. Je suis debout à la batterie, un peu comme dans Velvet Underground. Voilà, c’est la réf’ !

M : C’est rare ! Et alors tu dirais qu’avec le temps tu es devenu plus team studio ou team scène ?

L.L : Je ne sais pas s’il faut être team l’un ou l’autre, c’est complémentaire et les deux sont franchement kiffants. Je peux vraiment ressentir des moments d’euphorie aussi bien sur scène qu’en studio quand quelque-chose marche, que tu es content de ce que tu as ou même au moment de la composition. C’est ce qui est intéressant : c’est beaucoup de travail, de remise en question et de douleur de créer des choses… mais quand ça marche, tu ressens un truc que tu ne ressens dans rien d’autre, c’est la satisfaction. Et, c’est ce que je recherche tant en studio que sur scène.

M : Je vois ! Et je vais donc arriver à ma toute dernière question : pourquoi écouter Vérités ?

L.L : Il faut l’écouter car il est entrainant, catchy avec des textes profonds qui peuvent faire réfléchir. Et la cover est très belle ! *rires*

Vérités, le premier disque solo de Leo Leonard est maintenant disponible. Et à écouter très fort pour prolonger les beaux jours. Il sera à re-découvrir sur notre scène préférée le 10 décembre : au Pop Up! du Label.

[INTERVIEW] Sourface, des percussions faites à base de casseroles aux scènes anglaises et françaises, en passant par un festival hongrois. Rencontre avec le groupe franco-anglais « post genre »

Ils sont quatre, jeunes, venus d’un côté et de l’autre de la Manche. Il sont chanteurs, musiciens, performeurs. Ils jouent entre Londres et Paris, en passant parfois par des villes hongroises, parce que « pourquoi pas ? ».

Ils s’appellent Alex, Ludo, Matt et Tom, mais sont plus connus sous le nom de Sourface.

Sourface, c’est un groupe franco-anglais qui est voué à être un quatuor distinguable parmi tant d’autres. Parfois, la musique est blues ou rock ; d’autres fois, elle est plus tirée vers la bossa nova ou le jazz.

Fin février sortait le clip de Puis Tu Verras, tourné en Provence et réalisé par Clément Jurkew, alors que le temps le permettait encore. C’est un titre en français, qui commence sous forme de balade, mais qui très vite nous donne envie de danser sur une batterie qui peut faire penser à celle de King Krule (A Lizard State), et sur des airs de « tropical punk ».

Avec Sourface, nous nous sommes rencontrés au coin d’une rue, dans un café. On a parlé, beaucoup, et ris (énormément). À l’occasion de la sortie de ce nouveau clip qui dévoile ses musiciens au fur et à mesure, découvre à ton tour le groupe franco-anglais qui n’aime pas être définit par une étiquette et qui à son tour, se dévoile petit à petit.

INTERVIEW

Musicaléomentvotre : Bonjour !

Sourface, en choeur : BONJOUR !

M : Comment est-ce que vous allez ?

S : Super fatigués mais a part ça on va très bien.

M : Vous existez depuis 2018 ; mais pouvez-vous nous dire comment vous vous êtes rencontrés, comment le groupe est né ?

Alex : C’est une longue histoire très intéressante. On faisait tous partis de la même licence à l’University College London. J’ai rencontré Matthew dans la résidence étudiante, on est directement devenus meilleurs potes. Il connaissait Ludo car ils étaient au même lycée avant et on a commencé à faire de la musique ensemble, en créant un groupe de jazz. Puis on a fait un week-end d’intégration dans le nord de l’Angleterre et on a organisé un faux mariage entre un ami homosexuel et un ami drag queen, avec une cérémonie. J’étais habillé en none, Matthew en prêtre, et on a fait toute la cérémonie suivie d’un concert. Tom, qu’on ne connaissait pas est venu nous voir en nous disant « Eh, vous faites de la musique, ça tombe bien puisque je suis batteur ». De retour dans la résidence, on a sorti des énormes casseroles et des spatules pour construire une batterie de fortune. C’était notre premier concert, et depuis, on ne s’est jamais quittés. 

M : Vous avez commencé avec des casseroles, et maintenant vous faites des concerts entre Paris et Londres, c’est génial. Vous décrivez comment votre univers actuel ?

Ludo : On a un terme : tropical punk, depuis qu’une journaliste nous a décrit comme ça. 
Tom : Ce n’est pas de la punk des années 70/80’s, c’est plutôt de la post punk anglaise, totalement mélancolique. C’est une énergie funk et dansante plutôt qu’agressive pour la plupart du temps. 
Alex : On essaye de devenir le premier groupe « post genre » parce qu’on fait aussi du jazz fusion, du rock, du funk, de la bossa nova… Même au sein d’une même chanson. On n’aime pas les étiquettes : les gens écoutent du Sourface pour écouter du Sourface.
Tom : À chaque fois qu’on termine un concert certaines personnes viennent nous voir en disant « ça m’a rappelé ça, ou ça », mais je n’ai jamais entendu deux fois le même nom (à part Parcels et L’Impératrice).

M : Et quelles sont vos influences dans ce cas ?

Alex : Henri Salvador.
Ludo : Walter Wanderley.
Matt : The Elevens, Eric Satie, pour créer de la musique impressionniste.
Tom : J’aime beaucoup le blues traditionnel, mais j’ai beaucoup grandis avec la musique qu’on fait. Donc ma première influence ce serait vous trois.

M : Vos influences sont très variées, c’est beau. Vous avez sorti il y a quelques temps un premier EP Daytime’s Past. Est-ce que vous pouvez nous en parler un peu ?

Ludo : C’était nos toutes premières chansons, qui datent d’il y a à peu près deux ans.
Alex : C’était une sorte d’essai. On avait de la funk française et de l’indie rock anglaise. Tout le monde connait Sweet Dreams Suburbia, mais ce n’est plus ce qu’on fait aujourd’hui. Ce premier EP, c’était une porte d’entrée vers notre deuxième EP, éponyme.
Tom : Si musicalement ce n’est plus nous, on garde le côté thématique : ce désir d’échapper à une situation, la plupart du temps urbaine. 
Alex : C’est un rêve d’ailleurs, du soleil qu’on n’a pas à Londres notamment. *rires*

M : Comment vous faites pour composer votre musique en prenant en compte les deux thématiques importantes chez vous : l’émotion et l’évasion ; tout en faisant en sorte que chacun de vous apporte sa pierre à l’édifice ?

Tom : Jusqu’à maintenant Alex écrivait les chansons en français et Ludo celles en anglais et l’avantage est qu’ils ont des univers en commun. Tout part d’une mélodie à la guitare, et le reste on le fait tous ensemble, en répétition ou avec des casseroles *rires*. On a cette chance d’être un peu tous sur la même longueur d’onde et d’habiter relativement proches les uns des autres ; et quand quatre personnes passent du temps ensemble, on devient rapidement une seule et même personne. 
Alex : On a aussi et surtout pu faire beaucoup de musique ces derniers temps, surtout pendant les périodes de confinement ; ça ne s’arrêtait jamais. On s’entend super bien, on échange beaucoup, et c’est comme ça que s’écrivent nos chansons. 
Ludo : Nos voisins ont même déménagé. *rires*

M : Je ne sais pas si c’est parce que vous faites de la bonne musique ou pas….

Alex : Ce qui est sur c’est qu’on faisait beaucoup de bruit.
Tom : Surtout Alex ! Il ne fait pas les mêmes deux choses pendant trente minutes, non ! C’est pendant deux jours !
Ludo : Mais à la fin, ça nous donne des pépites. *rires*

M : En ce moment, vous êtes à fond dans les concerts, comme on l’a dit entre Paris et l’Angleterre… quel est votre public préféré ?

Tom : Matthew devrait répondre !
Matt : Malgré ma petite expérience je dirais la France, c’est une atmosphère différente. En Angleterre ça peut être vu comme une ambiance « bureaucratique ». 
Tom : Jusqu’ici on a joué seulement au Truskel à Paris, c’était complet et nous on était au top du top. Pour nous ça marche mieux en France : peut-être que les français sont plus ouverts, et comme Matthew l’a dit, il y a moins de stress.
Alex : Et puis il y a énormément de compétition en Angleterre, et ce même si on est en tête d’affiche. 
Ludo : À Londres il y a une pression qui est créée car il y a beaucoup, beaucoup de groupes qui viennent jouer. C’est difficile, mais ça motive aussi !

Sourface : On s’amuse bien à Paris.

M : À votre dernier concert d’ailleurs il y avait pas mal de personnes qui parlaient anglais. C’est des fans à vous qui sont venus, ou des gens qui ont entendu de la musique et qui se sont dit « pourquoi pas » ?

Ludo : Il y a des étudiants anglais qui sont sur Paris, mais aussi les franco-anglais de Paris…

M : C’est cool que vous avez deux cibles assez distinctes…

Tom : …Qu’on arrive à rassembler !
Alex : C’est ça qui est bien : culturellement et musicalement parlant, on est vraiment dans la diversité.

M : D’ailleurs, vous avez fait un festival à Budapest, n’est-ce pas ?

Matthew : Oh god yes ! *rires*

M : Est-ce qu’on peut en parler ?

Ludo : C’était le tout premier.
Matt : Après deux ans sans avoir fait un gros live, on s’est retrouvés devant plein de gens à Budapest, il faisait beau, la musique était bien, c’était un super moment. 
Tom : On s’est retrouvés au fin fond de nulle part en Hongrie *rires*. C’était deux ans avant la création de Sourface, mon coloc et ses potes organisaient un festival de 700 personnes et nous ont proposés de venir y jouer.
Alex : On a choqué tout le monde grâce à des cannettes de Beanz.
Tom : On a crée un culte, un Dieu, et sur scène on a éclaté la vieille basse d’Alex.
Ludo : Elle s’est retrouvée en plusieurs morceaux dans toute la Hongrie. *rires*
Alex : Et maintenant, le manche qui a été signé par tous les membres du groupe, se retrouve accroché dans un bar à Budapest. Alors si vous y allez…

M : C’est quand même fou cette histoire de festival. Et puis, pour vous avoir vu en concert, vous êtes des sacrés performeurs, de l’entrée sur scène jusqu’à la fin, ça devait être quelque-chose. 

Tom : Ah ça c’est sur !

M : Et, vous préférez la scène ou le studio ? C’est totalement différent comme état d’esprit...

Ludo : Au début j’aurais peut-être dit studio, mais en vrai à cause de la pandémie, peut-être la scène.
Alex : On a commencé le live en février 2020 et deux concerts après c’était le confinement, ce qui bien sur nous a permis d’avoir une super période studio pendant laquelle on a pu expérimenter beaucoup de choses, en étant tous ensemble.
Matt : D’ailleurs ils sont tous venus chez moi pendant un mois entier. On faisait tout le temps de la musique, les seules pauses qu’on prenait c’était pour regarder le foot (et manger). C’était une super expérience, qui nous a fait grandir.
Alex : On en a aussi profité pour construire notre propre studio…
Ludo : … Grâce à l’argent de l’erasmus ! *rires*

M : On arrête de parler du passé et maintenant on parle du futur. Alex, tu l’as mentionné, mais un deuxième album arrive. 

Ludo : On espère qu’il sortira bientôt ! On a un premier clip, celui de Puis tu verras qu’on a tourné en Provence et maintenant disponible, depuis le 25 février. Et un deuxième clip tourné à Londres arrivera ensuite. 
Alex : Et puis l’album ! Il y a pas mal de chansons qui attendent…
Ludo : C’est très ambitieux…
Alex : … Et il est presque prêt, on a même enregistré une version live. On attend la bonne date pour le sortir.

M : Et d’après tout ce qu’on vient de dire, je suppose qu’il sera assez différent de ce que vous avez fait jusqu’aujourd’hui?

Ludo : Le premier EP était l’introduction, et l’album sera un monde développé, plus théâtrale, qui mettra en musique toutes les émotions qu’on peut ressentir.
Alex : On veut que ça soit le meilleur possible, on y met le meilleur de nous même. 
Tom : On verra bien! *rires*

M : On verra bien ! On arrive maintenant à la fin de l’interview, mais je suppose que vous avez d’autres concerts de prévus pour cette année ? 

Ludo : À Londres, à Paris…
Tom : On ne s’arrête pas !
Alex : On aimerait faire beaucoup choses dans les mois à venir.

M : On ne peut donc vous souhaiter que des belles choses, du live et des performances!

Tom : Ah tu nous as vu, à toi de nous dire si on le mérite !

M : Oh je pense que c’est pas mal hein *rires*.

Sourface : Ça vaaaaa !

M : J’ai l’habitude de laisser le mot de la fin aux artistes…

Sourface : Notre prochain EP sortira le 1er avril (et ce n’est pas une blague)

Merci à Sourface pour leur musique, leur temps et leur bonne humeur communicative. Le groupe continue de se produire entre Londres et Paris en ayant un seul but : être le premier groupe post-genre. Et c’est bien parti.

[INTERVIEW] JOE, nouvelle signature de Cookie Records, nous parle de son premier EP (et de sa toute première scène)

Paola Frankel est une jeune autrice, compositrice et interprète tout droit venue de Montpellier, ville où il fait bon vivre et qui regorge de nouveaux talents musicaux. Nous en avons d’ailleurs la preuve avec JOE, qui a sorti son premier EP Morphée ce vendredi 11 février chez Cookie Records, et qui s’apprête à monter sur la scène de La Marbrerie ce vendredi, pour nous présenter pour la première fois ses chansons en live.

Rencontre avec une chanteuse sensible et authentique, qui aime par dessus tout allier la musique d’antan à celle d’aujourd’hui.

Musicaléomentvotre : Bonjour Joe, quelques jours après la sortie de ton premier EP Morphée, comment est-ce que tu vas ?

JOE : Je vais très bien merci ! Je suis contente de pouvoir enfin faire écouter le fruit de deux ans de travail. C’est une étape très importante pour moi. Ce premier EP de Joe, c’est la réalisation du rêve de la petite Paola qui voulait être chanteuse.

M : Tu vas pouvoir nous présenter la totalité de tes titres très bientôt, mais avant cela, pourrais-tu nous parler de ton parcours dans la musique ?

J : Je chante depuis que je suis petite. J’ai été élevée avec une famille qui jouait de la guitare tous ensemble alors je me suis mise à chanter avec eux. Parallèlement, j’ai commencé à m’amuser avec le piano et les guitares qui traînaient chez moi. J’ai pris des cours de piano à 9 ans et je suis rentrée dans une chorale. Adolescente, j’ai pris des cours de chant dans plusieurs écoles de musique à Montpellier, en terminant par un orchestre jazz. A côté de ça, à 14 ans, j’ai fait la rencontre d’un musicien / producteur avec qui j’ai fait mes débuts dans la création originale. Même si j’ai toujours écrit dans mon coin, ça m’a appris à mettre mes textes au service de quelque chose. J’ai pu enregistrer en studio, commencer à réfléchir aux arrangements, etc… ça a été instructif.
Après le bac je me suis installée à Paris pour mes études (de Médiation Culturelle) et c’est là que j’ai rencontré Théo Pace puis Noah Poisson avec qui j’ai commencé à collaborer. Ils faisaient déjà de la musique avec leur groupe Later. J’aimais beaucoup ce qu’ils produisaient alors je leur ai envoyé une version guitare voix du Blues et de La Vida, et ils ont beaucoup aimé. Cette rencontre a vraiment marqué un tournant dans ma vie musicale parce que ça n’avait jamais autant matché artistiquement avec des gens. C’est donc avec eux que j’ai créé le concept de Morphée, et on continue de travailler ensemble aujourd’hui.

M : Comment caractérises-tu ta musique, d’ailleurs ?

J : Je dirais que ce qui caractérise ma musique c’est l’idée de mélanger le moderne et l’ancien. C’est une identité musicale qui me vient de la pop indie et j’aime beaucoup ce jeu vintage qui frôle parfois le ringard. Ce qui rend ma musique singulière est aussi la volonté de chanter en français. Ça a été un vrai challenge de rendre musicale une langue qui ne l’était pas forcément au premier abord pour moi. (J’ai grandi avec des influences musicales plutôt anglophones).
Au-delà de la musicalité, en ce qui concerne le sens, je veux toujours aller au-delà de l’évidence. J’aime beaucoup l’absurde, les jeux de mots, les allitérations, les doubles sens cachés. J’aime être dans l’évocation, c’est ce qui caractérise un peu mon style aussi je trouve.

M : Est-ce qu’il était important pour toi de commencer ta carrière en étant d’emblée signée dans un label, à savoir Cookie Records ? Pourquoi ?

J : Ce n’est pas tant un choix personnel mais plus stratégique. Cookie Records m’apporte une belle visibilité et un soutien énorme dans mon parcours. Tout ce qui concerne l’envers du décor (la paperasse, la communication, etc…) me dépasse un peu, et je laisse des gens m’aider de ce côté là.
Alexis (Camous) est quelqu’un de très humain, qui croit en ce projet et qui sait le défendre. C’est important pour moi d’être bien accompagnée, de m’entourer de gens pour m’aider et me conseiller car je ne sais pas tout. Deux de mes amis, Paul Negre et Raphael Bonafos (en étude dans le Management des Industries Musicales) m’ont également été d’une grande aide.

Ce sont des gens de l’ombre qui méritent d’être reconnus aussi.

M : Nous avons pu te découvrir à travers une reprise de Ichon sur le titre Miroir. Qu’est-ce que ça fait de chanter ces mots, reprise qui a été directement acceptée par l’auteur en question ?

J : Je me suis découverte à travers les reprises donc c’était tout naturel que j’en intègre une à mon premier EP. J’aime l’idée de reprendre une œuvre et d’y ajouter mon grain de sel, c’est une manière de rendre hommage et de donner une autre dimension à un morceau.
Je trouve que Miroir de Ichon est très bien écrit et je m’y reconnais complètement. Ce monologue schizophrénique, cette guerre introspective qui traduit de la difficulté de se faire face. C’est un thème universel qui me touche et qui est ici, très bien traité. Avec Miroir, mon intérêt était aussi de proposer une version beaucoup plus chantée. Ichon est issu de la culture rap et n’étant pas rappeuse, c’était une sorte de challenge personnel de reprendre un de ses morceaux. Ichon a directement accepté que je fasse une reprise de Miroir, pour mon plus grand plaisir *rires*.

