[INTERVIEW] Rencontre avec PAUL CH, ses inspirations et sa passion pour l’infiniment grand et l’infiniment petit, le tout condensé dans son premier EP, « Dispersion »

Paul CH fait partie de ces artistes émergents qui touchent à la musique électronique, s’en imprègnent et la font perdurer en y ajoutant à chaque fois leur touche personnelle. Découvert sur les planches du Point Éphémère à l’occasion de l’édition 2024 du festival Sous le Radar, Paul Chénier de son vrai nom sortait ce vendredi 17 janvier son premier EP Dispersion. L’occasion parfaite pour le rencontrer dans un café du 19ème, au bord des quais et avec de quoi s’abreuver après une longue journée. Pendant près d’une heure, Paul et moi avons discuté de ses influences et de son entourage, de sa passion pour l’infiniment petit et l’infiniment grand, du « souci » du détail mais aussi et surtout de sa release party qui aura lieu le 31 janvier au Pop up! du Label. Dispersion est désormais disponible à l’écoute et pour en savoir plus sur ce cinq titres, ça se passe ci-dessous.

Musicaléomentvotre : Comment ça va ?
Paul CH : Écoute, ça va hyper bien. Dans deux jours, c’est la sortie de l’EP, l’aboutissement d’un an et demi de travail. Donc, je suis hyper excité, c’est de la pression mais j’ai hâte que ça sorte, de recevoir des retours. On est sur une vague de sorties depuis septembre, donc, je suis dans un élan d’accomplissement et de plaisir de partager cette musique.

M : C’est la touche finale, le point d’orgue.
PCH : Oui, je crois. Le point d’orgue sera évidemment la release party, mais pour l’instant, chaque chose en son temps : mon premier EP sort là et je suis très heureux.

M : Est-ce que tu peux te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?
PCH  : Je m’appelle Paul CH et je fais de la musique électronique qui est dansante, introspective, spacieuse aussi et qui se positionne un petit peu entre les musiques électroniques club et la musique plus contemplative, plus touchante, comme la musique de cinéma. Il y a beaucoup de textures organiques, des éléments percussifs qui sont parfois des samples enregistrés sur du field recording ; beaucoup de mélancolie et d’harmonies touchantes. En tout cas, j’essaye de développer des choses qui sont prenantes et lumineuses, légères ou parfois un peu plus sombres sur certains morceaux.

M : Tu disais, que tu aimes tant la musique de clubs que de cinéma. Qu’est-ce qui t’influence ou t’inspire pour créer ta musique ?
PCH  : Je pense que j’ai un background en musique électronique qui est assez club. J’ai découvert ça à travers la techno, la house et des sous-genres un peu plus niches. Et au bout d’un moment, j’avais envie de faire une musique qui était à la croisée entre la musique club et l’indie-rock, dream-pop, avec beaucoup de couleurs, des guitares, des mélodies, etc. Et en fait, avant de faire ce projet, je n’avais aucune connaissance de ce qu’était vraiment l’électronica et ces musiques-là.
On peut citer du Rival Consoles, du Christian Löffler, du Floating Points, Aleksandir aussi, qui est un de mes producteurs préférés et je pense qu’il y a une espèce d’intersection entre toutes ces influences où j’ai voulu tendre vers une scène électronique allemande avec des sons assez épurés, des mélodies assez touchantes. On pense à la techno-mélodique, même si j’en écoute peu, mais je pense que ça en fait partie aussi. Je me rends compte, après un an et demi de travail, de rencontres, d’échanges, et peut-être de maturité artistique, que c’est bien d’aller puiser des influences dans tous les genres musicaux et ne pas renier, en fait, la musique à guitare, ou des choses avec de la voix par exemple, même si je n’en mets pas dans ma musique. Ça, ce sera vraiment, je pense, l’étape supérieure pour façonner encore un peu plus le son de mon projet.

M : Et en termes cinématographiques, on va dire, est-ce que tu as des compositeurs que tu apprécies en particulier, ou pas du tout ?
PCH  : Je dois avouer que quand je sais qui a fait la BO, c’est généralement un artiste qui fait également des concerts ; je pense à Rone, par exemple, finalement. Mais c’est plus dans l’approche de poser une ambiance et puis de rendre ça assez touchant, très progressif, voire épique.

