


Nous sommes le 3 octobre, un vendredi soir après semaine de travail acharné. Dehors, il pleut sur la capitale, les jours sont de moins en moins longs donc tout est absolument prétexte pour rester enfermée chez soi. Et en même temps, les cinémas font salles combles depuis quelques semaines, tant le nombre de bons films à l’affiche semble élevé. Alors ni une ni deux, je décidais en ce début de soirée grisâtre d’aller au cinéma voir Sirāt, que tout le monde m’avait déjà tant vendu. Si je ne savais pas de quoi parlait le film ni lu aucune critique, j’avoue avoir craqué et écouté la B.O composée par Kangding Ray avant même de me rendre en salle. Sans surprise, c’était un chef d’œuvre, et il me tardait de découvrir cette musique taillée pour les raves mixée avec les images du réalisateur franco-espagnol Oliver Laxe. A la fin des 1H55mins de film, le temps semblait s’être arrêté, il pleuvait toujours sur la capitale mais aussi – beaucoup – sur mes joues : Sirāt est un film que je ne saurai décrire, si ce n’est qu’on n’en ressort pas indemne, qu’il est à voir absolument et que la bande originale fait de loin partie des plus puissantes de ces dernières années.
Aucun spoiler ne sera dévoilé à travers cette mini brève, mais le fil rouge de ce film repose sur le fait qu’un père (Luis) et son fils (Estéban) partent à la recherche de l’ainée de la famille, passionnée de musique électronique qui n’a pas donné de signe de vie depuis de longues semaines. Luis et Estéban se lancent donc à la recherche de cette dernière, recherche qui se transforme très rapidement en réelle quête aux côtés de (véritables) ravers dans différents paysages du Maroc. Ce périple dans le désert nous embarque non pas dans un film classique, mais bel et bien dans une réelle expérience, un récit d’aventure tant physique que métaphysique qui nous pousse, en tant que téléspectateur à tutoyer nos propres peurs, inquiétudes et émotions.
Si Sirāt est un film absolument bouleversant presque même choquant et bousculant, la B.O y est forcément pour quelque chose. Kangding Ray signe 52mins parfaites qui prouvent dans un premier temps que la musique d’un film, de manière générale, transporte physiquement et mentalement un téléspectateur. Dans un second temps cette B.O montre également l’importance de la musique électronique, et plus particulièrement de la techno, à travers les images d’Oliver Laxe. Elle réunit, transcende et unit les personnages de ce trip autant qu’elle les déchire et les pousse à aller au-delà de leur microcosme ; au final, la musique fait partie intégrante de ce road movie dramatique aux cliffhangers insoupçonnables. Comme dirait le podcast Cinecast, « Sirāt est un film à voir mais en même temps, qui veut aller voir ça au ciné? ».
Pour les âmes les plus accrochées, Sirāt est encore disponible dans certaines salles de cinéma. Pour ceux qui ne souhaitent toucher ce film que du bout des doigts, la B.O officielle et donc signée Kangding Ray, est disponible sur toutes les plateformes. Attention, elle prend aux tripes avec ou sans images.

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