M : Morphée, ton premier disque, ton premier enfant est composé de 8 titres, dont ta reprise. Peux-tu nous en parler ? Qu’est-ce que nous retrouverons dedans ?

J : Dans Morphée, nous retrouvons les élucubrations d’une jeune fille mélancolique qui découvre la vie. Morphée se construit autour de la thématique amoureuse, qu’elle soit niée, déchue, embrassée ou sensualisée. Mais je dirais que ce qui lie tous ces morceaux entre eux c’est la dynamique nocturne avec laquelle je les ai écrits et composés.
C’est un EP fait avec authenticité car il est assez introspectif, spontané et parfois un peu décalé. Dedans, je joue avec les mots et je m’amuse des situations dans lesquelles je me trouve avec nonchalance. Musicalement, il me représente bien : les influences jazz et soul se délient tout le long de l’EP et viennent lier les morceaux entre eux. Le côté un peu électronique (des synthés) ajoute de l’élévation, de l’onirisme.

M : Aimerais-tu dire un mot à tes auditeurs avant que ces derniers découvrent ta musique, ou aimerais-tu qu’ils s’en imprègnent directement d’eux même, à la première écoute ?

J : Je crois que cet EP parle de lui-même. C’est une invitation à découvrir mon univers et je pense que mes mots ne pourront jamais remplacer ce que la musique exprime. Mon Intro/Réveil est d’ailleurs là en guise d’avant-propos de l’EP. C’est le préambule de ma petite bulle musicale.

M : On retrouvera notamment dans cet EP un feat avec Bo Parleur. Peux-tu nous parler de cette collaboration ? 

J : J’ai rencontré les Boparleur via Instagram. C’est un duo de Lyon (l’un chante et compose au piano, l’autre est à la guitare). J’ai repris un de leurs morceaux et ils ont voulu me rencontrer. Ils sont vraiment talentueux et très spontanés. Le courant est tout de suite passé !
On s’est vu dans un bar du 5e et au bout de quelques heures on s’est retrouvés dans leur studio jusqu’à 5h du matin à faire de la musique. Et c’est ce soir-là qu’on a créé Faux Semblant. On s’est beaucoup amusés à l’inventer et elle traduit bien cette rencontre.

Ce morceau met en évidence ce qu’on a en commun avec les Boparleur ; la nonchalance et la spontanéité.

M : Pourquoi était-il important que Bo Parleur figure sur un de tes titres ?

J : C’était important qu’ils figurent dans mon EP parce que c’est une rencontre qui m’a beaucoup marquée musicalement. Au-delà du côté cathartique (donc solitaire) que la musique représente pour moi, elle est aussi un échange, un partage avec autrui. Concernant les Boparleur, dès que je les vois, il y a une vraie fusion musicale. On a d’autres projets ensemble, et je vais aussi figurer dans leur premier EP qui, je l’espère pour eux, sortira avant la fin de l’année 2022.

M : Le 18 février est une date à marquer d’une pierre blanche : nous pourrons te retrouver sur la scène du Consulat. Comment est-ce que tu te sens à l’approche de cette date ?

J : Le 18 février est une date importante pour moi car c’est ma première scène. C’est la première fois que je chante mes créations devant des gens avec mon nom sur l’affiche. Et La Marbrerie est une assez grande salle pour commencer donc mon challenge sera d’arriver à incarner ma musique spatialement. C’est un grand pas. Je suis très excitée à l’idée de pouvoir montrer les adaptations lives de mes morceaux et en même temps je stresse beaucoup (mais je crois que c’est normal *rires*). Je pense que la notion de live est ce qui me manquait pour concrétiser et rendre physique ma musique.

Comme je le disais juste avant, la musique c’est du partage, avec les musiciens mais aussi avec un public. Et j’ai vraiment envie de leur offrir le meilleur de ce que je fais, de leur faire ressentir des choses, qu’on passe tous ensemble un moment unique.

M : D’autres artistes t’accompagneront également à l’occasion.

J : Mon live band est composé d’un pianiste / claviériste (avec qui je travaille aussi en studio) Théo Pace et du guitariste Nils Hennig. Nous sommes aussi avec Alexandre Privat à la basse, Marius Faillot notre batteur et Raphaël Bonafos à la trompette. Ce sont tous d’excellents musiciens avec qui le courant est tout de suite passé. Au-delà d’être très carrés sur l’apprentissage des morceaux, ils proposent aussi leurs idées et elles sont souvent bonnes *rires*. C’est important pour moi que dans un groupe chacun puisse proposer des choses et donner son avis, afin que chacun prenne son pied musicalement. Pour certains, on se connait depuis peu de temps mais on aime tous jouer ensemble. Pour moi, les instrumentistes devraient avoir plus de reconnaissance pour le travail qu’ils font.

Sur scène, le show n’existe pas sans eux.

M : Enfin et pour conclure cette interview, je te laisse le mot de la fin (et nous nous revoyons très vite, en dehors des écrans).

J : Et bien merci de m’avoir permis de m’exprimer à travers cette interview et de me laisser l’espace pour développer mes idées. J’espère que mon EP trouvera écho en tes lecteurs et que cette interview a pu les éclairer sur mes intentions artistiques.

JOE jouera Morphée ce vendredi 18 février, à 21h30 sur la scène de La Marbrerie (Montreuil), à l’occasion de la Cookie Records Label Night. Retrouve ici le lien de l’évènement.

[INTERVIEW] La Rue de la Folie, l’importance du partage et de la poésie : le premier EP de Nicolas Ly

Il mélange l’ombre et la lumière, de la pop et de la poésie, la mélancolie et l’espoir. Alors que son EP Rue de la Folie n’était qu’à quelques semaines de sortir, nous nous sommes rencontrés, Nicolas Ly et moi-même à une terrasse de République. Ensemble, on a parlé de musique évidemment, de l’importance du partage et du contact, de ses chansons et de ses clips réalisés par Élisa Baudoin, avec qui la connexion s’est faite immédiatement.

Rencontre avec Nicolas Ly et son premier projet solo.


Musicaléomentvotre : Salut Nicolas, comment tu vas ?

Nicolas Ly : Hello! Ça va très bien, super même.

M : Est-ce que tu pourrais te présenter pour les personnes qui ne te connaissent pas encore ?

N.L : Je m’appelle Nicolas Ly, je suis auteur, compositeur, interprète et j’ai écrit un journal intime que j’ai eu envie de partager.

M : Et, qu’est-ce qui t’a donné envie de faire de la musique, de rendre ce « journal intime » public ?

N.L : C’est difficile de répondre parce que c’est très viscéral. C’est un peu notre condition d’artiste de se lever le matin et de communiquer des choses qui nous tiennent à cœur, qu’on ne peut pas trop dire autrement que par l’art en fait. C’est vraiment ça qui me pousse : une envie de connecter, déjà avec moi-même, pour ensuite connecter avec les autres.

M : Peut-on dire que la musique est pour toi une sorte d’échappatoire ?

N.L : Complètement, dans le sens où dans mon écriture j’essaye de me créer un monde à moi avec ses propres règles, c’est-à-dire : il n’y a aucune règle.

M : Si on revient un peu sur ton parcours, avant d’avoir une carrière solo tu faisais partie d’un groupe, Applause. Est-ce que tu peux nous en parler un petit peu ?

N.L : Applause c’est une expérience hyper intense, où je sortais d’une période très solitaire aux Beaux-Arts, en sculpture, où on est vraiment seul avec soi-même… et j’en souffrais un petit peu. J’ai rencontré des super musiciens belges, par l’intermédiaire d’un pote qui savait que je voulais chanter sans que je ne lui dise. Il m’a dit « vient à ce concert, il y a des super musiciens et ils cherchent un chanteur ». Donc j’y suis allé, c’était les musiciens d’Applause, avec un autre chanteur, ancien des Nonnes Troppo, un groupe des 90’s complètement barré. Ce qu’ils faisaient avec lui, c’était juste sublime. Je suis allé les voir après le concert et une semaine plus tard on partait sur les routes, ça a matché directement, tout était à sa place, on voulait tous ça. On a écrit, on est partis et la motivation c’était ça : partager et connecter.

M : Tu es resté huit ans dans ce groupe, pas loin d’une décennie. Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer en solo et à changer de registre, jusqu’à ne chanter presque plus qu’en français ?

N.L : C’est cette nécessité de s’exprimer. J’avais encore quelque-chose qui me bloquait dans le fonctionnement du groupe. C’était génial, mais il me manquait cette note d’intimité. J’avais beaucoup d’ambitions musicales pour me laisser emporter plus longtemps dans des tournées, ce qui est génial et intense, mais qui bloque un peu la créativité. Au bout d’un moment il faut se poser pour écrire et pour s’exprimer. Le groupe, c’était des gens vraiment bienveillants qui ont compris tout de suite que je devais explorer quelque-chose solo. J’écrivais de mon côté avant et pendant Applause, j’ai fait les premières parties de Spleen qui à l’époque m’a soutenu… jusqu’au grand saut en 2014 où j’étais avec moi-même. On écrit et on avance.

M : Justement en parlant de ton écriture, comment trouves-tu ton inspiration ?

N.L : Ce sont les gens qui m’inspirent en fait. Là, on est dans un café et j’ai d’ailleurs écris pas mal de chansons ici, en regardant les gens et en imaginant leurs vies. C’est très voyeur comme démarche, je suis fasciné par les sentiments et les relations humaines, la magie d’une rencontre amoureuse, le rêve que ça peut convoquer, ces petits moments de vie que j’ai envie de figer. Tout ça m’inspire et j’imagine des choses qui parfois tombent juste, puisque ça résonne dans ceux qui écoutent. C’est là qu’on est bien.
À ça, je garde toujours une note métaphorique car je n’aime pas être dans l’expérience au premier degré, ce qui fait partie de mon caractère réservé. J’aime bien parler des choses sans vraiment en parler, et c’est comme ça pour moi qu’elles deviennent assez universelles. Tu rajoutes à ça une mélodie, une ambiance à des mots, des sons particuliers et des images. C’est vraiment quelque-chose de passionnant et ça ouvre à l’introspection. J’essaye aussi de garder mon côté festif et positif pour mélanger une sorte de mélancolie de l’observation du monde autour de moi, avec cette recherche de la lumière.

M : Tu disais à un moment « rajouter une ambiance, des mots, une image ». À l’heure où nous discutons, tu as déjà sorti trois clips réalisés par Élisa Baudoin : Troisième Sous Sol, Elle Souriait et Rue de la Folie. Tu peux nous parler de cette collaboration ?

N.L : C’est vraiment le résultat d’une rencontre avec Élisa et Loumir, son copain qui s’occupe aussi de mon projet au niveau de l’édition et qui avait organisé le dernier concert d’Applause, en 2016. C’est deux têtes pensantes qui sont arrivées dans mon projet et qui maintenant sont indissociables de ce que je fais, dans le sens où tout est résultat d’affinités. Avec Élisa j’ai tout de suite compris qu’on avait la même vision qui dealait vachement avec le surréalisme, tout en apportant une note un peu urbaine, contemporaine. Ce que j’aime chez elle c’est que, comme mes textes sont un peu imagés, elle ne cherche pas à illustrer ça et parfois elle va même aller à leur encontre, comme dans Troisième sous-sol : je dis « je murmure à ton oreille » et là, elle filme un mec qui gueule. Pour moi là, l’association est super intéressante. Les choses ne vont pas se présenter de manière évidente, c’est un esprit sans aucune barrière ni morale, sans se dire qu’il y a une continuité, un raccord lieu-temps. Là, on expose tout en partant de ces textes et on trouve le moyen d’incarner ce que je suis, la persona soit le Nicolas qui est aussi ma création. On essaye tous ensemble de proposer quelque-chose de nouveau, d’incarné et de surréel. Avec Élisa, plus on avance et moins on a besoin de parler : tout ce qu’elle propose raisonne. C’est une rencontre géniale qui n’est pas donnée à tous les artistes, et ça se chérie. C’est sacré.
Loumir quant à lui m’a vu sur scène, et quand il a su que je me lançais dans mon projet, on a commencé à faire des promos ensemble, je lui envoyais quelques textes. Puis au bout d’un moment je lui ai dit « mais tu es mon manager » ; c’était parti pour l’aventure. J’aime savoir que j’ai trouvé des gens qui sont vraiment bienveillants par rapport à ma vision et qui m’aident à mettre du charbon dans la locomotive. Le résultat final est quelque-chose de très collectif ; ça part de quelque-chose d’intime pour arriver à un truc plus universel.

M : À l’heure où nous discutons, ton EP n’est pas encore sorti, mais tu as déjà dévoilé la pochette de ce dernier. À ce moment-là, tu décrivais cette pochette en disant « je puise souvent mon inspiration dans des choses sombres pour les retranscrire en lumière et poésie ». Qu’est-ce que cette pochette représente ?

N.L : Cette pochette est encore un hasard : on a shooté chez moi avec Élisa, vêtu de ce manteau en vinyle. On a trouvé ça assez graphique puis elle m’a renvoyé cette photo de moi, en négatif avec une ombre derrière. Il se trouve que ça correspondait vraiment à mon intention par rapport à mes chansons : partir de quelque-chose de très profond personnellement pour en faire quelque-chose d’intime grâce aux mélodies plus solaires. L’image correspondait parfaitement à mon intention, celle de créer une pop introspective. La pop Nicolas Ly.

M : En ce 21 mai 2021, ton EP Rue de la Folie sort dans un peu moins d’un mois. Comment tu te sens, là ?

N.L : Je me sens fébrile, j’ai envie que ça marche, que cet EP tombe dans des oreilles bienveillantes, que les retours ne soient pas tièdes. C’est une libération d’avoir enfin un objet qui recèle mon âme. Ce n’est pas rien, c’est particulier voire indescriptible. J’ai mis 2-3 ans de ma vie dans ce projet, après avoir écrit une centaine de chansons, on en a gardé assez peu pour cet EP qui sort le 17 juin. Il y en aura d’autres pour l’album et j’ai hâte aussi ! L’EP c’est génial mais l’album qui arrive derrière… c’est encore plus spécial. Là, je livre une boîte avec mon âme dedans et vous en faites ce que vous voulez. C’est hyper excitant.

M : En attendant de pouvoir se le procurer, tu peux nous dire ce qu’on retrouvera dans cet EP ?

N.L : Il y aura un clip le jour de la sortie, avec un décor dingue. Et même si ça sort dans moins d’un mois, il y a toujours du travail dessus. J’aime bien quand c’est comme ça parce que ça reste vraiment très neuf, chaud comme la braise.

M : J’ai hâte ! D’ailleurs, en pleine crise du COVID, tu sors ce disque et il va tout de même falloir le vendre grâce à la scène alors, comment est-ce que tu appréhendes tout ça ?

N.L : Je pense que je vais sortir mon EP et que les choses vont doucement revenir, même si ça va être très lent. Les gens vont revenir doucement vers le fait de s’enfermer dans une pièce avec une foule. On vit quelque-chose d’un peu biblique, c’est dingue. La vie ne sera jamais la même, on s’en relèvera doucement et je compte bien être là pour cette résilience festive. Ça va être très beau parce que pour le coup, je pense que chaque concert va devenir un peu exceptionnel maintenant.

M : En tout cas moi j’ai vraiment hâte de te voir sur scène…

N.L : Et moi très hâte de te voir dans le public ! *rires*

M : Je serais bien présente ! J’en profite pour te laisser conclure cette interview avec le mot de la fin, avant d’aller écouter ton EP qui est disponible depuis le 17 juin.

Nicolas Ly : partageons.

Merci à Nicolas Ly pour son temps, sa bienveillance et pour sa musique si sincère qu’il nous partage.

[INTERVIEW] Terrier, le premier chapitre de sa nouvelle vie et le désir de rester ado

Il est de ces artistes dont on ne peut pas décrire le style en seulement quelques mots. Terrier a une voix grave et imposante qui peut parfois te faire penser à celle d’un King Krule à la française. Ses chansons sont tantôt rock, tantôt plus tirées vers le slam voir vers le rap. Il a un parcours qui l’a fait rencontrer les bonnes personnes et aller dans des salles ou des festivals de renommée. Aujourd’hui, il sort Naissance, son premier EP.

Rencontre avec Terrier et sa nouvelle vie.


Musicaléomentvotre : Bonjour Terrier, comment tu vas ? 

Terrier : Ça va bien, je viens de me reveiller, je suis avec mon petit café là. Et toi ? 

M : Ça va bien, merci ! Est-ce que tu pourrais te présenter pour les (quelques) personnes qui ne te connaissent pas encore ?  

T : Je m’appelle Terrier, je suis dans la vingtaine mais j’ai beaucoup de mal à assumer cet âge adulte, parce qu’au fond de moi je suis toujours un gamin. Je fais une sorte de chanson / slam sur de la pop, rock, hip hop et punk sur des sujets tels que l’adolescence, les origines, les potes d’enfances, l’amour…

M : Revenons sur ton parcours : une rencontre avec Rone en 2019, les Inouïs du Printemps de Bourges en 2020, et quatre clips à ton actif… Tu peux nous parler de ton parcours atypique, depuis que tu fais de la musique ? 

T : J’ai commencé la musique très jeune dans l’école de musique de ma commune d’enfance. Puis j’ai eu quelques groupes de rock dans lesquels j’étais guitariste. Je suis monté sur Paris en 2015 pour faire de la musique de film avec mon pote Tim. Puis en 2019 on a changé de studio et on s’est retrouvés à côté de Rone. Moi je montais mes premières chansons en solo sous le nom de Terrier et j’étais dans un cadre de ouf avec un musicien énorme comme voisin… J’ai eu beaucoup de chance, et il m’a beaucoup soutenu. Après, j’ai eu la chance d’avoir de nombreux évènements de développement comme le printemps de Bourges pour faire connaitre mon projet, et surtout le Chantier des Francos qui m’ont beaucoup aidé à me trouver sur la voix. Je ne sais pas si c’est atypique, je pense surtout que c’est un cumule de chance que je prends à bras ouverts héhé.

M : Le 14 mai, tu as sorti ton tout premier disque, Naissance. Comment est-ce que tu te sens ? 