M : Aujourd’hui, c’est le premier EP que tu sors. Mais avant, tu as quand même sorti des sons, fait des remixes, travailler avec d’autres artistes. Est-ce que tu peux revenir un petit peu sur tout ce côté-là, « l’avant » de ton EP ?
PCH  : On peut même revenir au lycée : j’avais un groupe de rock, où je chantais et jouais de la guitare, il y a dix voire quinze ans.
Je me suis construit en musique avec la musique des années 2010, donc beaucoup d’indie-pop, d’indie-rock, de scènes anglaises. Ensuite, j’ai découvert la musique électronique vers 2017, où j’ai commencé à écouter beaucoup de techno, à apprendre à mixer et me ruiner avec des vinyles parce que je voulais mixer sur le vinyle. Maintenant, je suis un peu sorti de ça mais j’ai commencé à produire de la musique électronique vers 2018, c’était vraiment une première approche. Avant je me disais « il me faut des gens pour jouer de la musique avec un groupe, parce qu’il y a une batterie, une guitare, un chanteur, une basse ». Et en fait, la musique électronique, ça m’a permis de me retrouver face à un ordi et c’est à ce moment que je me suis rendu compte que je n’avais plus besoin des autres pour faire un projet. Comme je bougeais beaucoup pendant mes études et que je ne pouvais pas m’établir dans un endroit à long terme, je me disais, bon, je propose de la musique, mais je ne vais pas faire de projet parce que de toute façon, je ne pourrais pas jouer avec les gens sur le long terme.
Quand j’ai découvert que je pouvais composer de la musique avec ma vision à moi et qu’elle commençait à s’affiner un petit peu, je me suis dit : mais c’est ça, en fait, ce que je veux faire ; ce n’est plus jouer d’un instrument qui me passionne, c’est vraiment de composer, de créer, d’être au centre de la création face à mon ordinateur. Je ne me suis pas vraiment lancé à ce moment-là, pour des raisons de travail et il y a eu le Covid, qui pour moi a été très positif. J’ai commencé à faire de la musique à l’image et du design sonore avec mon agence et mon gagne-pain depuis trois ans, c’est de faire de la musique à l’image et par conséquent j’ai commencé à développer de nouvelles techniques. Et je me suis dit qu’à un moment donné, ce serait chouette de refaire de la musique et d’en sortir.

M : « The Marble » sort, je crois, en janvier 2023.
PCH  : C’est un cadeau à moi-même. Je sors ma musique absolument sans prétention pour m’offrir ce cadeau-là, exister en tant qu’artiste, sans vraiment de vision sur le projet et me dire, voilà, j’ai des morceaux et je vais les sortir. Si je peux en sortir quatre cette année, c’est bien, ce que je ne crois pas avoir fait *rires* mais du coup, depuis cette sortie, ma vision et mes ambitions se sont affinées. Au début, je ne pensais pas que j’allais faire un live au bout d’un an, ce qui m’a poussé à composer l’EP sur cette période-là, mais aussi pour le live. C’était pour le festival Sous le Radar.

M : Il y avait eu des remixes aussi. Comment tu t’es entouré ?
PCH  : En sortant « The Marble » je me dis que les personnes qui vont l’écouter sont avant tout mes amis. Et puis, il y a une personne qui s’appelle Mathieu Belchit qui m’a playlisté sur La Distillerie Musicale. Et de fil en aiguille j’ai rencontré d’autres personnes par le biais de Mathieu : ABRAN, thems, Lydsten ainsi que d’autres producteurs ; ce qui a donné quatre remixes de thems, ABRAN, ROD-R et B/O/M. Ça a été assez naturel de leur proposer car j’étais proche d’eux au niveau de nos univers musicaux. Avant ça, on a commencé à parler, à faire des grosses discussions de nerds pendant des heures, puis à apprécier ça, quoi. Ça cassait vraiment ce côté hyper solitaire de rapport à la musique informatique : on est ensemble, on parle de ce qu’on fait.
Et je n’ai pas peur de le dire, je n’ai jamais autant progressé que depuis que je collabore avec des gens, que ce soit Olivier Vasseur sur l’EP, Félix pour le live, que ce soit dans les discussions, les échanges, les rencontres.

M : Tu peux voir les choses de différentes manières, grâce à ces échanges.
PCH  : Je vois ce qui marche, ce sur quoi il faut mettre l’accent. Ce que j’apprécie aussi en tant que public parce que c’est assez récent pour moi d’aller voir des concerts de musique électronique…

M : Et tu as eu un déclic ?
PCH  : Grave, c’est une super question. Je crois que c’était vers 2020-2021. Quand j’ai commencé à faire du design sonore et de me dire, mais attends « tu n’aimes pas seulement la musique, tu aimes aussi le son, les effets sonores, tu aimes les détails » et je trouve qu’il y en a énormément dans la musique électronique ; c’est tout l’intérêt de cette musique-là. Et du coup, je me suis mis un tunnel de musique électronique en me demandant ce qu’il y avait comme sous-genre. L’électronica, c’est quoi ? Je suis allé écouter plein d’artistes que je ne connaissais pas, les copains me faisaient découvrir des choses que je ne connaissais pas.

