English man d’origine italienne, multi-instrumentaliste et chanteur à la voix pleine de douceur, de sens et de sincérité, je te présente Valerio Lysander.
Découvert il y a un peu plus d’un mois lors d’un concert intimiste pour Sofar Sounds Paris, V. Lysander a su me bercer du début à la fin de sa prestation, entre chanson française, morceaux au piano ou à la guitare accompagné par Max Bandicoot, ou encore avec une reprise de Justin Timberlake.
Dans son dernier album, We Are Like Coloured Moths Towards the Sunlight, sorti l’été dernier, Valerio nous parle de lui, de la vie, de beauté, d’amour, et ça nous fait du bien.
A l’occasion de son passage récent à Paris, V. Lysander a accepté de répondre à quelques questions pour Musicaléomentvotre. Attention, c’est passionnant. Et tout en poésie, sans complexe.
Musicaléomentvotre : Qui es-tu, d’où viens-tu ?
Valerio Lysander : Je suis Valerio Lysander, être humain, bon ami, penseur, polyglotte, buddhist et chanteur / compositeur de musique baroque pop. Je suis né près de Rome en Italie, mais j’ai vécu à Londres en Angleterre pendant les dernières 6 années. On dirait que j’ai copié ça de mon profil Tinder !
M : Depuis quand et comment es-tu tombé dans la musique ? Peux-tu nous expliquer ton parcours musical ?
V.L : La musique est tombée sur moi depuis le berceau. Mes parents étaient musiciens (ma mère jouait de la flûte et mon père du saxophone) et chanteurs, et ils faisaient partie de la fanfare de ma ville. Mais en fait, je n’ai commencé à prendre la musique au sérieux que plus tard dans ma vie, bien que j’ai toujours chanté dans ma chambre pour plaisir. J’ai commencé à jouer de la guitare à 14 ans. Puis à 15 ans, j’ai pris mes premiers cours de piano et de chant et j’ai commencé mes premiers concerts.
M : Comment décrirais-tu ta musique à quelqu’un qui te connais pas ? Quelles sont alors, tes inspirations et influences ?
V.L : Mon genre s’appelle Baroque Pop, qui serait de la pop et du folk avec des contaminations de la musique classique, surtout du point de vue des instruments et de la voix. Beaucoup de mes influences majeures peuvent être comprises dans ce genre, des artistes tels Sufjan Stevens, Regina Spektor, Fiona Apple, Tori Amos, Chris Garneau et L’Aura. Mais j’ai toujours écouté des genres différents, et en fait quand j’ai commencé à chanter, je voulais faire quelque chose de semblable à Christina Aguilera. Ma voix était très soul et R&B. Mais la découverte de Chris Garneau, un artiste franco-américain, et de son style très intimiste m’a permit d’explorer des tonalités de ma voix qui étaient plus douces et gentilles. Maintenant je finis par utiliser toutes les nuances de cette gamme qui commence avec la fierté des reines du pop et finit avec la dépression des compositeurs folk.
M : Tu es italien, mais tu chantes principalement en anglais, parfois en français. Qu’est-ce qui t’as fait faire ce choix de langue ?
V.L : La réponse que j’aurai donnée il y a quelques années est que j’ai toujours écouté de la musique en anglais et que mon oreille était habituée à cette langue, donc quand j’ai commencé à écrire des chansons, l’anglais était plus naturel pour moi. En fait, je trouve qu’écrire en italien est beaucoup plus difficile qu’en anglais. Les mots sont plus longs et les syllabes ont des accents qui doivent être respectés dans la métrique musicale. En plus, j’aime apprendre et parler d’autres langues et j’ai un diplôme universitaire en français et chinois (je parle couramment du portugais et espagnol aussi, et un peu de hongrois), donc j’aime bien chanter en français et essayer d’écrire des chansons françaises pour cette raison.
Mais la réponse que je donnerai est que je pense que ce rejet de ma langue maternelle et de ma patrie pendant mon adolescence venaient d’une faible estime de soi que j’ai amélioré pendant les dernières années, et ça m’a permis de tomber amoureux avec l’Italie et l’italien à nouveau. En fait j’ai commencé à écrire beaucoup plus de chansons en italien que j’espère partager avec vous bientôt !