T : Et bien ça va toujours bien, j’ai fini mon café là. Mais sans rire, je suis super content de ce qu’il se passe, il y a plein de relais, beaucoup de presse, j’ai beaucoup de messages de mes potes… Vraiment ça donne envie de continuer et de bosser encore plus fort. 

M : Tu as presque réalisé ce dernier entièrement seul. Pour un premier disque c’est plutôt réussis, non ? 

T : Oula c’est peut être un peu tôt pour savoir haha ! Le souci c’est que j’entends tout ses défauts… alors c’était super de le faire tout seul mais j’aimerais pouvoir prendre plus de plaisir à le réécouter aujourd’hui haha.

M : Naissance est composé de 7 titres, portés par ta voix grave et reconnaissable. Peux-tu nous en parler ?  

T : C’est un premier chapitre de cette vie Terrier, il est composé de sept titres complètement différents musicalement et en terme de sens, aussi. J’avais envie de rassembler dans un premier disque, mes différents traits de personnalité, même s’il en manque encore pas mal… mais ça sera pour l’album.  

M : Avec tes chansons, on arrive un peu plus à « comprendre » le monde dans lequel on vit. Est-ce que la crise sanitaire a joué sur l’écriture de tes textes ? 

T : Alors malheureusement pour la question… toutes ces chansons ont été composées avant la « période Covid ».. Je pense que c’est l’urgence qui s’y dégage qui peut être comparable, ou le besoin de cloisonnement comme dans le titre Demain. Il prend une autre dimension aujourd’hui, mais ce n’était vraiment pas écrit en rapport avec cette période.

M : D’ailleurs, on se rapproche de la fin du tunnel et il me semble que tu as quelques dates de prévues en 2021. Qu’est-ce que cette idée de remonter sur scène te procure ? 

T : Je suis super super super impatient. J’ai monté ce projet pour faire du live et là ça à fait plouf… Du coup j’ai bien hâte de remonter sur scène, je flippe aussi parce que j’ai perdu le rythme et l’aisance… je risque d’être timide quoi, mais ça va revenir !

M : Et en attendant, à quoi peut-on s’attendre ?

T : Des stories de foot pendant l’Euro 2021 sur mon compte Instagram (@jesuisterrier).

M : Enfin, je te laisse le mot de la fin et te souhaite que des belles choses pour la suite. 

T : Merci beaucoup, j’espère qu’on se rencontrera vite dans la vraie vie.
Que l’adolescence nous reste ! 

Merci à Terrier pour le temps accordé

[INTERVIEW] Météo Mirage, leur nouveau disque et la notion de « désert »

Leur second EP est disponible depuis le 30 avril. Météo Mirage nous dévoile cinq nouveaux titres élégants et poétiques (comme à l’heure habitude). Pendant l’écoute de ce disque, les voix d’Alexis et Max se répondent avec des mots simples, sur fond de musique douce, de musique pop, de musique qui donne parfois des frissons et qui nous font du bien.

Rencontre avec Météo Mirage.


Musicaléomentvotre : Bonjour Météo Mirage, comment allez-vous ?

Météo Mirage : Ça va ! On est très excités par la sortie de notre EP et on réfléchit à plein de nouveaux projets.

M : Est-ce que vous pouvez vous présenter, vous et votre musique ?

M.M : Météo Mirage c’est un groupe qui raconte des histoires ! On s’est tous rencontré en faisant de la musique au cours des années et on a lancé le groupe en 2017. L’envie de départ, c’est d’explorer les textures et de proposer une pop atmosphérique avec le texte au centre. Depuis, on cherche à dessiner des paysages et à embarquer les gens dans nos voyages. 

M : En mars 2019, vous avez sorti un premier EP de quatre titres, Pacifique. Que pouvez-vous nous en dire ?

M.M : Cet EP c’était un peu notre baptême. On l’a enregistré à la maison, avec très peu de connaissances et de méthode. C’était hyper formateur car on a tout appris sur le tas et on a fonctionné à l’instinct. La copie est peut être un peu brouillonne, mais on en est très fiers car il nous a ouvert des portes et mis à part le mix. On l’a fait en autonomie totale.

M : Depuis, il s’en est passé des choses et vous ne vous êtes pas arrêtés là. Fin janvier, vous avez sorti le clip de Ton Nom et plus récemment celui de Transforme. Pouvez-vous nous parler de ces deux nouveaux titres ?

M.M : Ces deux titres sont assez évocateurs de ce qu’on a voulu faire avec cet EP.
Ton Nom, ça raconte un « road-trip » sans direction et ça s’inscrit dans notre envie de créer des bandes-son de voyage, une soundtrack pour les longues routes. Transforme, est un titre très intime, qui raconte l’histoire de ma sœur, Eve, qui est transfemme. C’est un titre très épuré, très centré sur le texte. Avec cet EP, on voulait assumer une certaine fragilité pour laisser transparaître l’émotion. 

M : Et justement, quels thèmes souhaitiez-vous aborder ?

M.M : L’EP tourne autour des idées de doute et de renouveau. On s’est beaucoup imaginé le principe de la page blanche : une vaste étendue, où tout est possible, mais aussi compliqué. Qu’on parle de solitude, de rêves d’évasion, de recherche intérieure… on a toujours pour point commun les notions de changement et le renouvellement !

M : Vous pourriez le décrire en seulement quelques mots ?

M.M : Entier, onirique, élégant et viscéral.

M : L’EP s’appelle Météo Mirage et est disponible depuis le 30 avril. Qu’est-ce que cela vous procure ?

M.M : D’abord, on est hyper heureux de pouvoir défendre de nouveaux titres, de pouvoir écrire un nouveau chapitre de notre histoire ; de sortir des morceaux dont on est très fiers aussi, et qu’on a fait avec la plus grande sincérité.
Mais aussi un peu frustrés de ne pas pouvoir partager ça sur scène tout de suite…

M : À ce propos et d’après les thèmes que vous abordez, est-ce que la crise sanitaire a joué dans l’écriture de cet EP ?

M.M : La plupart des titres on été écrit avant la pandémie, donc pas vraiment. Disons que ça a pris une toute autre signification dans la suite du processus, notamment au moment de réfléchir les clips et les visuels.
Et puis Où Êtes-Vous ?, le dernier titre rajouté, est le seul à avoir été écrit après le premier confinement. Il parle de solitude et du besoin d’exister à travers le regard des autres.

M : À travers vos cinq titres on reconnait bien la notion de « désert ». Comment est-ce que cet environnement vous inspire ? 

M.M : On a beaucoup trippé sur le désert pour plein de raisons. D’abord parce que c’est un espace qui nous est inconnu et qui nous attire. Ensuite, parce qu’il nous fait voir plein d’images, notamment à travers des films comme Paris-Texas. Mais aussi, parce que le désert peut être partout : en soi, à travers des relations, etc… Et que c’est donc à la fois un espace de vide, mais aussi de liberté.

M : En attendant de pouvoir se retrouver dans la vraie vie, sur scène, à quoi pouvons-nous maintenant nous attendre ?

M.M : On prépare plusieurs contenus pour essayer de rendre tout ca plus réel, de partager en vrai, ou presque. On en dira plus dès que ça sera prêt… Et puis, on écrit plein de titres, donc ça va enchaîner !

M : Comme à mon habitude, je vous laisse le mot de la fin (et vous souhaite une très bonne continuation, en espérant pouvoir vivre vos chansons très vite).

M.M : Rien n’est grave !

Merci pour le temps accordé par Météo Mirage

[INTERVIEW] Rencontre avec The Vibes Lobbyists, les good vibes du groupe et son dernier clip

C’est un groupe R’n’B contemporain et néo-soul qui a vu le jour en 2018, tant sophistiqué que paradoxal. Tiffania, Kim, Félix, Michaël et Nobo font de la musique dite moderne, et arrivent à conquérir les coeurs de leurs auditeurs en offrant des ambiances undergrounds et lénifiantes.

Rencontre avec The Vibes Lobbyists, qui vient de sortir son second clip.


Musicaléomentvotre : Bonjour Kim, Tiffania, Félix, Mickaël et Nobo. Comment allez-vous ?

Tiff : On fait aller ! 

Kim : Très bien !

Félix : Tip top merci.

Mickaël : Nickel.

Nobo : Très bien aussi.

M : Pouvez-vous présenter The Vibes Lobbyists ?

Kim : Nous sommes un groupe de neo-soul / RnB de la région niçoise. Nous avons formé le groupe en 2018 en commençant avec des reprises de H.E.R, Sabrina Claudio ou The Internet par exemple. Puis on est rapidement passés à la composition en 2019, sous l’impulsion d’une belle opportunité : la première partie de Cory Henry pour les Nice Jazz Festival Sessions. Depuis, on a pu faire quelques jolis concerts et sortir deux clips… à retrouver sur Youtube !

Tiff : Nous sommes très simplement cinq copains dont la vie est la musique, et qui se sont associés pour vous transmettre des good vibes à travers leur RnB lénifiant. 

M : Quel est votre rapport à la musique, et comment l’idée de monter un groupe vous est venue ? D’ailleurs, pourquoi avoir choisi ce nom ?

Tiff : Chez moi, la musique est présente depuis ma naissance. C’est devenue une passion grâce à la découverte de l’accordéon lorsque j’étais au conservatoire de Marseille. J’ai aussi chanté dans des chorales de gospel et des groupes de reprises. 
En ce qui concerne le choix du nom du groupe, c’est un ami, Peo, qui a proposé ce nom. Tout le monde autour de moi connaît mon penchant pour les vibes infinies et cette proposition nous a fait beaucoup rire. Du coup, nous nous sommes dit : pourquoi pas ?

Kim : L’idée de monter ce groupe vient de Tiffania. Un jour, elle a eu envie de monter un projet RnB / neo-soul. Elle connaissait Mickaël de longue date et lui en a parlé. A son tour Mickaël est venu nous en parler… Mickaël, Félix et moi jouions déjà très régulièrement ensemble, alors l’assemblage s’est fait naturellement. Par la suite le manque de la basse, jusqu’alors assurée par Mickaël au synthé, s’est fait sentir et c’est à ce moment qu’on a appelé Nobo en renfort. Il jouait avec Félix dans un autre groupe du coin. 

M : Étant un quintet, j’imagine que vous avez plusieurs inspirations et influences. Comment réussissez-vous à tous vous mettre d’accord pour créer cette musique qui vous est propre ?

Félix : On vient effectivement tous d’horizons assez différents mais, même si certains penchent plus vers le jazz et la soul, d’autres sont plus vers le RnB ou encore vers le funk et le hip-hop. Je pense qu’on a tous en commun une certaine affection pour la « black music». 
Le groupe s’organise autour des compositions de Kim et des mélodies et des textes de Tiff. C’est de là que partent les morceaux et nous mettons ensuite tous notre propre personnalité musicale dans l’interprétation.

Mickaël : Oui en effet, il y a plusieurs moteurs dans le groupe, en particulier Kim et Tiffania qui gèrent beaucoup de choses comme l’écriture, la communication, etc… Félix, Nobo et moi apportons notre pierre à l’édifice notamment sur la partie musicale. 

Kim : Nous arrivons assez rapidement à nous mettre d’accord finalement. Nous sommes très complémentaires car nous sommes chacun différents : rêveur, perfectionniste, timide ou extraverti… mais avec des valeurs communes, ce qui nous permet de respecter la place et la parole de chacun. 

Nobo : Nous avons aussi une passion commune pour l’ironie, le second degré, et les tacles à la jugulaire…

M : Vous venez de sortir un tout nouveau single, Turn Off The Light. Un mois plus-tard, comment vous sentez-vous ?

Tiff : Super contente, on a de bons retours. Un peu frustrés avec le contexte car on aimerait bien le présenter en live. 

Félix : Je suis très heureux de concrétiser et de finaliser ce morceau qui nous a demandé pas mal d’allers-retours dans le processus de production et d’enregistrement. Très content du résultat en tout cas.

Kim : Plutôt bien ! La sortie s’est bien passée, le titre a été bien accueilli par ceux qui nous suivaient déjà, et aussi ceux qui nous découvrent. Aujourd’hui, nous avons plus de 80 000 vues sur le clip !!! Nous étions loin d’imaginer que cela serait possible !

M : Comme vient de le mentionner Kim, ce titre est accompagné d’un clip. Pouvez-vous nous en parler ?

Tiff : Dans cette chanson, j’ai souhaité aborder un sujet assez sensible en amour. 
Turn Off The Light évoque les relations toxiques : lorsqu’une personne exerce son emprise sur l’autre pour le faire sombrer avec lui. Ça parle des passions destructrices que nous pouvons vivre et qui nous enchaînent. Nous avons voulu mettre cela en scène à travers des danseurs. En ce qui concerne le lieu de tournage, là nous avons eu la chance extraordinaire de pouvoir collaborer avec la Villa Ephrussi de Rothschild à St Jean Cap Ferrat. C’est un lieu d’exception. La Villa nous a fait confiance et c’est un honneur. Elle a été un réel soutien dans ce travail de production et d’accompagnement pour nous qui sommes encore un jeune groupe. Finalement nous avons pu réaliser un clip 100% local !

Kim : Nous avons choisi de travailler avec le même réalisateur que pour notre premier clip, Thomas Amen qui est de Nice. Il était accompagné de Killyan Challah, chef opérateur. Ça demande pas mal de préparation en amont pour nous, comme pour les danseurs d’ailleurs. Nous avons organisé le tournage sur une seule journée où se sont enchaînés maquillage, préparation des salons, prises de vues, répétition et tournage… Le résultat est vraiment à la hauteur de nos espérances. Nous voulions sublimer ce lieu hors du commun, tout en racontant notre propre histoire.

Félix :  Et que dire si ce n’est que cet acteur au balcon mérite clairement un Oscar. Pas l’homme à lunettes, l’autre !

M : Ce dernier est une continuation du précédent clip, Dancing On The Moon, et j’ai l’impression qu’il constitue une longue histoire au fur et à mesure. Mettre en image vos chansons est-il quelque-chose de très important pour vous ?

Tiff : De nos jours le visuel est important et il aide à véhiculer la musique que l’on veut transmettre.

Kim : La vidéo est devenue quasiment indissociable du monde musical. Il est difficile de sortir un single sans un clip. Mais au delà de ça, nous aimons tous beaucoup le cinéma au sens large donc l’association a été naturelle. Dans nos clips, il y a en effet un fil rouge amené par cette fameuse K7, transmise de chanson en chanson par différents intermédiaires. C’est une façon de représenter ce que l’on souhaite : diffuser le plus possible notre musique pour que celle-ci raconte notre histoire.

M : En vue de la situation actuelle, on peut dire qu’il faut beaucoup de passion et de courage pour promouvoir son groupe sans pouvoir faire de scènes. Vous qui en avez fait dans le passé, comment la COVID-19 vous impact-elle artistiquement parlant ?

Tiff : Nous avons pu faire cinq scènes en live stream depuis ces évènements. L’absence du public est assez frustrante, mais c’est mieux que rien !

Kim : Comme toutes les périodes où les choses changent, c’est aussi le moment de se remettre en question, de trouver des objectifs pour ne pas sombrer et donc de créer ! Certes la scène et le public manquent clairement, mais nous essayons de nous accommoder des contraintes pour en faire quelque chose de positif.

Félix : Parfois on est dans une forme de continuité qui nous amène à penser certaines choses comme acquises ou immuables. Des épisodes comme celui du COVID nous rappellent que tous les équilibres sont fragiles et que l’adaptation est la clé pour continuer. Quelque part ça amène à se remettre en question et c’est toujours bon dans le processus artistique… Faut voir tout ce truc avec un peu de distance, de zenitude et beaucoup de patience je pense, sinon on a vite fait de sombrer mentalement avec tous ces lives annulés, ces confinements, ces problèmes économiques qui s’annoncent pour beaucoup d’artistes.

M : Néanmoins, votre musique reste solaire et j’ai l’impression que vous n’avez pas dit votre dernier mot. À quoi pouvons-nous nous attendre pour la suite ?

Kim : Nous sommes en pleine production de notre premier EP. Il sortira fin juin. Si tout se passe bien,  il sera suivi de la sortie de notre troisième clip. A côté de ça, nous préparons aussi le retour des concerts avec une très belle date prévue au Festival Nuits Carrées à Antibes. Nous avons d’autres dates mais encore en attente… Donc beaucoup de choses sur le feu ! Ce que nous souhaitons c’est que cet EP représente le premier chapitre du groupe et que nous puissions continuer à grandir grâce à lui !

M : Pour finir cette interview, je vous laisse le mot de la fin.

Tiff : Allez checker notre musique sur les plateformes de streaming, et retrouvez nous sur les réseaux pour suivre notre actualité : Instagram (@thevibeslobbyists), Facebook ou Youtube (The Vibes Lobbyists).

Kim : Ou sur notre site directement : www.thevibeslobbyists.com. Vous pouvez vous y inscrire pour recevoir des cadeaux et visiter notre boutique. On espère retrouver très vite tout le monde lors de concerts, où on aura à cœur de proposer une ambiance intime, chaleureuse et où vous aurez les épaules qui bougent toutes seules dans un mouvement lent et accrocheur ! Les Vibes, c’est une équipe de musiciens qui jouent avec leurs tripes. Nous voulons transmettre une énergie remplie de groove où Tiff apporte de la puissance avec sa voix et de la douceur avec ses vibes…

Merci à Kim, Tiffania, Félix, Mickael et Nobo pour leur temps et leurs good vibes.

[INTERVIEW] Oscar Anton « Je pense avoir été tellement frustré de ne pas pouvoir sortir de musique pendant ces quelques années que j’avais besoin de faire l’inverse »

L’artiste français Oscar Anton s’est lancé dans un projet fou cette année, en décidant de créer et de partager de la musique chaque mois. Le concept ? Dévoiler trois titres inédits dont un bonus entre le mois de janvier et le mois de décembre 2020. Nous avions donc rendez-vous sur toutes les plateformes et sur les réseaux sociaux d’Oscar tous les derniers vendredis du mois pendant douze mois pour découvrir ses titres, de la manière la plus spontanée qu’il soit. Home of Sanity, c’est le nom de ce projet qui nous a accompagné pendant cette folle année, durant laquelle la musique était une chose, ou que dis-je, un art indispensable. Rencontre avec Oscar Anton, et retour sur son parcours.

