


Tomasi. C'est un nom qu'on ne présente plus, après l'avoir entendu pour la première fois dans Le Péril Jeune de Cédric Klapisch, film iconique des années 90 avec comme acteur star Romain Duris. C'est également le nom d'un artiste qu'on suit depuis maintenant bien des années, qui sait à chaque fois comme redonner un boost d'énergie, de transpiration, d'émotion et de pogo à cette salle mythique de Pigalle qu'est La Boule Noire. Tomasi, c'est devenu un des artistes avec lequel on aura le plus échangé ces derniers temps, que ce soit avant ou après un concert, autour d'un verre ou encore de manière assez aléatoire dans les rues de la capitale. En mai dernier, il sortait son nouvel EP, Adulescent Fluorescent. Musicaléomentvotre en a profité pour le rencontrer une énième fois ; car à chaque nouveau projet, précède une nouvelle histoire.
C’est l’heure de l’interview.
Musicaléomentvotre : Bonjour Greg, comment tu vas ?
Tomasi : Ça va super, je suis très content. J’ai sorti un disque et ça se passe très bien.
M : A l’heure où on parle nous sommes fin mai, et ça fait déjà presque un mois.
T : Exactement, ça passe vite !
M : Tu peux nous en parler un peu ?
T : C’est un disque qui s’appelle Adulescent Fluorescent, qui est une référence aux Arctic Monkeys évidemment, un de leurs titres que j’écoutais beaucoup adolescent. Le feeling, c’était de faire un vrai retour aux sources de ce qui m’a influencé en termes de son : la pop rock, la chanson… notamment les Arctic Monkeys, The Strokes, les BB Brunes. Je voulais leur rendre hommage ; comme pour mon nom, Tomasi.
M : Tout à fait, on en avait parlé la première fois qu’on s’est vus. Mais quelques personnes ne te connaissent pas encore… tu peux nous parler de ta vie, ton background ?
T : Alors, je suis né un dimanche, je crois que c’était vers 11h30. Je suis Vierge ascendant Sagittaire, même si je ne sais pas ce que ça veut dire. M’enfin, je m’appelle Tomasi, je fais de la chanson un peu rock, pop, un peu de rap (même si c’est moins qu’avant).
M : Et ton nouvel EP est donc sorti le 10 mai dernier. Est-ce qu’on peut revenir un peu sur sa réalisation, sa production ?
T: J’étais très pote avec Ian Caulfield, avec qui il y a un son sur le disque et à un moment je cherchais quelqu’un pour étoffer les productions, lui cherchait quelqu’un pour les clips. Il m’a présenté Alexis Delong et je lui ai présenté Nicolas Garrier. On a fait un switch, pour se retrouver avec la même équipe. Ça a été un coup de foudre artistique avec Alexis, on s’est très vite compris et on a pu aller jusqu’au bout des choses.
On a fait une première grosse résidence en septembre 2020, avec le Covid évidemment donc le disque n’a pas pu sortir, ce qui nous a permis de prendre notre temps. On a fait ce disque trois fois. Un premier jet rap mais qui manquait de guitare, on voulait aller plus loin donc on l’a refait. On a rebossé pendant trois / quatre mois… puis à la fin on avait une veine pop rock qu’on a décidé de suivre.
M : Dans ce disque on retrouve pas mal de feats, passant de Ian Caulfield à Yoa, Trente et Fils Cara !
T : C’est vrai que ça fait beaucoup quatre feats pour huit titres *rires* !