M : As-tu toujours voulu être dans le monde de la musique ? Comment cette passion est venue à toi ?
V.L : Quand j’étais enfant, je voulais être danseur de ballet, mais un garçon qui danse n’était pas une chose très acceptée dans une petite ville en Italie dans les années 90, donc je n’ai pas pu poursuivre cette vocation comme je voulais. Pourtant, l’art et la musique ont toujours coulé dans mes veines. Avec une famille très musicale, ça s’est passé naturellement. J’ai continué à danser et chanter dans ma petite chambre à coucher, et j’ai toujours aimé écouter de la musique, jusqu’à 14 ans : j’ai pris une guitare dans mes mains et j’ai commencé à jouer mes chansons préférées, en plus ma mère me donnait des petites leçons des piano. L’année suivante, j’ai commencé des cours de chant et de guitare dans l’école de musique de ma ville.
M : Ton album « We Are Like Coloured Moths Towards the Sunlight » est sorti l’été dernier. Peux-tu nous parler de l’ambiance générale de celui-ci, et des messages que tu souhaites faire passer à travers les 13 titres ?
V.L : J’ai toujours été fasciné par l’image des papillons de nuit qui brûlent leurs ailes au feu à cause de leur amour pour la lumière, la passion et l’accomplissement, des choses qui cachent des luttes douloureuses. Partant de cette idée, j’ai assemblé mon album en choisissant des chansons qui représentent cette métaphore avec des points de vue différents. Chaque morceau de l’album représente toutes ces lumières différentes qui nous attirent, les batailles et les chagrins avec lesquels nous devons faire face pour atteindre le bonheur, que cela soit le fait de nous retrouver dans une carrière, dans une relation, dans notre propre individualité ou dans une société.
M : Ta chanson « If you were me you would be », qui est probablement une des plus connues, parle de la difficulté rencontrée par le début de carrière des artistes émergents. Comment as-tu fais personnellement pour réussir à lancer ta propre carrière ?
Lorsque l’on choisit de poursuivre une carrière dans la musique, on doit accepter l’idée qu’au début ce ne sera pas facile, surtout dans l’univers pop. J’ai fais beaucoup de boulots différents. J’ai été serveur, professeur de langues, traducteur, j’ai travaillé dans le secteur du tourisme… Tout ça pendant que je faisais de la musique dans mon “temps libre”. J’ai tout fait avec beaucoup d’humilité et de flexibilité. Deux ans plus tard, j’ai réalisé que je passais la majeure partie de mon temps à joindre les deux bouts et que ce n’était pas la raison pour laquelle j’avais déménagé à Londres.
Je n’avais pas laissé ma famille et mes amis pour quelques petits boulots et pour gagner un peu d’argent pour survivre. Nous avons juste une vie (peut-être) et nous ne pouvons pas la vivre sans essayer de faire le plus possible pour réaliser ce que nous voulons. J’ai donc décidé que j’allais tout changer. J’avais économisé un peu, et avec un acte de foi énorme, j’ai quitté mon emploi à temps plein et j’ai décidé que j’allais vivre uniquement de la musique. C’était il y a trois ans. Depuis, je vis seulement de musique, entre concerts, droits d’auteur, cours de chant et activités de promotion. Je dois remercier le Valerio de 2016 d’avoir pris cette décision courageuse.
M : En attendant, on peut dire que tu as réussis à te faire un nom, la preuve notamment avec Sofar Sounds où tu es passé à plusieurs reprises.
Comment c’était, la toute première fois ? Et à Paris il y a environ un mois ? Tu observes probablement un changement ?
V.L : Ah ! Sofar est certainement un concert tout différent qui a quelque-chose de magique. Le premier que j’ai joué c’était il y a deux ans à Edinburgh, dans la cantine d’un bâtiment plein de studios d’art. 200 personnes assises pour entendre de la musique qu’ils n’avaient jamais entendu avant, le froid d’Ecosse et la chaleur des cœurs. En plus, le team Sofar d’Edinburgh était gentille et professionnelle ; ils avaient crée l’atmosphère parfaite pour le public et les artistes. Clairement une belle introduction à Sofar !