Salut Oscar, peux-tu te présenter à ceux qui ne te connaissent pas (encore) ?

Salut ! Je m’appelle Oscar, j’ai 24 ans et je fais de la musique. Je fais à peu près tout depuis mon studio (qui est aussi ma chambre btw), de la composition à l’enregistrement, production et création des visuels. Le confinement fait partie de ma vie depuis un petit moment finalement.

On dit que nos goûts musicaux sont parfois le reflet de ce que nous écoutions plus jeunes. Quel est ton rapport à la musique et comment penses-tu que ton entourage a pu t’influencer musicalement parlant ?

Yes c’est certain ! J’ai grandis en écoutant les disques de mes parents. C’était surtout de la musique internationale, genre Bob Marley, Robbie Williams, U2, Coldplay, James Morrison. On ne regardait pas beaucoup la télé mais on écoutait beaucoup de musique à la maison. J’ai toujours été fasciné par les émotions que pouvaient transmettre les mélodies, sans même comprendre un mot j’avais l’impression qu’on me racontait une histoire. Hyper naturellement j’ai voulu en raconter moi aussi par la suite.

Avec du recul et de l’expérience, comment est-ce que tu caractérises ta propre musique ?

Je crois que je fais de la pop au sens très, très large haha. J’essaye de ne me limiter à rien, je pense que j’ai tellement à apprendre et à découvrir que je ne vois aucun interêt à me cantonner à un style en particulier. Cette année, j’ai été inspiré par du jazz, de la bossa- nova, de l’électro, de la soul et cinquante autres sous genres. Tant que la chanson me touche j’en suis fier, peu importe l’orientation artistique de celle-ci.

Après avoir été signé pendant trois ans chez Polydor, tu as décidé de te lancer en indé. Pourquoi avoir fait ce choix ?

Encore une fois, je pense tirer un vrai apprentissage de ces trois années. J’ai signé en label à 19 ans, avec quelques chansons seulement dans mon ordinateur. Je pensais qu’avec des équipes et une organisation, tout irait beaucoup plus vite ; ça a été le contraire. Les grosses maisons de disques ont beaucoup d’artistes, énormément de projets à gérer et lorsqu’on arrive, on n’est pas la priorité. Il fallait toujours attendre quelqu’un, quelque-chose, le bon moment… Je voulais apprendre, composer, me tromper, avancer, mais je n’avais pas cette liberté. J’ai donc décidé de quitter le label, et de tout gérer seul. Cette fois-ci, succès comme échecs, je serais seul responsable.
Enfin, au delà de cet aspect organisationnel, je n’étais pas du tout d’accord avec la stratégie du label, pour moi en retard sur la consommation de musique actuelle. Ma génération et de plus en plus celle de nos parents, a adopté la digitalisation. On écoute notre musique sur les plateformes de streaming, réseaux-sociaux… et la stratégie doit se faire dans ce sens. Les statistiques d’écoute sont disponibles en temps réel et impliquent des décisions ultra rapides, difficiles pour d’anciens modèles.

Tout ça pour dire que maintenant, je fais un peu ce que je veux… haha.

Penses-tu alors que le fait d’être dans une Major peut « imposer » des limites dans un processus de création ?

Ça dépend évidemment du label, certains l’ont très bien compris mais d’autres peinent encore, surtout en France.
En tant qu’artistes, nous ne sommes plus limités au format d’album ou EP pour sortir notre musique, le streaming nous permet par exemple de sortir des titres quand on veut, sous n’importe quelle forme. Et je pense que de la même manière le public est en train de changer sa façon d’écouter et suivre les artistes. Lorsqu’on me demandait de patienter six mois avant de sortir un nouveau titre pour que les radios aient le temps de le diffuser, j’ai sorti trois titres par mois sur toute l’année 2020. Grâce à ça, j’ai multiplié par 70 mon nombre d’auditeurs mensuels sur Spotify (eheh).

Tu t’es donc lancé un challenge cette année : celui de sortir un pack de trois titres dont un bonus tous les mois. Peux-tu nous parler de ce projet ? Comment est-ce que cette idée t’est venue ?

Je me suis lancé dans ce projet en sortant du label justement. Je me suis dis « quelle est la façon la plus spontanée de sortir ta musique, et qui te poussera à découvrir un maximum de choses ? ». Projet hyper dur, tellement de travail et très peu de sommeil mais fier de l’avoir accompli jusqu’au bout. Je pense avoir été tellement frustré de ne pas pouvoir sortir de musique pendant ces quelques années que j’avais besoin de faire l’inverse, de tout donner chaque mois, seul, depuis ma chambre.

Sur certains titres (Nuits d’été et Reflet), on peut d’ailleurs entendre ta soeur, Clémentine. Pourquoi était-ce important qu’elle chante avec toi ?

Ça s’est fait vraiment naturellement. Je ne savais pas qu’elle voulait chanter jusqu’au début de cette année, où elle m’a envoyé un mémo vocal avec le début d’une chanson. Avec le confinement, on s’est retrouvés chez nos parents et avons terminé le titre. Comme j’étais en plein dans mes sorties chaque mois, ça nous faisait une super excuse pour sortir le titre sur un des packs. Voilà, c’est tout haha, on voulait que ça soit le plus spontané possible. Je suis hyper content de ces chansons, Clémentine compose des choses magnifiques et tellement différentes de ce que j’ai l’habitude de faire. Ça me permet de me mettre un peu en arrière, et d’essayer d’être au plus proche de ses goûts et sa vision des chansons, c’est cool !

Tu as également fait un feat avec Esken (L’Ange passe), qui est un peu plus sombre si je peux me permettre. Peux-tu nous parler de cette collaboration ?

Haha tu peux te permettre. Je voulais vraiment faire une collab’ avec un rappeur cette année, encore une fois pour essayer quelque-chose de nouveau. J’ai composé cette chanson sans vraiment savoir comment l’aborder, et j’ai entendu les titres d’Arthur (Esken) quelques temps après. J’ai trouvé ses textes, sa façon de poser ses mots et sa voix vraiment singulière, je lui ai envoyé le titre et ça a donné L’ange passe. On s’est retrouvés en studio (dans la chambre d’un pote) ensuite pour la terminer. C’est un mec super cool et vraiment talentueux. Je crois qu’il sort un titre par mois cette année donc force à lui, il le mérite !!

J’ai pu lire que la musique était le vecteur de toutes tes émotions. Comment te sens-tu justement face à la crise que nous vivons depuis un an ?

Comme tout le monde je pense, il n’y a pas de bonne façon de l’aborder. Je pense qu’on fait comme on peut, on essaye de trouver refuge dans ce qui passionne, ceux qu’on aime. C’est comme si le temps était un peu mis sur pause, donc autant le voir comme une opportunité de rectifier deux / trois trucs, changer de trajectoire si besoin. La solidarité se fait sentir je trouve, et ça c’est chouette.

Pour conclure et en espérant que la situation évolue dans les prochains mois, quelles sont tes espérances, tes attentes, tes objectifs concernant ta musique et à la vie post- covid ?

Hahaha tu sais quoi, je n’en sais rien et on verra bien. Le seul objectif est de rester aussi spontané car c’est comme ça que je me sens le mieux. Ce qui est certain, c’est que je vais continuer à faire et sortir de la musique autant que possible car c’est ce que j’aime le plus. J’ai quelques objectifs en tête hein, bien sûr, mais je les garde pour moi haha.

Merci les gars, à très vite !

Merci à Oscar et à Camille (La Mission) pour le temps consacré à cette interview

[INTERVIEW] Ellinor aime le rock kitsch et les amours déçus

Elle a vingt ans et nous vient tout droit de banlieue parisienne. Armée de sa guitare, de sa palette d’influences et de sa tendre voix, cette chanteuse a sorti récemment son deuxième single / clip.

Pour cette occasion, Ellinor a accepté de répondre à quelques questions.


 

Musicaléomentvotre : Quel rapport avais-tu avec la musique étant plus jeune ?

Ellinor : J’ai toujours aimé les arts, j’avais un goût plutôt prononcé pour faire du spectacle déjà très jeune. Je me suis intéressée petit à petit à la musique pendant l’adolescence, ça a commencé vers mes onze / douze ans en voyant un de mes cousins se mettre à la guitare. On essayait d’écrire des chansons ensemble mais c’était pas toujours terrible !

Comment as-tu commencé à faire de la musique ?

J’ai commencé à faire de la musique un peu par-ci par-là avec mon cousin mais je m’y suis réellement mise vers quatorze ans en récupérant une vieille guitare classique abandonnée dans un placard qui était à mon oncle. À cette époque là, j’écoutais en boucle des groupes de rock un peu kitschs et j’adorais ça (j’adore encore, mais chut).
L’envie d’écrire des chansons est venue très vite, dès les premiers accords que j’apprenais au fur et à mesure.

Quelles sont tes influences, et comment se reflètent-elle dans ce que tu fais ?

Actuellement, mes principales influences sont évidemment des “classiques” de la folk comme Bob Dylan, Johnny Cash, Joan Baez dont j’aime tout particulièrement le travail et dont je m’inspire beaucoup. Il y a aussi d’autres artistes, comme Agnes Obel (que j’adore !), Stu Larsen a aussi un univers qui me plait beaucoup.
En fait… la liste serait un peu trop longue !

Quel est ton genre de musique prédominant ? Comment a-t-il un impact sur toi ?

J’écoute beaucoup de folk évidemment, ce qui m’inspire beaucoup au niveau des textes. Il est toutefois vrai que j’ai un énorme faible pour la soul et le rythme & blues des années 60 et 70. Nina Simone et Etta James sont des figures que j’admire tant pour leur grain de voix que pour l’âme qui est mise dans les chansons qu’elles ont composés et interprétées.

Tu as écrit plusieurs singles il y a quelques mois.
Quels messages souhaites-tu délivrer à ton public ?

C’était des petites démos sans grande ambition. Un peu comme un journal intime, au fil des semaines du mois de janvier. J’y ai abordé les thèmes de l’insomnie, de la famille et de la nature.
Je les écrivais et composais vraiment sur le coup, sans grande prise de tête, donc ce sont vraiment des chansons sincères.

Il y a un mois, tu as sorti ton premier clip By the Seaside. Peux-tu nous parler de ce dernier ? Comment as-tu procédé pour le réaliser ? 

By the Seaside est un clip 100% fait maison ! Mon petit-ami et partenaire musical, Dylan Gorini, et moi l’avons filmé en une après-midi dans Paris.
C’est un clip que j’affectionne particulièrement parce que c’est mon premier, évidemment, et surtout parce que je l’ai voulu le plus simple et le plus sincère possible. Je trouve que nous y sommes arrivés.

Qu’est-ce que ça fait de mettre sa chanson en image ?

C’est assez drôle ! On a quand même eu de bons fou rires sur certains plans… Surtout que je n’avais pas du tout l’habitude et que sur certaines prises (qu’on n’a pas gardé du coup) ça se voyait BEAUCOUP.
Voir le “produit fini” m’a fait drôle, j’avais du mal à me dire que le clip était fini et que des gens allaient le regarder ! Mais j’étais très contente du résultat.

Tu sors un cover par jour sur Instagram depuis près d’une semaine.
Pourquoi cette envie de reprendre des titres mythiques tel que Lady Marmalade ?

Faire ces petites covers, je le prends comme une opportunité de faire quelque chose qui sort de mes habitudes et c’est donc pour cela que j’ai choisi Lady Marmalade et Break up with your girlfriend i’m bored qui sont deux chansons éloignées de mon univers habituel ! Quant à Strange Fruit, c’est une chanson que je connais depuis quelques années, que je trouve magnifique et qui me déchire le coeur chaque fois que je l’écoute.
Suite aux évènements récents de violences envers des personnes noires à travers le monde, je me sentais un peu déboussolée. Je trouvais ces actes de violence inhumains et je ne savais pas vraiment comment montrer et apporter mon soutien au mouvement Black Lives Matter.
Quand je suis émue je ne suis pas forcément très douée avec les mots et c’est pour cela que j’ai décidé de reprendre cette magnifique chanson, en plus d’encourager les gens à se renseigner !

À l’heure où nous discutons, un nouveau single / clip s’apprête à sortir, celui de Bartender.
Peux-tu nous parler de ce dernier ?

Parfois quand j’écris une chanson, elle parle de mon expérience personnelle ou de mes sentiments, mais ça arrive aussi qu’elles racontent tout simplement des histoires que j’imagine. En fait, je m’invente un peu des vies en écrivant des chanson hahaha.
C’est le cas avec Bartender. J’aime beaucoup les chansons d’amour déçues et c’est comme ça que je l’ai écrite. Les paroles et la mélodie me sont venues assez naturellement, je devais avoir cette histoire de femme qui se plaint au bar dans un coin de ma tête depuis longtemps !

Le titre est aussi agréable à écouter qu’à voir. Pourquoi as-tu choisis de jouer la simplicité pour Bartender

Tout d’abord, merci beaucoup,  ça me fait très plaisir de lire ça ! Je suis toujours d’avis qu’il vaut mieux faire beau que compliqué, et il s’avère qu’on a tourné cette petite vidéo en temps de confinement donc les options étaient limitées.
On avait ce beau cadre à disposition, alors pourquoi ne pas chanter devant ce joli champs ? J’avais aussi envie qu’en regardant la vidéo, on écoute avec attention l’histoire qui y est racontée, donc ces deux facteurs combinés, ça donne la vidéo de Bartender que l’on connait !

Malgré la crise du Covid-19 as-tu de nouveaux projets de prévu ?

Cette crise a été déstabilisante, bien sûr, mais l’EP ne saurait tarder.
De plus, je continue d’écrire plein de nouveaux morceaux donc il y a encore des chansons à venir !

J’espère de tout coeur que ce morceau saura vous faire voyager et je vous dis à très bientôt !  – Ellinor

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[INTERVIEW] Mais qui sont les deux frères de Terrenoire ?

Apparu au milieu de l’hiver 2018, Terrenoire c’est avant tout un village-lotissement à l’orée de Saint-Etienne d’où les frères Raphaël et Théo sont originaires.

Découverts sur la scène de l’EMB à Sannois à l’automne 2018 lors de la première partie du mythique groupe Feu! Chatterton, Musicaléomentvotre suit depuis ce jour Terrenoire de très près.

Aujourd’hui, ils ont accepté de répondre à quelques questions, pour notre plus grand plaisir.


  • Musicaléomentvotre : Bonjour, pourriez-vous vous présenter ? Qui êtes-vous, d’où venez-vous, et que faites-vous ?
Raphaël répond
Nous sommes Raphaël et Théo, frères de sang, on a monté le groupe Terrenoire ensemble.
On a choisi le nom du quartier où nous avons grandi, c’est à Saint-Etienne.
J’apporte principalement les textes et les débuts des chansons. Théo est lui, le producteur de notre musique. Le grand orchestrateur sonore.
Cela dit, dans le prochain disque, il y a une géniale chanson qu’il a fait seul. Il n’y a pas d’architecture fixe, on apporte des idées et on tente de voir si ça colle avec ce qu’on veut raconter, avec l’imaginaire du groupe.
  • Quel est votre rapport à la musique ? Quand est-ce que vous êtes tombés dedans ? 
La musique c’est une histoire de famille, notre oncle est musicien. J’ai longtemps fait de la musique avec lui, puis avec mon grand frère. Ensuite on a commencé à travailler avec Théo.
La dimension familiale, ça a toujours rendu la musique accessible, l’exemple de quelqu’un qui créer dans la chambre d’à côté, ça rend les choses possibles, d’avoir le mystère à portée de main, d’avoir les instruments qui attendent, d’avoir quelqu’un qui peut vous apprendre.
Il se transmet plein de choses entre les êtres, à travers la musique, c’est une manière de vivre, de se retirer du monde, de trouver une identité qui nous est propre.
  • Qu’est-ce qui vous inspire, vous influence ?
Je crois que pour créer, il faut être inspiré par quelque-chose qu’on veut reproduire. La musique, les films, les livres, les histoires d’amour, tout ce qui créer une vibration intéressante.
L’art rend accessible les émotions, par un langage ou un mode d’expression. Cette chose qui nous parvient, étrangement, elle vient nous renseigner sur quelque-chose qui était déjà là, en nous, mais comme endormie depuis toujours. Ce qui nous influence vient réveiller en nous ce qui était latent.
Au début, les premières créations sont des copies maladroites des influences, tout le jeu est de s’en affranchir, de détruire l’enveloppe, de ne conserver que l’émotion de l’œuvre, le langage caché à l’intérieur de cette énergie qui nous a plu.

  • Quel est votre parcours musical et artistique ?
En 2017, on a démarré par des tremplins, en envoyant nos quelques maquettes. On s’est retrouvés à être prix du Jury des Inrocks en 2018. La même année on a été Inouïs à Bourges, il y a des gens qui nous ont vu, des tourneurs et programmateurs.
Ça nous a permis de faire une grosse tournée en 2019, beaucoup de concerts, beaucoup de rencontres. C’était vraiment un des meilleurs moments de notre vie. On a hâte de pouvoir démarrer à jouer à nouveau.
  • Vous considérez-vous comme étant plutôt chanteurs, ou poètes des temps modernes ?
Je ne sais pas trop quoi faire du mot « poésie ».
La poésie, c’est une chose qui s’envole quand on l’appelle… Ça doit être pour ça que je n’aime pas trop ce mot. Je ne sais pas comment répondre… C’est peut être un mot qui est trop petit pour ce qu’il veut contenir.
Quand on appelle Poésie une oeuvre, c’est qu’on a déjà tué sa liberté en la découvrant de médailles.
Je pense que ceux qui vivent en poètes, sont ceux qui vivent sans pouvoir mettre de peau de protection entre eux et le monde.
Comme c’est impossible tout le temps, soit ils deviennent fous, soit ils vivent parmi nous en prétendant être normaux. Les poètes sont des clochards. La poésie, le reflet d’un monde plus vaste, inexistant. J’en sais rien…
  • Et d’ailleurs, comment est-ce que vous caractérisez votre musique ?
Notre musique est bien la notre quand elle est maladroite, d’un goût douteux ou resplendissante. Nous souhaitons affirmer une forme de singularité, une bizarrerie non-feinte.
Nous sommes à l’affut du somptueux et de ce qui est un peu boiteux dans la vie.
J’espère, qu’avec le temps, notre musique perdra toute coquetterie et de plus en plus ses attaches avec ce qui ne compte pas.
  • Quelle est la chanson qui vous tient le plus à cœur ? Et parmi celles que vous avez écrites ?
J’aime bien retrouver les chansons sur scène. Le seul endroit où je les entends, c’est quand elles sortent de ma bouche. Ça reviendrait à dire  « Est-ce que tu aimes t’entendre parler ? », ce à quoi je répondrais « Seulement si ça semble agréable pour mes interlocuteurs ».
J’aime les chansons que les gens aiment. Je juge en temps réel, à l’applaudimètre.