M : D’une certaine façon tu as voulu rattraper le « retard » que tu avais dans ce genre ?
PCH  : Oui, j’ai fait un focus et je pense que ça m’a aussi influencé, peut-être pas dans le bon sens mais ça évolue tout le temps. Là, l’EP est comme il est et j’en suis très content et très fier. Mais oui, il y a eu un déclic à ce moment-là. Quand je composais l’EP, on peut dire que c’était « là » où j’avais envie d’être à ce moment-là ; ça l’est toujours un petit peu, même si ça évolue toujours. Et en fait, je me suis dit mais waouh ! En fait, c’est ça : moi, je suis ça, et j’embrasse tous les codes de cette musique-là, j’ai envie d’en faire partie aussi et d’y contribuer d’une modeste manière, avec ces cinq morceaux.

M : Tu parlais de détails et c’est pourquoi j’aimerais bien qu’on revienne sur les six derniers mois, les singles que tu as sortis, où le détail se trouve dans la musique et dans les visuels.
PCH  : Pour la cover, j’ai travaillé avec Cyril Izarn, qui est aussi ROD-R dans la musique. J’avais envie d’illustrer en fait le concept de l’EP qui est la dispersion de lumière, étant assez fasciné slash angoissé par l’infiniment grand, notre place dans l’univers : je pense que pendant un moment j’ai fait une espèce de fixette, au moment où mon père est décédé. Et ça a tourné en boucle et je me suis dit qu’il fallait en faire quelque-chose. Je savais que je voulais quelque chose d’abstrait, j’ai montré plusieurs références à Cyril.
Je suis très content car Cyril a effectué un travail de dingue, très fin avec beaucoup de grains et des dégradés somptueux. En plus de ça, j’aime beaucoup la couleur, que ce soit dans la musique dans les sons et ce que ça évoque. Là, j’avais envie de quelque-chose de lumineux, avec du grain.

M : Ça te fait donc quatre visuels singles, magnifiquement déclinés.
PCH : J’avais envie que ce soit à l’image de ma musique, que ça se déploie avec de la matière. Et du coup, l’infiniment grand comme l’infiniment petit collaient parfaitement au thème.

M : Oui parce que tu as ces micros-grains qui se déploient, qui sont dispersés au sein d’une espèce de faisceau lumineux, qui pourrait rappeler finalement le cosmos.
PCH : Voilà, c’est un peu deep mais il y a un peu tous ces clins d’œil là. J’aime bien l’idée d’avoir un thème sans pour autant parler d’une chose très précise. Tu vois, je n’ai même pas fait le choix entre l’infiniment petit et l’infiniment grand, j’ai voulu traiter les deux. Encore une fois, avec la musique instrumentale électronique il n’y a pas de paroles, donc on se contente d’évoquer des choses, de suggérer. Moi, je propose des morceaux et ce dont j’ai envie, c’est que les gens mettent leur casque ou leurs écouteurs, ferment les yeux parce que je trouve que c’est une musique qui s’écoute seule, pour s’imaginer ce qu’on veut.

M : C’est une musique qui s’écoute seule mais tu as quand même enchainé avec du live après, mais on en reparlera. Justement, est-ce que tes titres de single ont un rapport direct avec cet univers ?
PCH : Oui mais ce n’est pas si évident que ça. Chaque morceau reprend un élément de l’univers : les nébuleuses, les quasars, qui sont des phénomènes physiques. Le redshift également ; le lux, qui est l’unité de mesure de l’intensité lumineuse. Et la photo, qui n’est pas une photographie, mais la lumière en grec, puis en latin à la fin. J’aimais bien cette idée et je me demandais à quoi me faisait penser tel morceau ? « Quasar », c’est un morceau assez violent. Si tu regardes la photo d’un quasar, c’est une espèce d’explosion au cœur d’un trou noir. Je ne sais pas si j’en parle très bien, mais quand j’ai vu ça j’ai fait, OK, le nom défonce.