La chose intéressante qui rend Sofar spécial, est que ce n’est jamais la même chose et toujours, à la fin du concert, je me retrouve à penser que cette fois là était le concert plus beau de ma vie. Mais la réalité est qu’ils ont tous été parfaits, y compris celui de Paris !
M : Dans le cas de Sofar, j’aimerais connaitre la relation que tu as avec le public.
V.L : L’absence de micros, le public assis par terre… ça me permet de jouer mes chansons comme elles ont été crées, de les chanter avec ma voix pure, sans la médiation d’une sono. C’est comme les inviter dans ma petite chambre et me libérer de mes barrières. Il y a une relation très spéciale et intime, plus directe eyt personnelle. Et c’est comme ça que ça me plait !
M : Penses-tu qu’à notre époque il est important, voire même nécessaire de sortir du streaming et d’aller écouter en vrai et de façon très intime, des artistes qu’on connait déjà, ou alors pas du tout ?
V.L : Je suis un fan de la musique live. Oui, Spotify donne l’accès à un monde entier de musique, les possibilités sont infinies, mais voir la musique fleurir grâce à des mains humaines, en temps réel, c’est autre chose. Les émotions des artistes peuvent être communiquées, tant par les notes, que par les mouvements, les expressions, les dynamiques des volumes. Et en plus, le concert live permet à l’artiste de communiquer avec le public entre les chansons, en expliquant parfois la signification d’une chanson ou des anecdotes liées à sa musique. Parfois, ça peut aussi ajouter des nuances intéressantes à la musique.
M : Comment, selon toi, la musique rapproche les gens et adoucit les mœurs ?
V.L : La science ne l’a peut-être pas encore expliqué, donc ça reste un peu mystique, mais c’est évident que la musique peut dépasser les limites du langage. Elle peut toucher même sans mots. Quand on chante avec quelqu’un, on dirait que les esprits sont en communion, pas besoin de parler. Pour cette raison, elle a un pouvoir très puissant et en tant que musiciens, on a une responsabilité de l’utiliser consciemment. Je pense qu’on aurait besoin de plus de musique qui apporte des messages positifs et édifiants. Je ne veux pas dire que on n’a pas besoin de Rihanna. Tout le monde a besoin de se libérer quelque fois et de danser au rythme du beat sans penser aux paroles. Toute la musique a sa raison d’être, mais je trouve que dans cet océan de chansons d’amour, ça ferait du bien d’avoir plus de musique qui parle d’autres sentiments aussi.
M : Nous arrivons à la fin de l’interview donc, je voulais savoir quels étaient tes projets futurs et quand est-ce que nous pourrions te revoir ?
V. L : Je suis en train d’enregistrer un nouvel EP et ça prend tout mon temps maintenant ! Ce sera une petite collection de chansons liées a ma mère, qui est décédée il y deux ans. Beaucoup de ce que je suis comme musicien (et être humain) je le lui dois, donc j’avais besoin de lui dédier un petit cadeau musical qu’elle aurait beaucoup aimé. Le premier single de l’EP devrait sortir cet été, avec une vidéo.
En plus, je reviendrais à Paris bientôt, je suis en train de trouver des dates possibles pour retourner chez Sofar Sounds, et j’espère te revoir là-bas !
Je ne connaissais pas du tout cet artiste et je viens de tomber amoureuse en écoutant « Cry me a river ». Merci pour l’interview, j’ai hâte d’écouter le reste maintenant ahah
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Ravie que ce que fait Valerio te plaise! Tu verras, ses titres sont si beaux et agréables à écouter! Tu m’en diras des nouvelles 🙂
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J’ai adoré la chanson « Comme une rivière », elle est si apaisante!
Je m’en vais écouter ce que ce Valerio fait d’autre.
Merci.
Louise
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Super que Valerio te plaise!
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