  • Quel(s) message(s) souhaitez-vous faire passer à travers vos chansons, mais également à travers vos clips ? 
Qu’il faut savoir se pencher sur ce qui est fragile, imparfait. Que la beauté est ce qui nous réunit et nous élève, qu’il faut la sauver. Qu’il faut chérir la vie et chérir la mort.
  • Comment arrivez-vous à faire en sorte que votre public arrive à se reconnaitre aussi bien dans vos textes, votre musique ? 
Nous avons l’impression d’être aux balbutiements de notre rencontre avec les gens.
Mais pour le peu que j’observe, je crois que les gens comprennent et apprécient que nous leur parlions sincèrement. Ils entendent, j’espère, que notre idéal se tient à côté d’une île de pureté, inatteignable évidemment. Sisyphe, la pierre, tout ça.

Dans « Baise-moi« , nous avons essayé d’enlever les caches, les fleurs et tous les détours qu’on utilise habituellement dans les chansons pour parler de sexe et d’amour. On a voulu parler des choses telles qu’elles sont, telles qu’on les ressent, et d’y aller au désherbant. »
  • Pouvez-vous nous parler de « Baise moi », votre dernier titre ? 
« Baise-moi » est le premier extrait de notre album. C’est un titre fulgurant, très court.
Il parle de sexe, de désir. Nous avons voulu faire en sorte de trouver de l’élégance dans une forme d’irrévérence, avec des mots crus. De pouvoir parler d’amour d’une autre manière.
  • Vos « Journal de bord » ressemblent à des interludes. Que souhaitez-vous raconter, partager à travers ces textes ?
Ce sont des photographies de là où nous en sommes, en effet. Ils nous permettent de partager avec les gens ce que nous créons d’une autre manière qu’avec les chansons.
Une voix off, des images que nous tournons.
Il s’agit de composer avec le réel, de ne pas vouloir le laisser tel quel. Nous cherchons en permanence à lui tordre le coup, à le rendre plus vivable. Ce sont des capsules qu’on laisse derrière nous, comme les pierres du Petit Poucet.
Nous verrons à la fin ce que nous avons traversé du haut de notre Paradis Noir.
  • Mon préféré est probablement celui sur « La Peur ». Qu’est-ce que La Peur chez un artiste ? Comment la surmonter, et l’utiliser pour créer ?
La peur, c’est le moteur. Pour qu’il y ait courage, il doit y avoir une force contraire, en l’occurence la peur. La peur est l’amie du courage, alors. Le courage est la vertu inaugurale et principale de l’amour. Ce n’est pas moi qui le dit c’est Vladimir Jankélévitch.
Il faut sans cesse cercler la peur, lui donner une forme pour pouvoir la transformer en énergie. L’image de l’Epouvantard chez J.K Rowling est excellente pour ça.

  • Vous êtes un duo qui voit sa communauté grandir, notamment grâce à internet. Pensez-vous qu’il est important d’être présent sur les réseaux sociaux pour toucher un plus large public ?
Oui, nous commençons à avoir pas mal de gens qui nous suivent. Nous ne sommes quand même pas des influenceurs de l’Insta-game.
C’est important oui, parce que c’est un lien direct et privilégié avec chacune des personnes qui nous suivent. On essaye d’être assez présents.
Mais c’est difficile de ne pas donner trop d’importance à cet outil. Je pense que globalement, on passe trop de temps sur les réseaux.
Pour l’image, je ne crois pas que le live confiné, comme il en fleurit depuis quelques temps, puisse remplacer une seule seconde le concert. J’aspire à une vie où on pourrait se passer un peu plus des machines. Où on regagnerait un peu plus nos corps, le mouvement véritable.
  • Et qu’en est-il du streaming ? 
Le streaming est l’océan de la musique du monde, elle associe physiquement la production phonographique avec l’ordinateur ou nos téléphones. La musique est désormais, pour la plupart des gens, un produit dématérialisé. Elle n’est plus trop liée à la matière humaine qui l’a créé.
J’aime plein de chansons, dont je ne connais pas vraiment le nom de l’artiste, je ne connais pas son apparence, son histoire, le reste de son travail. Je m’y intéresse quand quelque-chose me tape vraiment dans l’oreille.
Cette paresse qui emmène le produit artistique jusqu’à la bouche des gens, Netflix, Youtube, toutes les plateformes, nous permettent de tout découvrir pour le curieux, pour le passionné.
Mais bien souvent, on mange ce qu’on nous met dans la bouche. C’est une image un peu dystopique qui me dérange. Mais soyons sérieux. Je suis, comme plein de gens, responsable de ma manière de consommer de la musique et des films ; il m’est possible d’utiliser ces outils à meilleur escient.
Ça ne m’empêche pas d’avoir peur d’un certain conformisme culturel, que la paresse des curiosités soit grandissante.
  • Quelle est la prochaine étape ? Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour le futur ? 
On peut se souhaiter un regain d’espoir, de rester proche de la beauté, d’entendre la fragilité, de la laisser s’exprimer librement. De réussir la sortie de notre album. Que les gens entendent la vérité qu’on a mis à l’intérieur.
Souhaitons nous tous le retour du spectacle vivant, de toutes sortes et de toutes formes. Que la paroles des plus fragiles, des opprimés, des minorités, se fasse plus fortes.
Que les gens s’arment d’intelligence, que nous nous intéressions autant à la solidarité qu’au profit, qu’on se laisse la chance de changer, individuellement et à plus grande échelle.

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Un grand merci à Terrenoire pour leurs réponses.

[INTERVIEW] Navy et la vie d’artiste

Navy alterne entre rap très actuel et refrains chantés, plus touchants. Ses textes et l’ambiance touchent l’introspection, décrivant avec sensibilité ses doutes d’artistes émergents.
Son EP TRACE est sorti le 8 novembre et démontre une musicalité très large, entre trap, old school et instruments organiques. De passage à Paris pour un premier concert la veille de la sortie de l’EP, j’ai pu rencontrer Navy, qui est venu me parler de lui, ainsi que son besoin de changement et d’évolution.


MUSICALÉOMENTVOTRE : Peux-tu te présenter à nous ? Comment la musique est arrivée dans ta vie ?

NAVY : J’ai lancé mon projet solo, qui prend une grosse partie de ma vie, sinon je suis serveur pour faire un peu de sous.
J’ai commencé à faire de la musique à 7/8 ans au conservatoire en faisant du jazz, donc saxophone et piano et j’ai découvert le rap par la suite.
J’ai lancé un duo, qui après est devenu un trio… et maintenant je suis tout seul.

M : Comment tu es tombé dans le rap, alors ? Qu’est-ce qui t’attire ?

N : Ça a commencé avec Diam’s *rire*, puis la Section D’assaut qui était ma génération, 1995, et l’Entourage que j’ai beaucoup suivi, et encore maintenant. Je pense que j’ai vraiment grandi dans le rap avec eux quoi.
C’était ma génération, ça me parlait beaucoup. Puis j’ai découvert le rap américain avec des classiques. Maintenant mes influences tournent beaucoup autour de Kendrick Lamar, J-Cole, Anderson Paak., etc…

M : Est-ce que tu peux nous en parler un peu, de ce duo et de ce trio ?

N : Je ne voulais pas commencer le rap tout seul, alors j’ai demandé à mes potes si certains étaient partants pour faire quelque-chose. Y’en a UN qui était chaud et on a commencé à chercher quelqu’un qui faisait des prods. Je suis tombé sur Art beat qui avait déjà un EP. Je l’ai contacté, on a commencé à faire de la musique ensemble pour se faire plaisir. Il faisait aussi du jazz donc musicalement, on s’entendait bien.
Après j’ai voulu gouter à la trap, ce qui nous a fait rencontrer une troisième personne, Rami avec qui le duo s’est transformé en trio. On est devenu MayDay.
On a bossé 2 ans ensemble en ayant plus d’ambition mais sans rien faire de sérieux. Donc je me suis dis que si je voulais vivre de la musique, il fallait que je fasse un truc sérieux. Et pour ça, y’a rien de mieux que de faire un projet perso.
J’ai commencé à travailler chez moi et je me suis dis : il me faut quelqu’un pour re-bosser sur les prods. J’ai recontacté Art beat, et trois mois après, on a commencé à faire Mental de Fer ensemble. On a enchainé sur le projet et… voilà.

M : Ça s’est passé rapidement alors, l’arrivée du projet ?

N : C’est allé hyper vite ! Je l’ai contacté en juillet 2017, on a bossé le projet jusqu’en septembre. Moi je partais en décembre en voyage. Tout s’est fait en 3 mois et on partait à Berlin pour clôturer le tout. Donc ouais, c’était assez rapide.

M : Dans ce cas, comment tu pourrais décrire ta musique ?

N : Je pense que j’aime bien tout ce qui est acoustique, et ça me parle parce que je viens de ça finalement. Après j’aime bcp de choses mais ce qui me correspond le plus c’est… ne pas être trop autotuné. Ce serait quelque-chose qui sonne plus à l’ancienne, acoustique, plus simple et plus sincère aussi. J’aime la sincérité dans la musique.

M : Tu as sorti ton EP le 8 novembre, en faisant un premier concert à Paris la veille. Apparemment ça s’est bien passé ?

N : Incroyable. Premier concert solo, c’était super chouette, y’avait une super ambiance. J’ouvrais la soirée, c’était pas du tout mon public, à part quelques amis. L’enjeu du coup c’était de réussir à tenir les gens… mais ce que j’ai ressenti c’est qu’ils étaient intrigués. Ils sont restés jusqu’au bout, ils ont joué le jeu, c’était super.

M : Si on revient à l’EP, pourquoi s’appelle-t-il TRACE ?

N : C’est mon meilleur ami qui a trouvé ça en étant au Mexique. J’avais l’idée du message à faire passer mais je n’avais pas le nom. Au final ça colle bien car TRACE, ça allait dans l’élan du projet et le fait de laisser sa trace.

M : Justement, tu dis que tu veux laisser une trace. Est-ce que tu peux parler un petit peu de l’EP et de comment tu aimerais que le public se souvienne de toi ?

N : L’EP parle beaucoup du fait que c’est important de compter sur soi-même avant de compter sur les autres. Tout part de toi, et c’est un message très positif d’ailleurs. Je parle aussi de la réalité moins positive, mais ce que j’ai envie de faire passer c’est que tout est possible, alors on le fait.

M : Selon toi, en tant qu’artiste et avec tout plein de contraintes, comment rester libre de faire ce que tu fais, sans être trop confronté à l’extérieur ?

N : T’es forcément confronté à l’extérieur en faisant de la musique.
Mais après je bosse avec quelqu’un qui me correspond musicalement, et ça permet de bien avancer. Si j’étais tout seul, je pense que je me remettrais beaucoup plus en question. On est deux et on sait où on va. On fait ce qu’on aime, on veut que ça marche donc on prend en compte certains codes mais, si moi je fais ça actuellement c’est parce que j’aime ça, sinon je ne le ferais pas.
C’est là où est la liberté.

M : La liberté à travers la musique. C’est un échappatoire un peu pour toi ?

N : Je pense ouais. Et c’est un idéal aussi. J’aimerais faire que ça de ma vie.

M : Tu parles aussi beaucoup du temps qui passe dans tes titres. Tu l’appréhendes comment, l’avenir ?

N : L’avenir ne me fait pas peur car je suis très déterminé et ambitieux même si il commence tout juste à se passer beaucoup de choses mais… si ça me faisait peur c’est que d’un côté je ne serais pas sur de ce que je veux faire. C’est une question de temps.
Je suis vachement dans le présent. C’est maintenant que tout se passe. Le temps, je n’ai plus envie d’en perdre.
Je suis très frustré par le temps qui passe, et très nostalgique du passé. J’essaye d’être dans le présent pour ne pas avoir de regrets.
Dans mon idéal, j’aimerais pouvoir vivre de la musique. Dans quelques années je me vois à Lyon, en train de faire des connections artistiques et culturelles… j’aimerais pourquoi pas créer quelque chose qui permette aux artistes de développer leurs projets.

M : Tu pourrais citer des évènements qui t’ont poussé à devenir ce que tu es aujourd’hui, qui t’ont peut-être bouleversé ?

N : Y’a pas énormément de choses qui bouleversent ma vie. Ça reste très subjectif d’après moi. Mais le fait que ma mère m’ai poussé à aller au conservatoire, les différents projets que j’ai eu et les rencontres que j’ai faite m’ont fait avancer, et encore aujourd’hui ! Alors je pense que c’est plus des rencontres qui m’ont marqué.

M : Tu as sorti le clip de Cette vie là. Est-ce que tu peux nous en parler un peu ?

N : Avec Marty qui me suit sur les clips, c’était incroyable. On était en voyage pour faire un clip, ce qui est super mais qui fait aussi un peu peur. On ne voulait pas faire quelque chose de classique. Ça devait être sincère.
Le voyage a fait que j’ai rencontré un couple et qui devait partir le 28 mars à Bogota. Moi j’arrivais le 27, on s’est tous rencontrés, et on a passé 3 semaines ensemble. Justement pour le clip, ça collait bien avec l’idée du lifestyle. C’était parfait.
Puis, c’est un titre qui peut parler à tout le monde, hier soir on le chantait tous et c’était super.

M : Est-ce que c’est bon la vie d’artiste ?

N : Pour moi, la vie d’artiste c’est la période que je vis depuis 2/3 semaines.
J’ai rencontré des rappeurs, des gens qui travaillent dans la musique, j’ai fais des connections. La vie d’artiste c’est pas que de la création, c’est aussi tout ce qu’il y a derrière. C’est ça qui me fait kiffer. C’est aussi ça qui est inspirant en tant qu’artiste.
Alors oui, c’est bon la vie d’artiste.

M : Est-ce que la musique c’était mieux avant ?

N :  *rire* c’est délicat. Je ne pense pas qu’il y ai de mieux. Après, je pense que la sincérité était plus présente dans la musique avant. Maintenant y’a tellement de nouveaux styles et de dérivés. C’est en fonction de toi.


Navy m’a également confié que le titre qui pourrait rythmer le reste de sa vie, ce serait Cette vie là. Idéalement, il aimerait faire une collaboration avec Alpha Wann ou Jean Dujardin. Qu’est-ce que c’est trop bon, la vie d’artiste.

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En collaboration avec Loom
En concert le 13/11 au Chromatique ⤑ 51, rue Jean Michel, 69007 Lyon 

[INTERVIEW] La Petite tombe Des Nues avec son premier EP

 

 

Elle nous vient de banlieue parisienne. Sa passion pour la musique et toute la sensualité qu’elle y ajoute ont permis à DES NUES, son premier EP de sortir.
Rencontre avec une Maia, une artiste pas si Petite, qui nous en met plein la vue avec cinq titres tout droit tirés d’une histoire d’amour.


MUSICALÉOMENTVOTRE :  Hello La Petite ! Peux-tu te présenter à nous, présenter ton parcours et nous décrire ta relation avec la musique ?

LA PETITE : J’ai grandi en banlieue parisienne, à Colombes. À 6 ans, j’ai commencé le piano et j’ai tout de suite su que la musique aurait une place de choix dans ma vie. Il y avait toujours de la musique chez nous, du matin au soir et ma mère avait un groupe de rock. Dès je la voyais sur scène, je rêvais de faire la même chose.
Puis, j’ai commencé les cours de théâtre et ça c’est confirmé : la scène était le lieu où je voulais être.
La musique m’a suivie toute ma vie, elle mettait des petits indices sur ma route. À 8 ans, je voulais être serveuse et chanteuse en rollers. Bon, j’y suis presque.

M :  Tu écoutais quoi quand tu étais enfant ?

L.P : Anecdote, quand j’étais encore dans le ventre de ma mère, mes parents écoutaient en boucle l’album The space between us de Craig Armstrong. D’après eux, quand il fallait me calmer, bébé, cet album m’apaisait directement.
Ensuite j’ai eu ma période Emilie Jolie. Le CD en boucle, le spectacle, et les chansons par coeur chantées à fond dans mon bain.
Puis il y a eu Alain Souchon. J’étais complètement in love, je disais même à mes parents que j’aurais aimé qu’il soit mon troisième papi. Et enfin, Mika et Superbus, à fond dans ma chambre.

M : Dans ce cas, quelles sont tes inspirations et influences ?

L.P : Depuis quelques temps, je me shoote à Radiohead et RY X. J’adore ! Ce qui m’inspire chez eux, c’est l’émotion qu’ils réussissent à susciter via leurs morceaux. Des exemples pour moi.
Dans ma façon de composer, je  pense être pas mal influencée par certains interprètes de la chanson française, comme Julien Doré ou Zazie. J’aime leurs textes et ce qu’ils en font.

M : Pourquoi ce nom, LA PETITE ?

L.P : En fait la question ne s’est pas vraiment posée. On m’a toujours appelée comme ça. Pourtant 1m58 c’est grand, non ?
Et aussi quand tu répètes avec des musiciens de 1m88 et que tu passes ton temps à voir leurs mentons, tu te rends vite compte que rien n’aurait été plus adéquat comme pseudo.

M : Comment est-ce que tu caractériserais ta musique ?

L.P : C’est super dur de définir sa propre musique, je suis nulle pour ça. Mais je dirais comme ça : passionnée, sensible et sensuelle. En tout cas le fruit de beaucoup d’introspection et d’observation. Tant dans les paroles que la composition.
Puis évidement, Pierre Bougeard, qui m’accompagne sur la création de chaque morceaux, apporte un œil neuf dessus, et l’embelli. 