M : Plus j’écoute tes titres, plus j’ai l’impression que tu développes l’EP de manière crescendo, notamment avec les BPM différents. Est-ce une volonté de partir de l’infiniment et de te diriger vers l’infiniment plus grand ?
PCH : C’est une bonne remarque. J’avais envie d’introduire avec quelque chose d’assez, contemplatif, doux. Derrière, tu développes autre chose, des morceaux un peu moins accessibles. Et puis, en dernier, j’avais envie d’un morceau… qui faisait vraiment « fin d’EP ». J’ai pensé chaque morceau comme étant un single, parce que c’est le premier EP : j’avais aussi envie de montrer ce que je valais sur un titre. Je sais que, par la suite, j’aurais envie de faire un EP peut-être avec des interludes, une intro, des titres un peu moins accessibles, peut-être partir sur un format plus long, finalement, peut-être un petit album. Mais là, j’avais envie de pouvoir défendre quelque chose qui se comprend vite et qui se défend en live, aussi. Sur le crescendo, je ne l’avais pas forcément noté mais oui, il y a une évolution. On déroule peut-être un peu plus d’intensité, effectivement, à mesure que l’EP avance et puis on termine un peu plus calme, sur un morceau très mélancolique que j’ai commencé à composer dans un train après un Noël en famille qui faisait jaillir beaucoup de mélancolie en moi. En deux heures le morceau était posé.

M : Olivier Vasseur est arrivé ensuite pour t’aider sur les morceaux, notamment pour le mixage. Comment s’est faite la connexion ?
PCH : C’est grâce à ABRAN, qui travaille avec lui depuis quelques années déjà. Moi, je cherchais à confier mes morceaux à un ingénieur du son. Il se trouve qu’Olivier, avec l’expérience qu’il a, a une approche et une sensibilité très intéressantes. J’ai passé une semaine en studio avec lui pour enregistrer et restructurer les morceaux. « Quasar » elle faisait six minutes au départ et on l’a réduite de moitié. Je suis content car je trouvais que chaque chose qu’il proposait était extrêmement pertinente, même si je sais que j’ai du mal à lâcher parfois le morceau *rires*. La collaboration s’est très bien passée, je suis content et je pense que j’ai beaucoup progressé en écoutant ses conseils, mais aussi en le regardant faire.

M : Et le final est très beau.
PCH : Merci beaucoup.

M : Tu fêteras la sortie de cet EP le vendredi 31 janvier, au Pop Up ! du Label.
PCH : Ça va être une soirée de musique électronique de 20h à 3h du matin où on balaye un large spectre de musiques électroniques. Avec de la musique live voire de film de Colibri, mon concert, que je travaille depuis un an et demi et au sein duquel je mets beaucoup d’énergie et un côté un peu plus « club ». C’est un concert que je considère comme un aboutissement personnel et qui marque aussi, je pense, la fin d’une étape dans le début de ce projet. C’est une soirée qui coûte cinq euros, pour de la musique, de 20h à 3h du matin. Je ne suis pas sûr qu’à Paris, il y ait une soirée aussi rentable *rires*.

M : Là, tu passes d’un an et demi, deux ans à être en studio, à faire ta musique. Est-ce que ça a une grosse importance pour toi, de livrer désormais cette musique à un public ?
PCH : Il y a plusieurs choses. La première, c’est d’enfin rencontrer des gens dans un univers musical où, comme je le disais tout à l’heure, on est souvent seul face à l’ordi. J’aime ça, mais on a quand même besoin de rencontrer des gens, on reste des humains. Il n’y a rien de plus excitant pour un artiste, je pense, que de voir comment les gens reçoivent tes morceaux à l’instant T. La deuxième chose, c’est aussi qu’il y a un retour qu’on m’a fait sur les premiers lives, que cette musique-là prenait tout son sens en live. Puisque tout était plus grand. Tout le monde n’a pas, moi y compris, un système son permettant de jouer de la musique hyper fort à la maison. Et c’est une musique qui est physique, qui se ressent dans le corps, qui nous touche physiquement par les basses fréquences. Troisième chose, c’est un peu un truc qu’on a tous, je pense, l’envie de ramener les gens à nos concerts pour leur montrer que la musique électronique, ce n’est pas que de la musique de club où on se défonce et qui ne s’écoute qu’après minuit. On peut aller voir un concert de musique électronique, être touché, danser, sortir à 23h, comme n’importe quel concert. Le défi, c’est déjà d’arriver à ramener les gens et de les intéresser aussi par ce qu’on propose. Donc avec l’équipe qui m’entoure pour cette date, il y aura un show lumière, que je trouvais indispensable pour accompagner la musique. Je souhaite démocratiser cette musique-là et la rendre la plus intéressante et agréable possible à vivre en live.