M : Comment ces collaborations se sont créées ?
T : C’était assez drôle parce que j’avais l’envie de faire un disque pop rock, et je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas trop de disques « rock » avec des feats, donc c’était l’occasion. Tout s’est fait naturellement : j’ai de la chance d’avoir des amis assez extraordinaires. À force de passer du temps ensemble, de squatter les sessions studio des uns et des autres, les morceaux sont venus très naturellement. On a fait trois morceaux avec Fils Cara et c’est Comme un Ado qui est sorti, c’était un vrai kiffe d’avoir cette instru et de lâcher des couplets.
M : C’est important pour toi de bosser avec tes amis ?
T : Important je ne sais pas, c’est surtout très naturel car je partage ma vie personnellement avec des gens qui font la même chose que moi ; je trouve ça beaucoup plus fort de le faire ensemble. Ça permet aux gens de découvrir tout le monde, que ce soit Fils Cara ou Trente qui est mon batteur, et présent deux fois sur le disque. C’est devenu important mais ce n’était pas forcément prémédité.
M : Tout s’est fait naturellement.
T : C’est ça, c’est le mot d’ordre.
M : Pendant que tu écrivais trois fois cet EP, tu as aussi travaillé sur d’autres projets, comme celui d’Ojos par exemple. Qu’est-ce que ces « side » projets t’ont apporté ?
T : Ça s’est fait un peu dans le cheminement du travail d’Alexis, qui lui bossait sur le disque de Ian en même temps. On est très souvent ensemble, donc je squattait pas mal les sessions, et à force ça donne des idées. Avec Ojos on passait beaucoup de temps ensemble, Elodie m’a demandé ce que je pensais des textes, et je suis un peu rentré dans le projet comme ça. En parallèle, Yoa est rentrée dans ma vie ; elle m’a fait écouter des chansons, ça devait faire deux / trois ans qu’on était ensemble, et je ne savais même pas ! *rires* Donc on a commencé à faire des prods sur son projet, et c’est parti de là.
M : Justement, tu parles beaucoup de toutes ces personnes qui t’entourent, notamment dans Jaloux. Est-ce qu’on peut être jaloux de ses amis ?
T : Je crois. Ce n’était pas un morceau où en me levant je me suis dit « tiens, faisons quelque-chose sur la jalousie envers ses potes » mais c’était assez automatique jusqu’au moment où je me suis rendu compte que j’étais en train d’écrire que j’étais jaloux d’Hugo (ndlr : Trente). Mais ce n’est pas de l’envie, c’est plutôt le côté admiratif, le fait de les voir rayonner comme on ne se voit jamais rayonner soi-même. Et finalement je pense que ça a donné quelque-chose qui n’est pas forcément trop dit et qui me touche beaucoup. C’est un aveu de faiblesse cool ; j’adore les qualités de mes amis, dont je m’inspire beaucoup et c’est ce que veut dire ce morceau. C’est rare de voir ses amis comme si tu les regardais dans les médias et de se dire qu’ils sont super stylés. J’ai envie de faire ça aussi, je pense que c’est un peu le cas… mais je ne suis pas du tout de ces personnes qui arrivent à se regarder à la troisième personne, tu vois plus tes problèmes que les choses qui marchent réellement dans ta vie. C’était assez cool de faire ce titre.
M : Venons-en à cette question. Adulescent Fluorescent est un disque qui me parait plus introspectif qu’avant, où on peut ressentir une prise de maturité, une liberté de t’exprimer et de dire ce que tu ressens. Est-ce que la musique te sert d’échappatoire ?
T : Ouais, c’est un peu un journal intime ouvert. Il n’y a pas vraiment de choses que je garde pour moi et c’est assez naturel d’écrire comme ça ; je crois qu’il y a un côté cathartique, un peu journal intime mais pas trop impudique. Je mets des limites tout en restant sincère, je pense que c’est un peu ma quête.
Je suis très inspiré par des artistes comme CHATON par exemple, qui est tellement dans la vérité ; je trouve ça tellement beau de dire des choses qu’on n’assume pas vraiment. Il y a une chanson qui parle de sa copine où il dit « Au bord de la piscine devant Tim, tu as enlevé le haut ; je ne sais plus si j’étais furieux ou si ça m’excitait un peu » (ndlr : dans Variation des étoiles 4) : c’est intime mais c’est beau, ce ne sont pas des banalités et ça nous permet de nous rapprocher. J’aimerai essayer de ne jamais être dans la limite du vulgaire ou du provocateur, comme j’étais avant. J’aime bien l’idée de flirter entre cette frontière mince du beau et de l’impudique *rires*.
M : En parlant de la suite, de ta quête de la sincérité dans la musique… si là tu as déjà dit beaucoup de choses dans cet EP, qu’est-ce que tu diras plus tard ?
T : Dans J’ai Plus Peur j’ai un chouya abordé le sujet mais, je me suis rendu compte que je ne faisais plus beaucoup de chansons d’amour et en ce moment ma réflexion se porte beaucoup là-dessus. Tu vois, je suis passé du côté de je suis un artiste à je suis le copain de, j’adore cette position ! Il y a un truc là-dedans qui va toujours avec le côté jalousie, que j’ai vachement envie de transmettre. J’écris un peu dessus en ce moment, toujours avec un ton dérisoire mais toujours dans la bienveillance, en y apportant un côté positif plutôt que négatif.
M : On ne peut s’attendre qu’à du beau pour la suite.
T : Oui, et en même temps c’est marrant car je me suis rendu compte que cette frontière entre l’impudeur et le beau était facilement franchissable. Alors je crois que mon truc c’est d’essayer de la frôler.

M : Et on est déjà en attente ! D’ailleurs, où est-ce qu’on pourra te voir cette année ?
T : Alors, je fais un concert à Bercy Village, ce qui va me donner l’occasion de crier à tout le monde que je fais un BERCY, mais évidemment ça ne sera pas tout à fait pareil, juste dans l’allée, pas si loin…
On va faire une grosse Boule Noire avec Trente le 27 octobre.
M : En famille, donc…
T : Toujours. Et je crois qu’on ne sait pas faire autrement. De toute façon, dès qu’on arrive sur une date de l’un et l’autre on est toujours là *rires*. On est Instagram dans la vraie vie.
Adulescent Fluorescent de Tomasi, disponible depuis le 10 mai.
En concert à La Boule Noire le 27 octobre. En famille.

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