M : Parlons de ton EP, DES NUES, sorti le 25 octobre. Comment peux-tu expliquer ce choix de titre, et le potentiel jeu de mot qui se cache derrière ?

L.P : Des nues c’est d’abord venu de l’expression « tomber des nues ».
Dans cet EP, je raconte une histoire d’amour douloureuse, qui termine mal alors qu’elle commençait comme un rêve sous une douche. Et quand ça se termine, un truc beau comme ça, c’est difficile de ne pas tomber des nues.
Par ailleurs, c’est mon premier EP, autrement dit ma première mise à nue. 

M : Quelle histoire souhaites-tu raconter dans tes chansons ? Et qu’aimerais-tu qu’on retienne de ta musique ?

L.P : DES NUES, c’est une dose de charnel et de mélancolie. Chaque son est un zeste d’une histoire plus grande.
Après c’est à chacun d’y retrouver des traces de la sienne. Chacun y a sa place. Et si on peut juste retenir mes chansons, c’est déjà ça de bon !

M : Peux-tu me parler, en quelques mots de chaque titres de l’EP ?

L.P : Ils sont écrits comme une histoire.
Sous la douche, c’est la passion charnelle. Caresse, l’après, le souvenir. Pas moi, le sentiment désagréable de ne pas savoir où aller d’être perdu.
Puis vient Parenthèse, la remise en question. Et enfin Des nues, le dernier chapitre de cette histoire, le bilan et l’ouverture sur l’avenir…

M : Tu as sorti les clips de Pas moi et de Sous la douche. Peux-tu nous parler de tes envies de réalisations, et pourquoi est-ce que ce sont ces titres que tu as voulu mettre en premier en image ?

L.P : J’ai choisi dans ces deux clips, d’illustrer le propos avec la danse. Parce que chacune de ces deux chansons parle d’un sentiment physique. L’épanouissement amoureux et érotique dans Sous la douche et l’introspection dans Pas moi.
Si Sous la douche a été le premier clip que j’ai sorti, c’est tout simplement parce que c’était le premier morceau du projet qui était terminé. Et je trouvais que c’était une bonne entrée en matière.
Quant à Pas moi, c’était, pour moi, le morceau le plus important à mettre en image. Quand la sublime danseuse, Hannah Kiely Kadosch m’a proposé cette chorégraphie et je me suis dis que rien ne pourrait mieux servir ce titre. Et j’ai foncé.

M : Que penses-tu de l’avenir dans la musique ?

L.P : La musique à pris un nouveau tournant depuis quelques temps maintenant.  L’accès facile à l’écoute via le streaming est bénéfique, je trouve. Autant pour l’auditeur que pour l’artiste. Tout est plus rapide, on peux écouter notre musique favorite partout, n’importe quand. Et ça n’enlève pas pour autant la qualité de l’écoute. C’est juste à nous, artistes et auditeurs, de s’adapter à tout ça.
Les temps changent !

M : Serais-tu capable de nous citer cinq moments clés qui ont fait bouger ta vie en tant qu’artiste ?

L.P : Le tout premier : quand j’ai commencé le piano. Ça m’a connecté avec la musique.
Le deuxième : quand j’ai découvert (vraiment découvert) ma voix. C’était lors d’une séance de travail en coaching vocal avec Nathalie Dupuy. Ma voix est sortie vraiment pour la première fois. Ça m’a fait une sensation tellement bizarre que j’étais toute chose après.
Le troisième : le jour où j’ai interprété sur scène  pour al; première fois l’une de mes compositions. Un tract de fou mais une émotion folle aussi.
Puis lorsque j’ai décidé de devenir La Petite. C’était comme une naissance artistique.
Et enfin, la sortie de Des Nues. Premier EP, premier bébé que j’ai lâché dans la nature le 25 octobre 2019.

M : Girl Power. En tant que femme, que penses-tu de la place de la Femme dans la musique, qui est sujet à débats ?

L.P : L’époque de la chanteuse qui doit avant tout être jolie et glamour est derrière nous. Aujourd’hui les filles mettent en mots et en musique tout ce qu’elles pensent, sans filtres, et on écoute leurs messages autant que ceux des mecs.
Les filles auteurs – compositeurs sont de plus en plus nombreuses, c’est cool. L’arrivée du statut d’artiste indépendant a aussi joué un rôle important. Homme ou femme, on peut se débrouiller tout(e) seul(e) aujourd’hui et faire passer notre message sans demander l’avis de personne.

M : Toi, tu penses que la musique était mieux avant ?

L.P : Pourquoi tout serait toujours mieux avant ? C’est simplement différent.
La production, les moyens d’écoute et de diffusion, tout évolue. Bon. C’est vrai que devant un docu sur les Beatles ou la tournée des Rolling Stone on peut être un peu nostalgique, mais je kiffe mon époque.

M : Enfin, je voulais savoir si un album est en préparation ?

L.P : Pas pour le moment. Mais de nouveaux titres sont en préparation évidemment.
Un second EP déjà sur le feu (ndlr : et on a hâte !).


Talentueuse, passionnée et ambitieuse, La Petite te parle d’amour comme personne.
C’est jeune et joli.

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[INTERVIEW] Tomasi, somnambule bien éveillé

Il est de ceux qui se posent des questions haut et fort, celles que tout le monde pense tout bas. De ceux qui s’expriment par la musique, avec leurs tripes.

Il arrive a combiner rap, une certaine fragilité croisée à la mélancolie et une pincée de musique électronique. Tomasi, c’est ce type d’artiste qui arrive à te faire rire, danser et pleurer. En même temps.

Somnambule, c’est le titre de son nouvel EP, sorti le 3 octobre.

Il s’est prêté au jeu, m’a donné de son temps pour répondre à une série de questions. Car non, jamais nous ne nous arrêterons de nous poser des questions, existentielles ou non, utiles ou inutiles. Rencontre avec Tomasi, ton futur chanteur et musicien préféré.


Musicaléomentvotre : Bonjour Tomasi, tu as sorti ton EP, Somnambule. Avant d’en parler, est-ce que tu pourrais te présenter, et présenter ton projet ?

Tomasi : Je m’appelle Tomasi, je fais du rap fragile / chanson musclée en peignoir, le plus souvent dans ma chambre. J’ai commencé la musique vers 12 ans avec de la guitare, en apprenant sur internet avec des tutos. J’ai commencé a écrire des chansons très très vite, la première s’appelait I’ll call you up. Ça parlait de fumer, de boire, d’être désespéré en amour. Puis j’ai commencé à écrire en français, parce que j’écoutais beaucoup les BB Brunes, c’est eux qui m’ont donné envie d’écrire en français, c’est une grosse influence. Puis j’ai monté Clairvoyant avec Hugo Pillard (ndlr : Trente) et on a fait pas mal de concerts, enregistré un EP qui n’est jamais sorti… et j’ai commencé seul avec Tomasi, depuis 2017, avec un premier EP, Astronef, en ayant un peu tout fait tout seul. Mais avec le recul, je préfère ce que je fais maintenant.

TOMASI, ça vient d’où?

Ça vient du Péril Jeune de Klapisch, sorti en 95 (ndlr : son année de naissance). Voilà. Non j’rigole.
C’est le personnage incarné par Romain Duris, et c’est un film que j’aime énormément et *blanc* en fait dans ce film, il incarne une certaine idée de l’auto-destruction et en même temps de la non peur de la mort. Enfin, c’est la jeunesse pour moi la plus insouciante et j’aime bien garder ça dans mes chansons. À cette époque, je pense que l’insouciance c’était d’être dehors et aujourd’hui, c’est plutôt ne pas sortir de chez soi, rester dans son coin et… c’est une autre forme d’auto-destruction.

Qu’est-ce que c’est, le rap fragile ?

Dans la culture urbaine, même dans le langage en général t’as « fragile ». Moi, je fais du rap qui montre ses faiblesses à fond, voire peut-être trop. J’ai l’impression de parler que de moi, mais je m’amuse bien quand même ! C’est un peu ce que j’entends par le rap fragile.

Tu nous parlerais des soirées Kimono ?

C’est un concept simple. J’avais envie de réunir des copains qui font de la musique, lors d’une soirée. Moi je suis plutôt rap, certaines salles ne veulent pas de moi à Paris et là on regroupe plusieurs styles différents, bizarres ou pas. Mais le but c’est de passer une soirée avec le plus de gens possible, de se retrouver et de jouer ensemble ET SURTOUT, d’être tous en peignoir ou en kimono. La dernière était une belle réussite !

Pourquoi l’EP s’appelle SOMNAMBULE ?

C’est par définition de dormir debout. Voilà.
En fait c’est bête, j’ai une amie qui s’appelle Clémence L., qui a fait un film qui s’appelle SOMNAMBULE et j’avais fait la musique. Le thème qui commence Somnambule (ndlr : la chanson) a été mon point de départ. Son film ne parlait pas du tout de ça même si j’ai tendance à m’inspirer un peu des films et des séries etc…, mais j’ai réfléchis à ce que je vivais. J’ai un quotidien ou je bois beaucoup, ou je vis plutôt la nuit que le jour et j’aimais bien cette idée de presque « zombie », comme si j’étais éveillé ça reflète bien Tomasi.
Quand tu prends les chansons de l’EP, c’est vraiment une idée à chaque fois de somnambulisme qui touche plus le jour que la nuit d’ailleurs.
C’était la première fois qu’on me posait cette question, et j’y ai jamais réfléchi, tu vois *rires*.

J’ai beaucoup écouté Astronef et on voit quand-même une progression…

Je me suis plus entouré pour cet EP, j’ai bossé avec Valentin M. et c’est beaucoup plus pop. C’est vraiment devenu un allié pour moi en plus de Nicolas G., c’est de plus en plus une vraie belle équipe.

Quand tu compares l’ancien et ce nouvel EP, qu’est-ce que tu peux souligner comment changements ?

Sur le premier, Petit frère de haine et Monument ne parlaient pas de moi.
Là, j’ai beaucoup plus centré sur moi. J’ai fais beaucoup de chansons entre le premier et le deuxième EP, mais j’ai gardé les cinq qui me touchaient le plus et qui étaient le plus cohérents ensemble. Ce qui a beaucoup changé c’est aussi l’arrivée de Valentin qui m’a permis de plus m’épanouir, de ne pas être juste seul. Donc, dans la composition c’est juste un chemin naturel, mais dans l’enregistrement ça a changé beaucoup de choses.

Et donc tes clips, tu les bosses toujours avec une seule et même personne, ou d’autres petites mains viennent t’accompagner ?

Yes sauf celui de Monument qui a été réalisé par Hugo P., sinon c’est avec Nicolas et Basile C.L et Ingrid pour les décors. C’est l’occasion de faire des beaux clips avec presque rien.

Par rapport à la composition, si tout ce que tu dis est vrai, depuis quand est-ce que tu es inspiré ?

C’est assez inégal sur tout l’EP. Certains textes sont sortis tout seul, d’autres ont pris plus de temps. Par exemple, Menteur Menteur s’appelait a la base Jardin, c’était le même refrain, avec la meme mélodie mais du coup très compliqué à re-écrire. Ça n’allait juste pas avec ce que je voulais raconter.
J’ai passé l’été dernier avec mes cousins et je les écoutais se balancer des trucs un peu débiles. J’avais la sensation d’avoir déjà vécu ça, et dans cette mesure là, ça prenait plus de temps à écrire des textes. Certaines phrases étaient balancées facilement, mais pour Avatoru par exemple, j’ai eu envie d’écrire, j’ai lâché l’instru et c’est carrément parti tout seul.

Et au niveau des thèmes ? Tout est lié ?

Un peu. Si tu prends une chansons comme Happy ending, on peut entendre des mini HAPPY ENDING. Je l’ai écrite parce que je suis tombé a l’époque sur une chanson où dans le refrain il y avait des jouissements de femme, et je trouvais ça génial comme idée ! Je voulais recréer la même chose mais à ce moment là, il y avait quelqu’un dans ma chambre avec moi… et du coup je n’allais pas aller sur pornhub pour recréer le parfait son. En tapant SEXE sur youtube je suis tombé sur une vidéo de massage, et la femme derrière demandait « you want happy ending ? ». Une vidéo vraiment improbable mais qui fait un bon parallèle avec Du sperme sur le peignoir. C’est une bonne évolution, je trouve, et une autre manière de présenter tous ces thèmes.

Et à coté de l’EP tu fais des freestyles…tu peux nous en parler ?

Ouais carrément. En fait, c’est des TOMASERIE. Dans le processus de faire quelque-chose de construit, le soucis c’est que c’est long, rien qu’entre le fait de créer et de pouvoir écouter. Moi je voulais faire des choses où je ne me prends pas trop la tête, sur un autre format de vidéo (pour pouvoir challenger Nicolas sur autre chose). C’est aller chercher un format particulier pour proposer quelque chose d’assez marrant, tout en restant dans l’instant.
C’est un plaisir de voir quelque chose sortir vite et d’avoir des retours directement.

Qu’est-ce que tu aimerais qu’on retienne de ta musique ?

Je ne me sens pas vraiment messager. J’aime bien m’identifier dans des choses qu’on me raconte, des choses dont on me parle et j’ai l’impression que ma fragilité branleuse du quotidien peut toucher des gens.

J’ai une question technique : est-ce que tu te poses beaucoup de questions ?

*rires* J’ai envie de demander… qui ne se pose pas beaucoup de questions ?
Forcément, j’ai envie de formaliser toutes les questions que je me pose. On est tous dans notre coin, que ce soit sur tous les sujets possibles, il y a beaucoup de peurs, d’angoisses communes à tout le monde.
Mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire ? Il y a un moment ou c’est bien de faire de la musique, mais qu’est-ce qu’il se passerait si ça ne marche pas ? J’ai envie que ça plaise.

Et l’avenir du coup, ça t’effraie un peu ?

Forcément ouais. Je ne sais pas où je serais dans 5 ans… mais j’ai hâte. Combien de fois je me suis posé la question, même si j’ai bien avancé depuis !

Si par exemple tu devais faire une playlist avec 5 titres, tu prendrais lesquels ?

Juste 5 titres? 

5 titres qui t’ont fait un déclic.

Ouah. Le premier sans hésiter c’est Gap des Kooks, je pense. C’est très bizarre mais ça a été instantané dans ma tête. Ces riffs de guitare au début, ça a changé ma vie.
Je pense qu’il y a La peur de l’échec d’Orelsan forcément, parce que ça parle de sentiments ouverts, de choses très simples et ça m’a beaucoup plu.
505 des Arctic Monkeys. Death on the stairs des Libertines. Et Benjamin Biolay, Britty Boy des BB Brunes.
Que tu es dure… Et y’a Lovesong des Cure. Et encore… j’en ai tellement. Tu peux aussi mettre Cave song des Wu Lyf ! C’est un groupe qui a vraiment changé ma vie. 

Et enfin, est-ce que la musique c’était mieux avant ?

AH NON. Vraiment pas, c’est mille fois mieux maintenant.
Déjà parce que tout ce qui a été fait avant c’est re-utilisé et je trouve que maintenant, même si beaucoup de choses se ressemblent, il y a mille fois plus de choses et TOUT peut exister.
Je ne sais plus qui disait « Internet c’est le passé », c’est un peu vrai mais, maintenant l’accès à la musique est beaucoup plus facile et rien que ça, ça change.

Si t’aimes pas un truc tu l’écoutes pas, t’écoutes autre chose, on s’en fout. 

Merci à Tomasi pour avoir prit le temps de discuter.

[INTERVIEW] Nikiajnae, princesse du R&B de Houston à Paris

Elle vient de Houston, est inspirante et talentueuse. C’est probablement la relève du R&B. Ayant pour influences les Destiny’s Child ou encore Erykah Badu, Nikiajnae a un avenir prometteur dans la musique.

En juin, son single et clip « 6AM » sont sortis sur internet. Elle, et son travail méritaient d’avoir une petit place sur Musicaléomentvotre.

 

Rencontre avec Nikiajnae, future princesse du R & B.

 

Musicaléomentvotre : Nikiajnae, c’est qui ?
Nikiajnae : Je m’appelle Nikiajnae. Je viens de H Town ! Houston Tx baby ! Je travaille à plein temps et j’ai décidé de poursuivre une carrière musicale, bien sûr.

M : Quelle relation entretiens-tu avec la musique ?
N : Ma relation avec la musique est… très profonde. La musique est vraiment ma meilleure amie, et elle est avec moi dans tout ce que je traverse dans la vie. Je me spécialise en R&B mais j’adore écouter et expérimenter dans différents genres. Les gens sont parfois même étonnés de voir ce que j’écoute.

M : Qu’est-ce que tu écoutais plus jeune ? Quel(le)s sont les artistes qui ont retenu ton attention et qui t’influencent maintenant ?
N : Lorsque j’étais plus jeune, j’écoutais de la musique comme si j’étais née dans les années 70, mais j’étais aussi à jour.
 Ah ! Whitney Houston, Stevie Wonder, The Temptations. Et puis bien sûr, j’étais coincée dans ma chambre à écouter les Destiny’s Child, Ciara, Chris Brown, Fantasia… Certains artistes que je suis en ce moment sont… H.E.R., son authenticité est tellement addictive et elle reste fidèle à elle-même. Egalement Jasmine Sullivan et son ton chaleureux !
Je dirais que tout ce que j’écoute ajoute différents éléments à ce que je créer mais Erykah Badu m’influence le plus. Elle me donne envie d’être le plus ouverte possible dans mon écriture ! Je peux littéralement faire une chanson sur n’importe quoi, que ce soit les céréales que je viens de manger et comment je me sens, ou bien transformer ma dépression en une fleur pour fleurir en quelque chose.

M : Qu’est-ce qui te donne envie d’écrire ?
N : Ecrire, c’est comme une guérison pour moi
. On me dit parfois que je m’exprime mieux lorsque j’écris. Parfois, mon TDAH (ndlr : trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) peut me faire tourner en rond tout autour de ce que j’essaie de dire parce que je pense à beaucoup de choses en même temps. Quand je prends un stylo ou mes notes dans mon téléphone, c’est tout emballé. Je suis dans une génération qui n’exercera pas souvent de représailles contre ses émotions au lieu de s’asseoir et d’en prendre conscience. Je leur conseillerais d’écrire…peindre…danser. N’importe quoi. Guérir.