M : Tu appréhendes comment cette date ?
PCH : Plutôt bien. Si tu m’avais posé cette question il y a un an avant mon premier concert, je n’en dormais pas, en fait. Je ne dis pas que je suis extrêmement serein mais ma modeste expérience me permet de savoir un petit peu ce qui marche et ce qui marche moins. Je connais mieux mon matériel et le live aussi. Il y a un an, je présentais mes morceaux, je les testais et j’ai eu des retours qui m’ont fait avancer. Par exemple, « Photo » ne devait pas être sur l’EP mais quand j’ai dit à Nascaa, « Cette track n’est pas sur l’EP », il m’a répondu qu’il fallait impérativement qu’elle y soit. Donc elle y est. D’ailleurs, je crois que c’est ma track la plus streamée aujourd’hui. Donc, merci Sébastien (Nascaa). Mais sinon comment je l’appréhende le concert ? Une partie du public les aura déjà écoutés et ça résonnera en eux. Ça va le faire.

M : Bien sûr que ça va le faire. On sera tout devant.
PCH : Ça va être trop bien ; énorme !

M : Il y a quand même ce truc d’infiniment grand et infiniment petit qui me trotte dans la tête.
PCH : On avait dit que je t’en parlerais un peu plus musicalement, donc je vais étayer le propos. J’ai suggéré des choses immenses avec notamment des reverbs, des accords de synthé qui prennent vraiment tout l’espace dans le morceau ; je pense notamment à « Nebula » ; c’est quelque-chose d’enveloppant, de spacieux, qui représenterait un espace finalement. Et je suis allé vers des choses beaucoup plus texturées, microscopiques, voire fourmillantes, sur « Photo », j’ai vraiment joué sur ce contraste : il y a des éléments microscopiques au centre, assez détaillés et énormément d’espace. D’ailleurs, Olivier (Vasseur) a effectué un travail de fou sur le mix pour le rendre extrêmement spacieux, pour créer un univers dans lequel il se passe des choses à gauche, à droite, avec du mouvement, etc. Donc, le travail, en fait, ça a été surtout sur les textures, les espaces qu’on crée : à l’échelle de l’atome et du microscope pour créer des textures accrochantes, microscopiques puis à l’échelle plus vaste pour aller chercher énormément d’espace. Ça reste de la musique instrumentale et on peut en dire ce qu’on veut, mais ça a été mon concept, j’avais certaines intentions. Faire danser, de faire planer, de faire fermer les yeux et de lâcher cinq minutes sa vie. Je sais que c’est une musique niche, mais qui est accessible et qui parle aux gens. Après, je ne me rends pas compte parce que je suis dedans et mes amis n’écoutent pas cette musique-là ; pour autant, ils écoutent ma musique. Alors, est-ce que c’est de l’affect ou est-ce qu’ils aiment réellement ?

M : Est-ce que tu imagines déjà un petit peu la suite ?
PCH : Cette date du pop-up, j’ai (déjà) envie de la rejouer. Et puis je ferai une grosse pause après, tout en ayant déjà commencé à noter pas mal de choses sur ce qui va devenir le projet. Je pense que j’ai atteint un stade de maturité artistique qui me permet d’être peut-être un peu plus rassuré sur ce que j’ai envie de faire. J’ai envie de nouvelles découvertes, de me poser moins de questions et directement de me demander ce que j’ai envie de faire, ce que je peux faire dans mon esthétique, de trouver une réponse à « Qu’est-ce qui fait que je suis Paul CH ? ». Du coup pour la suite, je vais prendre le temps de réfléchir et j’espère que je reviendrais avec de la bonne musique. Évidemment que ces morceaux que j’ai sortis, c’est moi ; mais je pense que je peux aller plus loin.

M : Et pour l’instant, on viendra découvrir ton premier EP le 31 janvier.
PCH : C’est au Pop Up ! du Label, à cinq euros et ça va être une pure soirée. La billetterie est ici : https://link.dice.fm/H79eaf8ab39b?dice_id=H79eaf8ab39b

M : Merci Paul.
PCH : Merci à toi Léola. C’était trop cool cette interview.


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Une réponse à « [INTERVIEW] Rencontre avec PAUL CH, ses inspirations et sa passion pour l’infiniment grand et l’infiniment petit, le tout condensé dans son premier EP, « Dispersion » »

  1. […] label indépendant et français, et tu as probablement déjà du lire mes interviews avec Abran et Paul CH ou encore ma chronique du dernier EP de Lysten. Pour remettre dans le contexte, Abran et Lysten ont […]

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