M : J’ai vu qu’on peut souvent t’entendre et te voir à Houston. Que t’apportent toutes ces expériences ?
N : C’est sauvage ! Ce que je veux dire par là, c’est que c’est littéralement quelque chose de nouveau à chaque fois. Parfois, j’en sais plus sur moi-même une fois que je suis hors de la scène. Être là-haut est bon pour moi. C’est là que je suis vraiment moi-même. Savoir aussi que les gens me ressentent est une expérience merveilleuse. Même aller à des endroits pour écouter d’autres artistes est quelque chose que j’aime, même si je ne fais pas de performance. J’apprends des autres, tout comme ils peuvent apprendre de moi. J’adore la musique. Point final.

M : Tu as sorti 6AM plus tôt dans l’année, accompagné d’un super clip sensuel. Que peux-tu me dire sur ce titre ? 
N6AM est basé sur une conversation que j’ai eu avec une personne que j’aimais à l’époque. Nous n’avions pas parlé depuis un moment et c’était tellement d’émotions qui sont sorties de cette conversation, qu’il s’agisse de manque ou de désir l’un pour l’autre, de colère, de ressentiment, de tension, de paix. Toutes ces choses différentes étaient liées et ça s’est terminé à 6 heures du matin. Ce que je voulais exprimer tout au long des paroles, c’était la réalité de l’amour et qu’il ne faut pas rester à la surface. Tout le monde parle toujours de la douleur de l’amour, de l’adorable colombe, des papillons, de l’amertume, mais toutes ça arrive littéralement en même temps. Ça devient inconditionnel. À la fin, où je répète « Don’t change », c’est que peu importe ce qui se passe à la suite de cette dernière conversation, j’espère que tout guérit et ne perd pas son identité.

M : Penses-tu qu’en 2019, l’art de la musique peut changer le monde dans lequel nous vivons ? Comment aimerais-tu voir les choses évoluer ?
N : Je crois que c’est certainement le cas. Mais je pense que ce qui compte aussi, c’est que les artistes qui produisent la musique utilisent leur plateforme pour le faire. Je veux voir la vraie musique revenir ! Le genre de musique qui vous fait ressentir quelque chose, non seulement à cause du rythme mais aussi à cause des paroles, des mélodies. Aujourd’hui, les gens n’écoutent plus les albums, ils écoutent juste un pèle-mêle de singles, et appellent ça un album.

M : Tu excelles dans le milieu R&B. Comment la Femme t’inspire pour écrire tes textes, composer ta musique ?
N : J’essaye d’être la plus franche possible ! Les femmes veulent encore aujourd’hui être « vues et non entendues », mais nous avons tant de connaissances et nous traversons tant de choses, pourquoi ne pas laisser le monde nous entendre rugir ? Si je décris comment une femme se sent quand elle est heureuse, je vais probablement faire monter mes notes, mais j’aurai aussi quelques mélodies basses pour décrire l’amertume derrière elle. Je m’inspire des choses que nous traversons et je les exprime à travers tous les éléments.

M : En tant que femme toi-même, quelle est ton opinion sur la place des femmes dans la musique en général, mais aussi et surtout dans le secteur du R & B ?
N : Nous devons faire dix fois plus, tout le temps. En ce moment, je peux dire que les femmes prennent la relève, de Meg the Stallion, Lizzo, H.E.R., et la liste pourrait continuer. Si nous nous spécifions dans le genre R&B, j’ai l’impression que dans un sens notre identité se perd. Nous sommes passées de sons R&B aux arrangements Pop.

M : Quels conseils pourrais-tu donner à des jeunes femmes qui aimeraient se lancer dans une carrière musicale ?
N : S’il vous plaît : aimez-vous, et assurez-vous que vous savez qui vous êtes.
Si vous ne savez pas qui vous êtes, cherchez-vous dans votre musique. Cependant, comme je l’ai dit, AIMEZ-VOUS !

M : Nous arrivons à la fin de cette interview, et je suis ravie que tu ai pris le temps de répondre à mes quelques questions. Tu veux put-être rajouter quelque-chose ?
N : Wow, que puis-je dire ? De Houston, au Texas, jusqu’à PARIS ! Je te remercie pour m’avoir accueilli. Wow ! Suivez moi sur Instagram (@nikiajnae)… et souvenez vous qu’il faut toujours donner de l’AMOUR !

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[INTERVIEW] Aristide, la trap et le rock

Aristide, la vingtaine et passionné par le rock.
Jimi Hendrix, Kurt Cobain, The Doors et des artistes plus actuels. La trap et évidemment, le mix entre toutes ces influences et ce qu’Aristide lui-même sait faire.

Quelques mois de travail, d’acharnement et de motivation.
Et puis ce 16 mars dernier, la sortie de la nouvelle mixtape, « LITTLE RAGE« .

C’est à la suite de l’écoute de Little Rage qu’un jeudi après-midi et autour d’un Monaco, j’ai rencontré Aristide, pour lui poser quelques questions au sujet de sa mixtape, de ses influences et de sa vision du futur.

On a parlé, longtemps. Et ça donne quelque-chose comme ça :

Son dernier clip, extrait de l’EP Little Rage, puis Facebook et Instagram.

[INTERVIEW] Valério Lysander adoucit les mœurs

 

 

English man d’origine italienne, multi-instrumentaliste et chanteur à la voix pleine de douceur, de sens et de sincérité, je te présente Valerio Lysander.
Découvert il y a un peu plus d’un mois lors d’un concert intimiste pour Sofar Sounds Paris, V. Lysander a su me bercer du début à la fin de sa prestation, entre chanson française, morceaux au piano ou à la guitare accompagné par Max Bandicoot, ou encore avec une reprise de Justin Timberlake.

Dans son dernier album, We Are Like Coloured Moths Towards the Sunlight, sorti l’été dernier, Valerio nous parle de lui, de la vie, de beauté, d’amour, et ça nous fait du bien.

A l’occasion de son passage récent à Paris, V. Lysander a accepté de répondre à quelques questions pour Musicaléomentvotre. Attention, c’est passionnant. Et tout en poésie, sans complexe.

Musicaléomentvotre : Qui es-tu, d’où viens-tu ?

Valerio Lysander : Je suis Valerio Lysander, être humain, bon ami, penseur, polyglotte, buddhist et chanteur / compositeur de musique baroque pop. Je suis né près de Rome en Italie, mais j’ai vécu à Londres en Angleterre pendant les dernières 6 années. On dirait que j’ai copié ça de mon profil Tinder !

M : Depuis quand et comment es-tu tombé dans la musique ? Peux-tu nous expliquer ton parcours musical ?

V.L : La musique est tombée sur moi depuis le berceau. Mes parents étaient musiciens (ma mère jouait de la flûte et mon père du saxophone) et chanteurs, et ils faisaient partie de la fanfare de ma ville. Mais en fait, je n’ai commencé à prendre la musique au sérieux que plus tard dans ma vie, bien que j’ai toujours chanté dans ma chambre pour plaisir. J’ai commencé à jouer de la guitare à 14 ans. Puis à 15 ans, j’ai pris mes premiers cours de piano et de chant et j’ai commencé mes premiers concerts. 

M : Comment décrirais-tu ta musique à quelqu’un qui te connais pas ? Quelles sont alors, tes inspirations et influences ?

V.L : Mon genre s’appelle Baroque Pop, qui serait de la pop et du folk avec des contaminations de la musique classique, surtout du point de vue des instruments et de la voix. Beaucoup de mes influences majeures peuvent être comprises dans ce genre, des artistes tels Sufjan Stevens, Regina Spektor, Fiona Apple, Tori Amos, Chris Garneau et L’Aura. Mais j’ai toujours écouté des genres différents, et en fait quand j’ai commencé à chanter, je voulais faire quelque chose de semblable à Christina Aguilera. Ma voix était très soul et R&B. Mais la découverte de Chris Garneau, un artiste franco-américain, et de son style très intimiste m’a permit d’explorer des tonalités de ma voix qui étaient plus douces et gentilles. Maintenant je finis par utiliser toutes les nuances de cette gamme qui commence avec la fierté des reines du pop et finit avec la dépression des compositeurs folk.

M : Tu es italien, mais tu chantes principalement en anglais, parfois en français. Qu’est-ce qui t’as fait faire ce choix de langue ?

V.L : La réponse que j’aurai donnée il y a quelques années est que j’ai toujours écouté de la musique en anglais et que mon oreille était habituée à cette langue, donc quand j’ai commencé à écrire des chansons, l’anglais était plus naturel pour moi. En fait, je trouve qu’écrire en italien est beaucoup plus difficile qu’en anglais. Les mots sont plus longs et les syllabes ont des accents qui doivent être respectés dans la métrique musicale. En plus, j’aime apprendre et parler d’autres langues et j’ai un diplôme universitaire en français et chinois (je parle couramment du portugais et espagnol aussi, et un peu de hongrois), donc j’aime bien chanter en français et essayer d’écrire des chansons françaises pour cette raison.
Mais la réponse que je donnerai est que je pense que ce rejet de ma langue maternelle et de ma patrie pendant mon adolescence venaient d’une faible estime de soi que j’ai amélioré pendant les dernières années, et ça m’a permis de tomber amoureux avec l’Italie et l’italien à nouveau. En fait j’ai commencé à écrire beaucoup plus de chansons en italien que j’espère partager avec vous bientôt !

M : As-tu toujours voulu être dans le monde de la musique ? Comment cette passion est venue à toi ?

V.L : Quand j’étais enfant, je voulais être danseur de ballet, mais un garçon qui danse n’était pas une chose très acceptée dans une petite ville en Italie dans les années 90, donc je n’ai pas pu poursuivre cette vocation comme je voulais. Pourtant, l’art et la musique ont toujours coulé dans mes veines. Avec une famille très musicale, ça s’est passé naturellement. J’ai continué à danser et chanter dans ma petite chambre à coucher, et j’ai toujours aimé écouter de la musique, jusqu’à 14 ans : j’ai pris une guitare dans mes mains et j’ai commencé à jouer mes chansons préférées, en plus ma mère me donnait des petites leçons des piano. L’année suivante, j’ai commencé des cours de chant et de guitare dans l’école de musique de ma ville.

M : Ton album « We Are Like Coloured Moths Towards the Sunlight » est sorti l’été dernier. Peux-tu nous parler de l’ambiance générale de celui-ci, et des messages que tu souhaites faire passer à travers les 13 titres ?

V.L : J’ai toujours été fasciné par l’image des papillons de nuit qui brûlent leurs ailes au feu à cause de leur amour pour la lumière, la passion et l’accomplissement, des choses qui cachent des luttes douloureuses. Partant de cette idée, j’ai assemblé mon album en choisissant des chansons qui représentent  cette métaphore avec des points de vue différents. Chaque morceau de l’album représente toutes ces lumières différentes qui nous attirent, les batailles et les chagrins avec lesquels nous devons faire face pour atteindre le bonheur, que cela soit le fait de nous retrouver dans une carrière, dans une relation, dans notre propre individualité ou dans une société.

M : Ta chanson « If you were me you would be », qui est probablement une des plus connues, parle de la difficulté rencontrée par le début de carrière des artistes émergents. Comment as-tu fais personnellement pour réussir à lancer ta propre carrière ?

Lorsque l’on choisit de poursuivre une carrière dans la musique, on doit accepter l’idée qu’au début ce ne sera pas facile, surtout dans l’univers pop. J’ai fais beaucoup de boulots différents. J’ai été serveur, professeur de langues, traducteur, j’ai travaillé dans le secteur du tourisme… Tout ça pendant que je faisais de la musique dans mon “temps libre”. J’ai tout fait avec beaucoup d’humilité et de flexibilité. Deux ans plus tard, j’ai réalisé que je passais la majeure partie de mon temps à joindre les deux bouts et que ce n’était pas la raison pour laquelle j’avais déménagé à Londres.
Je n’avais pas laissé ma famille et mes amis pour quelques petits boulots et pour gagner un peu d’argent pour survivre. Nous avons juste une vie (peut-être) et nous ne pouvons pas la vivre sans essayer de faire le plus possible pour réaliser ce que nous voulons. J’ai donc décidé que j’allais tout changer. J’avais économisé un peu, et avec un acte de foi énorme, j’ai quitté mon emploi à temps plein et j’ai décidé que j’allais vivre uniquement de la musique. C’était il y a trois ans. Depuis, je vis seulement de musique, entre concerts, droits d’auteur, cours de chant et activités de promotion. Je dois remercier le Valerio de 2016 d’avoir pris cette décision courageuse.

M : En attendant, on peut dire que tu as réussis à te faire un nom, la preuve notamment avec Sofar Sounds où tu es passé à plusieurs reprises.
Comment c’était, la toute première fois ? Et à Paris il y a environ un mois ? Tu observes probablement un changement ?

V.L : Ah ! Sofar est certainement un concert tout différent qui a quelque-chose de magique. Le premier que j’ai joué c’était il y a deux ans à Edinburgh, dans la cantine d’un bâtiment plein de studios d’art. 200 personnes assises pour entendre de la musique qu’ils n’avaient jamais entendu avant, le froid d’Ecosse et la chaleur des cœurs. En plus, le team Sofar d’Edinburgh était gentille et professionnelle ; ils avaient crée l’atmosphère parfaite pour le public et les artistes. Clairement une belle introduction à Sofar !
La chose intéressante qui rend Sofar spécial, est que ce n’est jamais la même chose et  toujours, à la fin du concert, je me retrouve à penser que cette fois là était le concert plus beau de ma vie. Mais la réalité est qu’ils ont tous été parfaits, y compris celui de Paris !

M : Dans le cas de Sofar, j’aimerais connaitre la relation que tu as avec le public.

V.L : L’absence de micros, le public assis par terre… ça me permet de jouer mes chansons comme elles ont été crées, de les chanter avec ma voix pure, sans la médiation d’une sono. C’est comme les inviter dans ma petite chambre et me libérer de mes barrières. Il y a une relation très spéciale et intime, plus directe eyt personnelle. Et c’est comme ça que ça me plait !

M : Penses-tu qu’à notre époque il est important, voire même nécessaire de sortir du streaming et d’aller écouter en vrai et de façon très intime, des artistes qu’on connait déjà, ou alors pas du tout ?

V.L : Je suis un fan de la musique live. Oui, Spotify donne l’accès à un monde entier de musique, les possibilités sont infinies, mais voir la musique fleurir grâce à des mains humaines, en temps réel, c’est autre chose. Les émotions des artistes peuvent être communiquées, tant par les notes, que par les mouvements, les expressions, les dynamiques des volumes. Et en plus, le concert live permet à l’artiste de communiquer avec le public entre les chansons, en expliquant parfois la signification d’une chanson ou des anecdotes liées à sa musique. Parfois, ça peut aussi ajouter des nuances intéressantes à la musique.

M : Comment, selon toi, la musique rapproche les gens et adoucit les mœurs ?

V.L : La science ne l’a peut-être pas encore expliqué, donc ça reste un peu mystique, mais c’est évident que la musique peut dépasser les limites du langage. Elle peut toucher même sans mots. Quand on chante avec quelqu’un, on dirait que les esprits sont en communion, pas besoin de parler. Pour cette raison, elle a un pouvoir très puissant et en tant que musiciens, on a une responsabilité de l’utiliser consciemment. Je pense qu’on aurait besoin de plus de musique qui apporte des messages positifs et édifiants. Je ne veux pas dire que on n’a pas besoin de Rihanna. Tout le monde a besoin de se libérer quelque fois et de danser au rythme du beat sans penser aux paroles. Toute la musique a sa raison d’être, mais je trouve que dans cet océan de chansons d’amour, ça ferait du bien d’avoir plus de musique qui parle d’autres sentiments aussi. 

M : Nous arrivons à la fin de l’interview donc, je voulais savoir quels étaient tes projets futurs et quand est-ce que nous pourrions te revoir ?

V. L : Je suis en train d’enregistrer un nouvel EP et ça prend tout mon temps maintenant ! Ce sera une petite collection de chansons liées a ma mère, qui est décédée il y deux ans. Beaucoup de ce que je suis comme musicien (et être humain) je le lui dois, donc j’avais besoin de lui dédier un petit cadeau musical qu’elle aurait beaucoup aimé. Le premier single de l’EP devrait sortir cet été, avec une vidéo.
En plus, je reviendrais à Paris bientôt, je suis en train de trouver des dates possibles pour retourner chez Sofar Sounds, et j’espère te revoir là-bas ! 

Valério Lysander : Le secret du bonheur est de le trouver dedans ! 🙂 Merci beaucoup de m’avoir donné de ton temps !

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[INTERVIEW] Solal Roubine et la « feel good » musique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Solal Roubine, c’est qui ?
22 ans, originaire d’Issy-les-Moulineaux et enivré par la musique depuis bien des années, auteur, compositeur et interprète, il nous chante désormais une pop fraiche aux textes français et issus de la « feel good » musique.

22 mars 2019, la sortie de son premier EP, intitulé « Hublot ». Une arrivée simultanée avec le printemps, aux allures quelques fois funk, électro ou indie rock. Tout ce qu’on aime. Coïncidence ? Je ne pense pas.

Rencontre avec Solal Roubine, finaliste du Ricard Live Music 2019, franc, sensible et frais.

Musicaléomentvotre : Solal Roubine, c’est qui ?

Solal Roubine : Difficile de se décrire soi-même, mais une fois on m’a dit que j’avais un sourire de clown et Ricard Live m’avait mis dans une catégorie « Clown sensible » pour un petit article haha, je trouve que c’est ce qui décrypte parfaitement le truc. Un clown ça fait des blagues, ça peut être triste, ou très heureux ou les deux en même temps, bah c’est moi et mes chansons en gros.

M : Depuis quand et comment es-tu tombé dans la musique ? Quelles sont alors tes influences, tes inspirations ?

S. R : La musique c’est depuis toujours pour moi… mon père est chanteur et chef d’orchestre dans un groupe live d’événementiel. Donc je trainais dans les répètes gamin, je cassais des micros hahaha. À 13 ans, un pote de mon père qui sentait bien le truc pour moi, m’a filé une de ses guitares pour mon anniversaire et il m’a dit : « Maintenant fais des chansons ». Et c’est ce que j’ai fais !

M :  Il y avait quoi avant ton projet solo, Solal Roubine ? Qu’est-ce que ces expériences t’ont apporté ?

S. R : Avant Solal Roubine il y avait un groupe de rock, CHUNKYS, que j’ai formé à 14 ans à Issy-les-Moulineaux avec mon meilleur ami d’enfance (qui est toujours à la basse avec moi). On a fait beaucoup de concerts, et notamment un peu par hasard on s’est retrouvé à jouer juste avant le S-CREW de Nekfeu pour le Téléthon. Notre groupe avait des textes très protestataires, mais même avec ça, c’était dur pour un public de rap haha. Bilan : il y a eu quelques chansons très cool avec CHUNKYS, beaucoup de conneries et de souvenirs surtout.
J’ai appris à faire de la scène et du studio un peu avec ce groupe donc ce n’est pas rien, et puis on était 4 très bons potes ; quand j’ai eu 18 ans il me semble, j’ai juste eu envie de faire autre chose, je ne me reconnaissais plus trop dans notre musique. Mais il n’y a pas eu de clash sanglant de fin de groupe haha ! Le batteur joue encore avec moi sur Solal Roubine (on était trop potes pour s’embrouiller). C’est toujours et encore ma famille.

M : Quel est ton retour sur  l’expérience du Ricard Live Music 2019 ?

S. R : Le Ricard Live, j’ai testé le prix direct quand mon projet à commencé, mais Solal Roubine ce n’était pas encore très lourd niveau chansons et expérience. J’ai fais TOP 10 la première année et enfin finaliste cette année, c’est plus cool. Très bonne expérience surtout le concert au Café de la Danse pour la finale, c’était mortel !
Je remercie au passage Société Ricard Live Music, qui sont les premiers en quelque sorte à avoir kiffé mon projet.

M : Ton EP, « Hublot« , on est là pour en parler, non ? À quoi ressemble-t-il ? Comment est-ce qu’il se démarque des autres projets qu’on peut entendre ?

S. R : Mon EP est sorti là, le 22 mars, pour le printemps. Et je trouve que ça tombe bien car il est vraiment comme cette saison, il y a des chansons très soleil et d’autres vachement plus froides. C’est un genre de mix de mes états d’esprit.
Je ne sais pas s’il se démarque des autres ! Il y a des trucs vraiment cool en ce moment en français !! En tout cas, c’est mon premier EP et je le trouve bien comme présentation : c’est des textes sincères, je ne cherche pas compliquer car je trouve que c’est rarement bien fait du trop complexe en chanson française, je trouve que ça manque de sincérité souvent dans la chanson. Il y a un intermédiaire entre faire quelque-chose de trop simple, un peu cul-cul et/ou pas original, et quelque chose d’ultra-pointu qui peut vite faire branlette intellectuel haha. Moi, ça ne m’intéresse pas trop. J’aime bien chopper le bon équilibre, cet intermédiaire justement dans une chanson, même si c’est dur et long parfois ! Et j’applique cette règle autant sur la musique que sur les mélodies ou le texte.

M : Comment tu le décrirais en trois mots ?

S. R :  SINCÈRE, POP ET FRAIS.

M : Pourquoi ce choix de chanter uniquement en français (contrairement aux jeunes groupes actuels qui décident de se lancer sur de l’anglais) ? Penses-tu que le fait de chanter en français touche plus le public ?

S. R : Chanter uniquement en français c’est naturel pour moi, je m’exprime mieux et puis je suis plus fort comme ça dans le songwriting à la base, c’est juste ça. Et puis vu comment les Anglais et les Américains défoncent en musique je ne vois pas ce que je peux faire, moi, avec mon niveau d’anglais seulement correct.
La musique en français touche plus le public en France c’est peut être un peu plus logique, non ? Mais bon la musique ça dépasse les mots aussi, et je ne pense pas qu’il y ait de vérité absolue.
Les jeunes artistes qui font de l’anglais en France c’est cool je trouve, tout le monde aime la musique en anglais c’est la base haha ! Seulement, bonne chance parce que les gars de l’autre côté de la Manche ou de l’Atlantique ils sont pas là pour rigoler et c’est leur culture. Pas la notre.
Est-ce qu’un Norvégien cuisine bien le couscous ? Non ! Ou plus rarement haha.

M : On remarque quand-même une petite différence de sonorités si on compare tes titres en studio avec tes titres en live. Y’a-t-il une volonté de faire plus rock, plus punchy sur scène ?

S. R : Les sonorités changent en live surtout sur la batterie, car j’utilise plein de bidouilles électroniques en studio que je n’ai pas encore en live (pas assez d’argent haha).
C’est pas plus rock en live mais c’est plus brut, le studio c’est beaucoup de petits détails qui sont un plaisir de studio uniquement. Mais sur scène, on s’amuse avec les structures des morceaux, etc… c’est tout un autre taf ! Et je suis avec mes quatre musiciens et amis qui m’accompagnent, ça change du studio. (Bises à eux !)

M : En parlant de live : est-ce qu’internet prend le dessus sur la performance scénique, selon toi ? Est-il quand-même nécessaire d’aller voir des groupes en live ?

S. R : La scène et internet, c’est complémentaire ! Mais la scène reste le plus important surtout dans mon style de musique : l’indie-pop, c’est de la musique de live.
C’est comme ça que tu as une fan base plus grande avec le temps. La pop n’est pas autant virale sur le net que le rap par exemple. Sans le live, c’est chaud… Mais je kiffe grave Instagram c’est super plaisant comme truc… (attention à l’addiction)…

M : Et dans le futur, grâce à ta fan base, tu vois quoi ? Un album, des collaborations… quel est l’avenir du groupe ?

S. R : Un album oui mais pas toute suite, un deuxième EP surement avant !
Je suis sur une collaboration avec un DJ / producteur de musique électronique dont le nom est encore secret (c’est pas David Guetta…!), on va voir ce que ça donne dans le studio, avant de sortir un truc.
L’avenir ? Des concerts ! Beaucoup de concerts j’espère ! Et des beaux clips, ce serait cool !

Solal Roubine : Que la force soit avec nous. 

De la force, on lui souhaite. Beaucoup.

L’EP est disponible ci-dessous. À partager sans modération (car Modération n’est pas là). Long live Solal Roubine. Long live Hublot.

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En collaboration avec Boost & Berries

[INTERVIEW] Casual Melancholia, de la poésie à l’image

 

Casual Melancholia.
C’est cet artiste entre ombre et lumière. Artiste actuel qu’on aime ou qu’on n’aime pas, certes, mais qui s’impose dans notre époque.

De la chanson française à la vague électro, l’homme d’aujourd’hui qui touche à tout n’a pas peur d’assumer ses multiples facettes.

Tu connais peut-être cette sensation de chercher LA musique qui te correspond vraiment, cette chanson qui te fait planer tout en restant les pieds sur terre. La tête dans les nuages. Ces quelques minutes d’apesanteur, de légèreté, de plaisir d’écouter.

Coeur. Azur Azul. Un seul sourire pour nous deux. Atlantis Transhumanism.

Rencontre avec Casual Melancholia, cet artiste que tout le monde s’arrachera dès demain.

Musicaleomentvotre : Casual Melancholia, c’est qui ? Quel est ton rapport avec la musique ?
Casual Melancholia : Casual Melancholia c’est Goethe qui prend un selfie, la rencontre entre le romantisme et la société du stream. Je chante en français, mais je pense que je fais de la musique d’ordinateur.
Je vois vraiment la musique comme le terrain ultime de liberté. Je suis hyper influencé par Frank Ocean, Nicolas Jaar, Nils Frahm, Burial, Yves Tumor.

M : Qu’est-ce qui t’inspires ?
C. M : Rien de plus inspirant que le soleil qui se lève quand tu es au sommet d’une montagne. Et les commentaires sur Facebook et YouTube. Très inspirant.

M : Comment t’y prends-tu pour composer et écrire tes chansons ?
C. M : Pour composer je résonne comme une intelligence artificielle, je fais du Deep Learning (ndlr : apprentissage profond), je  juxtapose des éléments  sans considération de style. Du coup dans mes prods, tu peux te retrouver avec un beat trap, des choeurs orthodoxes,  des synthèses analogiques en mode Blade Runner, des guitares flamenco et des vocals de Christina Aguilera.

M : D’où t’es venue l’idée l’idée, l’envie de placer de la danse dans chacun de tes titres ?
C. M : La danse c’est instinctif, je ne suis pas danseur. Ce sont des moments. Je filme tout à l’IPhone donc c’est easy de fixer quand ça vient.

 

MATLANTIS TRANSHUMANISM : Pourquoi ce nom ? Comment toi et tes auditeurs peuvent se reconnaitre dans l’EP ?
C. M : C’est l’idée que notre civilisation a commencé un voyage vers l’homme augmenté. On va de plus en plus confier nos décisions à des algorithmes. Nous sommes à la recherche d’une île inconnue qui serait un graal, un artefact qui fera de nous des dieux qui triompheront de la mort et de la maladie. Je voulais composer la B.O de ce voyage vers le transhumain. Un monde confortable et sans souffrance.

M : Combien de temps as-tu mis pour réaliser cet EP ? Quelles sont les raisons qui t’ont poussé à choisir Beyoncé, Christina Aguilera, Lily Allen et Erykah Badu, plutôt que d’autres artistes ? Que représentent ces femmes pour toi ?
C. M : J’ai écrit l’EP en six mois, en me calquant sur les fondements du Deep Learning. J’ai sélectionné les éléments en fonction de mes recherches sur YouTube et c’était parti.
J’ai choisi ces vocals à cause de mon adolescence, ça passait sur MCM, du coup c’est de la nostalgie je pense, et encore une fois c’est dans mes favoris YouTube. Ça s’imposait.

 

M : Quel est le fil conducteur dans tes clips ? Quel est le message à faire passer ?
C. M : Le message dans mes clips c’est « Danse, sinon nous sommes tous perdus« .

M : Quels sont tes objectifs, tes attentes et tes projets pour les mois à venir ?
C. M : Mes objectifs c’est sortir deux EP par an et faire un max de GIG. Je prépare mon EP en français et un EP au Piano, ça va sortir très bientôt. J’ai trop hâte de le droper !
Dès la sortie de « Casual Melancholia » je serai sur iTunes, Deezer, Spotify. En attendant, je suis sur YouTube avec mes vidéos à l’iPhone 5S.

Le mot de fin de Casual Melancholia : Merci pour la force.
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[INTERVIEW] ESKEN, l’après IBRATV

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" Premier EP disponible sur SoundCloud et sur toutes les plateformes de streaming. 4 nouveaux sons pour un projet de 13 minutes environ, t'as bien le temps d'aller écouter ça non ? " Esken.

Pour la sortie de son tout premier EP, Esken (de son vrai nom Arthur Eskenazi) a accepté de répondre à quelques questions pour Musicaleomentvotre.

Mort-Vivant est sorti le 27 avril ; c’est du rap jeune et frais, aux instrumentales diverses tirées du rap tout en mélangeant plusieurs genres, afin d’apprécier toutes les facettes que nous propose l’artiste tout droit venu de la banlieue parisienne. Certains l’ont découvert grâce au bouche à oreille, d’autres pour son passage sur la story Snapchat d’IBRATV, un youtubeur. Rencontre avec Arthur, le Montmorencéen.

Musicaleomentvotre : Est-ce que tu peux commencer par te présenter à ceux qui ne te connaissent pas encore ?

Esken : Tout à fait. Je m’appelle Esken (Arthur pour mon vrai prénom) et je fais du rap depuis le lycée. En ce moment je suis en Fac de cinema pour ce qui est des études.

M : D’où t’est venue l’envie de faire de la musique, et plus particulièrement du rap ?

Esken : J’ai commencé par le slam qui m’a très vite lassé par les limites que le genre pose, non pas à l’écriture mais beaucoup à l’interprétation. Et surtout, je suis un grand fan des instrumentales de rap qui peuvent en fait toucher à tout les styles, donc je me suis naturellement dirigé vers ça. Sinon, j’ai toujours aimé écrire depuis la primaire, des histoires comme des rimes.

M : Comment qualifierais-tu tes goûts musicaux, quelles sont tes influences et comment les retrouve-t-on dans tes propres titres ?

Esken : Ils sont ultra variés en fait, et j’essaye de faire un rap qui l’est aussi, donc on peut dire qu’on le retrouve en cela. J’ai envie de pouvoir écouter de tout et par extension de pouvoir créer tout autant, tant que ça reste fidèle à ce que je suis. Ma famille de 5 enfants (je suis le 4ème) et mes potes ont tous influencé à leur manière le contenu de ma playlist.

M : À propos de MORT VIVANT, pourquoi ce titre ? Comment t’es-tu organisé pour produire cet EP, et avec quelle aide ?

Esken : Pour le titre, je laisse libre interprétation à tout le monde, quelques explications se trouvent dans mes textes, mais je peux juste dire qu’il me tenait à coeur.
J’ai économisé pour pouvoir me payer des séances à AK Studio où j’enregistre mes titres depuis OMQGLT. Le problème, c’est que le temps est limité et donc qu’on ne peut pas revenir sur des erreurs éventuelles, sauf en payant. Mon but serait d’avoir un endroit où je peux enregistrer librement et autant que je veux. Sinon pour les clips de ce projet, je suis suivi par un label, KULT’, qui démarre mais qui est rempli de jeunes très chauds avec qui je compte avancer pour le moment.

M : Tes sons parlent beaucoup, indirectement ou pas de la jeunesse et de ses petits plaisirs (alcool, drogue et j’en passe) et on imagine bien que tu t’inspires de ta propre vie pour les écrire ( » J’en ai crié des improvisations totalement bourré, j’en ai écrit des rap grâce à l’inspiration défoncé  » – Clik Clik Boom). Alors, quel titre te correspond le plus ?

Esken : Yes haha. Chaque titre montre une facette de ma personnalité, et comme l’être humain est complexe (ça y est je m’improvise philosophe), certains semblent se contredire. Par exemple, je peux vanter les effets de la drogue dans un son et mettre en lumière son impact négatif sur moi dans un autre. Folie est pour moi le son qui représente le plus cette difficulté de se comprendre. Sinon dans  » Mort Vivant  » je dirais que c’est Puzzle.

M : Quelle est ta principale cible à propos de tes textes ?

Esken : Si tu parles de ceux à qui je parle dans mes textes, je ne m’adresse vraiment à personne si ce n’est à moi, mais c’est un plaisir de voir que des gens se reconnaissent dans mes textes, notamment Folie, et ça nous fait tous nous sentir un peu moins seuls. Sinon je parle à « X » pour faire de l’egotrip et je peux parler indirectement de certaines personnes, mais je ne vise jamais une cible en particulier quand j’écris une chanson, même si je peux parfois deviner à quels types de personnes elle plaira en majorité.

M : Si on compare par exemple Continuer d’avancer ou Voulez vous vous cacher avec moi (ce soir) avec les quatre titres de ton EP, on peut se rendre compte que MORT VIVANT est bien plus axé dans l’univers du rap qu’à tes débuts, tant au niveau du débit qu’au niveau des instrus. Comment expliquer ce choix ?

Esken : J’étais plus d’humeur à être dans cet univers, c’est tout haha. Je n’exclue absolument pas le fait de refaire des chansons comme celles-ci, voire des différentes de tout ce que j’ai pu faire aujourd’hui, mais disons aussi que ça me semblait important de commencer par un EP plus axé rap pour montrer d’où je commence, même si Eventail annonce bien la couleur concernant la liberté que je compte prendre dans la réalisation d’autres projets. J’ai hâte d’y être.

M : Quel genre de reconnaissance peut-on  » gagner  » en augmentant son audience grâce à @1minute2rap sur Instagram ? Les écoutes ont-elles doublé, tu as plus de soutient ?

Esken : On a une plus ou moins grande arrivée de nouveaux abonnés, et ça fait forcément un peu plaisir. Les écoutes n’ont pas doublé et ce n’est pas la communauté qui s’intéresse le plus à ce que je fais. Maintenant, ça entraîne aussi à faire du freestyle face caméra et à se préparer aux jugements des gens sur internet que j’ai vraiment connu sur cette page, plus que sur ma chaîne YouTube pour l’instant. C’est donc un bon exercice que je recommencerais peut-être quelques fois.

M : Peut-on dire que le fait de passer sur le snap d’IBRATV à été le signe d’un début de beaucoup de choses ? Gagner 600 abonnés en si peu de temps, ce n’est pas offert à tout le monde. Peux-tu nous raconter cette expérience ?

Esken : *Rires*. C’est une histoire marrante, mais ça n’a été le début que de l’arrivée comme tu dis de 600 abonnés, ce qui est super cool, bien sûr, mais qui ne démarre pas une carrière. En gros, on était dans son bar pour mes 18 ans, qui est aujourd’hui un restaurant à Châtelet. On commande pas mal de verres et on finit par aller le voir avec des potes en lui demandant s’il y a moyen d’être en story avec lui. Par extension, on voulait en profiter pour faire tourner la page YouTube, même si dans cette story je fais mon auto promo avec un air de mec totalement explosé à minuit et quelque. Le lendemain je me réveille avec 1000 nouveaux abonnés, dont 600 sont restés.

M : Un album est en cours de réalisation ?

Esken : Pas pour l’instant. Je veux me lancer dedans quand je serais vraiment prêt à réussir et à aller loin, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui même si  » je suis là pour gagner « . Par contre, un ou deux autres nouveaux EP risquent de vite suivre le premier.

M : Quand est-ce que tu remontes sur scène ?

Esken :  La prochaine scène est le 17 mai à l’occasion du Festival Solidarités à la Fac de Saint Denis, Paris 8. Toutes les autres seront communiquées sur mon Instagram : @Arthur_Esken.

M : Si tu étais : un artiste ? Une chanson ? Un album ? Un genre musical ?

Esken : Un artiste, Mac Miller pour son parcours. Un album, Port of Morrow de The Shins pour son chanteur. Un genre, l’alternatif (ça veut tout et rien dire donc c’est parfait haha).

M : Une phrase à placer dans un futur titre ?

Esken : J’écris des chansons pour me sentir exister.

M :  Le mot de la fin est pour toi.

Esken : Continuons d’avancer.


Ce chouette EP est donc désormais disponible sur TOUTES les plateformes de streaming. Le partage est illimité.